Des organisations belges sur la liste des clients dérobée chez Clearview AI

Els Bellens

Des départements de police et de pouvoirs publics belges négocieraient avec Clearview AI, la startup de reconnaissance faciale controversée. Voilà ce qui ressort de la liste de log-ins ayant pris la clé des champs de l’entreprise.

Clearview AI développe un logiciel de reconnaissance faciale qui permet aux clients de comparer une image avec… 3 milliards de photos que la jeune pousse a collectées sur internet. Hier, l’entreprise a dû admettre que sa base de données de clients avait été piratée et que sa liste de clients notamment avait été volée.

Entre-temps, Buzzfeed News sort un rapport sur la liste de log-ins de l’entreprise. Il s’agit ici de clients avec qui l’entreprise a conclu des contrats, mais aussi d’utilisateurs, qui ont eu accès à des ‘trial accounts’. Ce sont là des comptes d’essai permettant aux clients d’effectuer gratuitement des commandes de recherche pendant trente jours. Parmi les utilisateurs qui se sont connectées à l’appli, on trouve, selon le site d’actualité, des corps de police ou des instances publiques en Belgique et dans d’autres pays européens et internationaux. L’Australie, le Brésil, le Canada, le Danemark, la Finlande, la France, l’Irlande, l’Inde, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, le Portugal, l’Espagne, la Suède, la Suisse et la Grande-Bretagne entre autres sont cités. Interpol aurait également utilisé une version d’essai de l’appli, même si le service de police international déclare ne pas l’avoir converti en un abonnement payant.

Pour ce qui est des organisations belges, on ne sait pour le moment pas de quels corps de police et de services publics il s’agit, et/ou s’il est question d’un abonnement payant ou d’un collaborateur ayant testé un abonnement d’essai.

‘Crawler’

La reconnaissance faciale automatique est particulièrement sensible, parce que le sujet évoque des problèmes de confidentialité et des questions de parti pris. Clearview AI est en outre une entreprise controversée, parce qu’elle s’est constituée une base de données de 3 milliards de photos sans l’autorisation des personnes représentées sur celles-ci. La banque d’images est le résultat d’une collecte quasiment complète sur les médias sociaux. Les photos proviennent notamment de Twitter, Facebook et Google. Ces géants technologiques ont déjà fait parvenir à l’entreprise une requête judiciaire la sommant d’arrêter sa pratique, parce que ce ‘crawler’ (aspirateur) automatique enfreint leurs conditions.

Clearview AI conditionne ces images avec toutes les données qu’elle trouve par ailleurs dans une appli qui permet à ses utilisateurs de comparer une photo avec la base de données complète, afin d’identifier quelqu’un. La jeune pousse a déclaré à plusieurs reprises qu’elle travaille exclusivement avec des services publics et qu’elle se focalise sur l’Amérique du Nord. Du rapport publié par Buzzfeed, il apparaît à présent qu’elle fournit non seulement son logiciel ou des versions d’essai à des organisations internationales, dont l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, mais que son logiciel a aussi été utilisé par des chaînes de vente au détail telles Walmart, ainsi que par des banques et des casinos.

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