Des lobbyistes de la Silicon Valley prennent Bruxelles pour cible

L'Union européenne © Reuters

Des géants technologiques de la Silicon Valley sont en train d’augmenter à un rythme soutenu leurs dépenses de lobbying au sein de l’UE. Ces trois dernières années, des entreprises telles Facebook, eBay et Netflix ont en effet amplifié de pas moins de 278 pour cent le montant consacré au travail de lobbying. Voilà ce qui ressort d’un rapport de Transparency International.

De ce rapport, il apparaît que Google est le numéro un absolu en la matière. Ses dépenses en lobbying ont crû de 240 pour cent depuis 2014 pour atteindre un total de 4,25 millions d’euros. Facebook et Cisco se partagent la deuxième place avec chacune un budget lobbying d’1 million d’euros par an. En tout, l’ensemble des entreprises de la Silicon Valley dépensera cette année 13,6 millions d’euros en activités de lobbying, ce qui est encore relativement modeste à l’échelle du pays, puisque les cinq plus importantes entreprises technologiques des Etats-Unis ont l’année dernière encore investi 44,6 millions d’euros dans le travail de lobbying.

Au sein de l’UE, une technique souvent utilisée par Google et Uber consiste à recourir à des ex-fonctionnaires de celle-ci à des fins de lobbying. Quatre des sept lobbyistes qui travaillent pour Google, ont ainsi été directement recrutés au Parlement européen. Et chaque lobbyiste engagé par Uber possède de l’expérience dans les institutions de l’UE. En mai 2016, le service de taxi a encore fait appel à l’ex-commissaire européenne Neelie Kroes pour la placer à la présidence d’un important comité consultatif au sein de l’entreprise.

Selon Transparency International, l’approche des entreprises technologiques américaines semble aussi porter ses fruits. Sur le plan du marché uniforme numérique et de l’économie digitale, 82 pour cent des réunions au sein de la Commission européenne concernent des entreprises et des associations professionnelles. Seuls huit pour cent des réunions concernent des ONG. Les entreprises paraissent avoir compris qu’elles doivent au préalable acquérir l’influence nécessaie, afin d’éviter ensuite des problèmes et des procès.

Des géants technologiques sont plusieurs fois déjà entrés en conflit avec la Commission européenne. Microsoft, par exemple, a dû verser une amende de 561 millions d’euros, parce qu’elle ne présenta pas pendant un an aux utilisateurs un écran de sélection de navigateurs et ce, contrairement aux accords conclus avec la Commission. De son côté, Intel se vit en 2009 infliger une amende d’1 milliard d’euros pour abus de pouvoir. Quant à Apple, elle décida en décembre dernier de faire appel d’une sentence de versement de 13 milliards d’euros d’arriérés d’impôts qu’elle refuse de verser en Irlande.

L’UE est aussi occupée à introduire une nouvelle législation numérique portant tant sur le bridage des incitations à la haine sur les médias sociaux que sur le manque de transparence des résultats de recherche en ligne. Toutes des choses pour lesquelles des entreprises telles Facebook ou Google veulent sans aucun doute jeter tout leur poids dans la balance.

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