Des hauts potentiels et des hauts talons

“It’s about time that we explore what includes women in the ICT field and stop focusing on what excludes them.” Dixit Knut Holtan Sørensen, chercheur norvégien au Department of Interdisciplinary Studies of Culture de la Norwegian University of Science and Technology (NTNU), auteur de “Technologies of Inclusion: Gender in the Information Society”.

“It’s about time that we explore what includes women in the ICT field and stop focusing on what excludes them.” Dixit Knut Holtan Sørensen, chercheur norvégien au Department of Interdisciplinary Studies of Culture de la Norwegian University of Science and Technology (NTNU), auteur de “Technologies of Inclusion: Gender in the Information Society”.

Il y a de ces certitudes. L’une d’elles veut que l’ICT se distingue sur la liste des professions recherchées. Le nombre de places vacantes dans le secteur a été récemment évalué à 9.600 par Agoria. L’arrivée de jeunes dans les orientations ICT est manifestement beaucoup trop faible (Data News a calculé qu’il y avait eu une baisse de 6% lors de l’année scolaire passée). Les formations techniques rebutent surtout les filles.

Nous entendons et lisons cela depuis des années déjà. Plusieurs campagnes de sensibilisation bien intentionnées – tant de la part du gouvernement que des initiatives privées – n’ont guère modifié la situation, et il n’y a provisoirement aucun signe d’amélioration.

Voilà pour l’analyse, mais qu’en est-il de la solution? En ma qualité d’ICT woman of the year 2012, je suis évidemment préoccupée par cette problématique. D’où ces quelques observations. Toutes les campagnes de sensibilisation étaient jusqu’à présent liées au sexe, parce qu’elles se basaient toujours sur la distinction faite entre les hommes et les femmes. Les femmes ne choisiraient pas l’ICT, parce qu’elles n’y seraient pas familiarisées dès leur plus jeune âge, qu’elles considéreraient les ordinateurs comme quelque chose de réservé aux “nerds”, qu’elles reculeraient surtout devant les bastions ICT masculins et qu’elles opteraient de préférence pour des professions plus valorisantes pour elles.

Je suis d’accord avec le professeur Sørensen quand il dit qu’il est temps de changer d’approche. Je vois nombre de jeunes femmes ne plus considérer l’ICT comme une menace, mais comme une opportunité. L’ICT a pris un rôle important dans leur vie quotidienne. Elles exploitent la technologie pour communiquer via les réseaux sociaux, pour s’informer, s’amuser et s’organiser. Le smartphone, la tablette et l’ordinateur portable font partie de leurs attributs journaliers.

Je veux être un modèle pour ces jeunes femmes. Je souhaite encore amplifier l’enthousiasme chez les jeunes filles/femmes pour les nouvelles applications ICT. Je veux leur expliquer que la technologie peut parfaitement se combiner à la mode, au cinéma et à la musique par exemple, et qu’elle ne doit plus être perçue comme “quelque chose qui soit réservé aux technophiles”. Que la technologie engendre des progrès fondamentaux dans un grand nombre de problématiques sociales, comme les soins de santé, le vieillissement et la mobilité. Que la technologie fait intrinsèquement partie de notre vie de tous les jours, qu’elle est partout.

L’ICT concerne en effet essentiellement la communication, le travail en équipe, la créativité et l’augmentation de l’efficience.

Les femmes doivent aussi être bien récompensées de choisir le secteur ICT. Un bon salaire, un environnement de travail dynamique et de la flexibilité par exemple. Les emplois ICT peuvent leur assurer un haut degré de sécurité financière.

Bien sûr que les hommes et les femmes sont différents. Heureusement d’ailleurs. C’est précisément là l’aspect enrichissant. Tant les hommes que les femmes disposent de compétences uniques. Il est du devoir de chaque dirigeant dans le secteur IT de veiller à ce que leur équipe puisse exploiter pleinement cette complémentarité entre talents féminins et masculins. Les femmes voient les choses d’une autre manière. Elles ont par exemple plutôt une vision d’ensemble et recherchent plus souvent un consensus. Cette complémentarité génère non seulement de meilleurs résultats (d’exploitation), mais c’est pour moi aussi le fondement même d’une politique de diversité réussie.

Sorensen le décrit comme suit: “Sometimes it can be smart to ‘forget’ gender.” Je suis entièrement d’accord avec lui. Nous devons arrêter de penser en fonction du sexe, arrêter de banaliser des idées préconçues qui sont depuis longtemps déjà dépassées. Car que le personnel vienne travailler en cravate ou en hauts talons, cela fait longtemps que cela n’a plus d’importance pour les “hauts potentiels”.

Martine Tempels Martine Tempels est ICT Woman of the Year 2012.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire