Des firmes technologiques: ‘Dis l’Europe, ne renonce pas au cryptage’

Pieterjan Van Leemputten

Dans une lettre ouverte, huit firmes technologiques européennes demandent à ce que l’Europe rejette le projet de mettre fin à la communication sécurisée. Elles y indiquent que cela n’est pas un remède contre la terreur ou la pédopornographie.

La lettre ouverte souligne que l’Europe est respectée au niveau mondial en raison de ses lois strictes en matière de respect de la vie privée, telles le GDPR. Mais il existe un projet en vue de contourner la communication cryptée, afin de pouvoir scanner les messages pour y rechercher du contenu illégal. Dans la pratique, il est souvent fait référence à des terroristes ou à des pédophiles utilisant des applis de clavardage cryptées.

La lettre ouverte, provenant de Tutanota, Boxcryptor, Cryptomator, Mailbox.org, mail.de, Mailfence, Praxonomy et Tresorit, avertit que ce genre de projet nuira à l’autonomie européenne, mais aussi à nos idéaux en matière de liberté d’expression et de protection de la confidentialité. Les entreprises européennes perdront ainsi aussi l’avantage de leur réputation qu’elles doivent au bon traitement des données confidentielles.

‘La communication sécurisée est essentielle pour vivre dans notre société. La confidentialité d’un médecin ou les relations entre un avocat et son client par exemple sont des droits précieux incommensurables. Mais comment ces professions doivent-elles garder leur caractère secret, s’il n’est pas possible de sécurité leur communication?’, peut-on encore lire dans la lettre.

Cela n’empêche pas le terrorisme

Un important argument contenu dans la lettre est que la suppression du cryptage, ne serait-ce que pour les services de police, n’empêchera pas les délits. Les auteurs de la lettre y indiquent qu’une interdiction du cryptage n’empêchera pas les criminels de mettre en place entre eux leur propre service crypté.

‘C’est la majorité des individus utilisant des réseaux publics qui sera réellement impactée par cette initiative de l’UE et qui perdra son droit à une communication confidentielle’, affirment les auteurs de la lettre

En même temps, le scannage des messages générera des risques supplémentaires. Et la lettre de citer l’exemple de photos de nu que les gens s’échangent sur base d’une autorisation réciproque. Si ces photos pouvaient être visionnées par les services de police, il en résulterait de nouveaux risques et de violation du respect de la vie privée.

Les auteurs de la lettre ajoutent que cela n’évitera en rien le terrorisme. Et de faire référence à un article paru dans la revue Der Spiegel, qui passait en revue 24 terroristes impliqués dans 13 attentats en Europe. Tous étaient déjà connus des autorités. ‘L’efficience de la surveillance de masse pour résoudre des affaires criminelles n’est pas démontrée’, peut-on encore lire.

Cela n’empêche pas non plus la pédopornographie

Enfin, la lettre ouverte présente l’argument selon lequel la surveillance de masse n’est pas non plus une bonne chose dans la lutte contre la pédopornographie. Elle signale que submerger les autorités d’un nombre infiniment grand d’entretiens ou d’images ne les aidera pas à découvrir plus rapidement les abus. Et d’ajouter que la plupart de ces abus ont lieu dans le cercle familial et qu’il est donc peut-être davantage nécessaire d’en débattre plus souvent que de contrôler de facto chaque Européen.

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