Découvrez tout ce que Google a fait de travers cette année

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Pieterjan Van Leemputten

Contrairement à Facebook, Google n’a pas connu une année 2018 trop agitée. Il n’empêche que le géant a vécu quand même quelques moments délicats, quoique moins mémorables.

Google fête cette année ses vingt ans d’existence. En l’espace de deux décennies, l’entreprise est passée du statut de moteur de recherche de pages web à celui de principal système d’application pour smartphone, de plus grande plate-forme vidéo, de navigateur le plus populaire, de plate-forme publicitaire numéro un, de développeur de (logiciels intégrés à) voitures autonomes, etc., etc.

Mais la voie du succès est aussi parsemée d’obstacles. Loin de nous de prétendre ici que Google (ou plus exactement sa société-mère Alphabet) n’a fait que du négatif en 2018, mais même avec vingt années d’expérience au compteur, l’entreprise réalise parfois des choses qui laissent pantois le reste du monde.

Tout comme dans notre article consacré à Facebook, il n’est pas forcément question de choses qui se sont passées uniquement cette année, mais qui se sont révélées ou qui ont eu une suite en 2018.

Google+

Découvrez tout ce que Google a fait de travers cette année
© REUTERS/Beck Diefenbach

Cet automne, l’entreprise a annoncé qu’en raison d’une fuite de données dans le réseau social Google+, des renseignements concernant un demi-million d’utilisateurs ont été rendus publics. Comme ce concurrent de Facebook n’a jamais vraiment percé, Google avait dans un premier temps décidé d’y renoncer d’ici août 2019 et ce, même si la version professionnelle continuera, elle, d’exister.

Mais une nouvelle fuite décelée en décembre a libéré les données de 52,2 millions d’utilisateurs, ce qui a finalement incité l’entreprise à arrêter le service en avril 2019, soit quatre mois plus tôt que prévu.

Abus sexuels

Google et sa société-mère Alphabet se qualifient volontiers de lieu de travail des plus agréables. Cette image a été écornée, après qu’AFP ait dévoilé que l’entreprise avait ces deux dernières années licencié pas moins de 48 personnes, dont treize hauts responsables, pour intimidation sexuelle.

Le fait que Google ait viré des collaborateurs aux mains lestes, n’est pas le problème numéro un, mais bien que certains directeurs aient obtenu quand même une très royale indemnité de départ. C’est ainsi qu’Andy Rubin, l’homme à l’initiative d’Android, aurait à l’occasion de son départ en 2014 obtenu un parachute doré d’un montant de 90 millions de dollars. De même, les relations extraconjugales entretenues par certains dirigeants, dont le cofondateur Sergei Brin, avec du personnel subalterne, constituent un mauvais signal, selon certain(e)s employé(e)s.

Ce mécontentement a conduit en octobre à une protestation des membres du personnel, qui a eu pour effet de voir le CEO de Google, Sundar Pichai, présenter ses excuses et de promettre davantage de soutien et de transparence aux victimes.

La protestation et le traitement pour le moins léger des écarts de conduite susmentionnés ne sont pas les seules difficultés en matière de relations hommes-femmes dans l’entreprise. Durant l’été déjà, des actionnaires posèrent la question de savoir si Google en fait vraiment assez pour amener des femmes à occuper des positions plus en vue et pour les rétribuer de la même façon que les hommes.

Dans les produits de Google, des chercheurs brésiliens ont observé que Google Translate opère de manière sexiste du fait que ce service traduit souvent certaines professions ou fonctions dans une forme masculine, alors que les traductions liées à tout ce qui est ‘séduisant’ ou ‘joli’ prennent plutôt une connotation féminine. L’entreprise a bien reçu le message et déclare entre-temps travailler sur des traductions de variantes tant féminines que masculines.

Amende de l’Europe

Margrethe Vestager
Margrethe Vestager© AFP

En juin, Google s’est vu infliger une amende de 4,3 milliards d’euros de la part de la Commission européenne pour avoir abusé avec Android de sa position sur le marché. Par l’intermédiaire du système d’exploitation, l’entreprise contraint en effet les utilisateurs à recourir à Chrome et à Google Search, ce qui est interdit. Google sait aujourd’hui pourtant de quel bois se chauffe l’Europe, puisqu’un an plus tôt, elle avait déjà dû verser 2,4 milliards d’euros pour avoir avantagé certains résultats de shopping auprès des utilisateurs.

Cela n’a guère plus à Sundar Pichai, qui parla d’un signal inquiétant. Il n’a pas démenti que tout cela faisait partie du modèle commercial de son entreprise, mais il apporta la nuance, selon laquelle il y a suffisamment de choix sur le marché. Indirectement, il suggéra également qu’Android ne sera à terme peut-être plus gratuit en Europe. Et on observa dès l’automne que les fabricants de téléphones pouvaient installer Android sans Chrome ou sans le moteur de recherche de Google, mais devaient alors verser un supplément.

Découvrez aussi l’analyse de notre correspondante aux Etats-Unis, Eva Schram: ‘Google tente de faire comme si Android était une sorte de projet de bienfaisance

En 2019 aussi, les relations entre Google et l’Europe resteront fraîches, puisqu’à propos d’Adsense, une enquête est momentanément en cours, mais qui se termine, alors même qu’une nouvelle pré-enquête débute, cette fois à propos de la position du moteur de recherche même face aux services concurrents.

Aux Etats-Unis, on cible entre-temps aussi une réglementation plus stricte. Les politiciens planchent en effet sur des initiatives en vue de renforcer la législation sur les données. Tout comme pour Facebook, le CEO de Google, Sundar Pichai a dû ce mois-ci venir remettre des documents et donner des explications au congrès américain.

Belgique

Chez nous, Google est surtout montrée du doigt pour procéder à du dumping social via ses sous-traitants. En février, l’entreprise avait annoncé la construction d’un troisième centre de données dans notre pays, un projet qui promettait la création de 1.200 emplois (surtout dans la réalisation du centre de données).

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© Image Globe / BENOIT DOPPAGNE

Mais ce ne sont pas là nécessairement tous des emplois légaux. Fin novembre, l’inspection sociale a constaté que sur le chantier, 105 ouvriers travaillaient illégalement. C’était déjà le deuxième contrôle durant lequel des infractions à la législation sociale ont été observées.

Google même renvoie à son sous-traitant ISG et exige de celui-ci qu’il respecte les règles locales. On soupçonne qu’il y a eu quelque part une erreur de communication entre le commanditaire et l’exécutant du travail, car deux semaines plus tard, lors d’un troisième contrôle, 227 ouvriers illégaux furent de nouveau découverts par l’auditorat du travail.

Chine

La plupart des services de Google sont depuis 2010 bloqués en Chine, parce que le géant des recherches refusait de censurer ses résultats. La direction de Google sembla progressivement faire marche arrière, mais la voici à présent qui change de nouveau d’avis.

Cet été en effet, elle annonça le projet Dragonfly, à savoir une version censurée de Google (appli incluse) qui se trouverait sur la table des autorités chinoises. L’objectif de Google? Présenter des publicités au 1,4 milliard de Chinois, un énorme marché qui intéresse au plus haut point l’entreprise.

Ce changement de cap a cependant provoqué pas mal d’insatisfaction parmi le personnel de Google, à tel point que le CEO Sundar Pichai a fait savoir en interne que le moteur de recherche censuré n’était pas prévu dans l’immédiat. Précédemment déjà, des collaborateurs de Google avaient aussi protesté contre la collaboration entre l’entreprise et le Pentagone, à la suite de quoi Google ne renouvela pas cet accord.

En octobre, Pichai tint aussi des commentaires publics sur Dragonfly. Il insista sur le fait qu’il s’agissait d’une expérience. Entre-temps, ce projet serait mis au frigo.

YouTube

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© REUTERS

Pour YouTube, il n’y eut cette année guère de tumulte. Fin 2017, la plate-forme vidéo fut cependant mise en cause, parce que des enfants pouvaient accéder à des vidéos incongrues. Malgré un travail de modération supplémentaire, il s’avéra en février de cette année, que le problème n’était pas encore tout à fait résolu. En avril, on reprocha cette fois au site de tenir à jour des données d’enfants de moins de 13 ans, dans le but de leur envoyer des messages publicitaires.

En général, le tumulte resta cependant en grande partie limité à l’une ou l’autre interférence ou blocage occasionnels.

Ces derniers mois, YouTube (et sa société-mère Google) a mené une solide campagne contre l’article 13 de la nouvelle loi européenne sur les droits d’auteur. L’entreprise considère comme financièrement impossible que du contenu piraté doive être mis hors ligne.

Erreurs, bugs et suivi

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Même si Google recense cette année moins de scandales de confidentialité que Facebook, l’entreprise a parfois aussi dérapé. On a ainsi appris que Google vous suit encore à la trace, après que vous ayez désactivé cette option. Son concurrent DuckDuckGo affirme même que Google continue de vous suivre, lorsque vous êtes déconnecté ou que vous surfez en mode incognito.

Chrome demeure une préoccupation pour les activistes en confidentialité, car le navigateur connecte aussi les utilisateurs, même sans qu’ils le voient de manière explicite. En novembre, Facebook dut réparer une fuite causée par une faille dans Chrome.

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