Close the Gap lance son deuxième Digitruck

Le Digitruck est un conteneur sur roues faisant office de salle de cours et disposant de 14 ordinateurs de bureau pour autant d'élèves. © CTG
Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Close the Gap vient de mettre en service un nouveau Digitruck en Afrique du Sud, dans le cadre du projet local Brothers for All.

Le Digitruck est un conteneur sur roues faisant office de salle de cours et disposant de 14 ordinateurs de bureau pour autant d'élèves.
Le Digitruck est un conteneur sur roues faisant office de salle de cours et disposant de 14 ordinateurs de bureau pour autant d’élèves.© CTG

Installé au Cap, ce Digitruck a été officiellement inauguré par l’évêque sud-africain Desmond Tutu en personne. Une inauguration qui a marqué le point d’orgue d’un voyage d’immersion organisé par Close the Gap pour des chefs d’entreprise belges et néerlandais ainsi que leurs enfants.

Close the Gap est une organisation sans but lucratif belge qui collecte des ordinateurs usagés (sur une base de donation) auprès d’entreprises européennes avant de les nettoyer et, si nécessaire, de les réparer, d’y installer des logiciels bon marché et de les proposer ensuite à des écoles et institutions de soins dans des pays en développement. Et notamment donc au Cap. Financé par Deloitte, le Digitruck permet à des projets de ne pas se limiter à quelques m2 de locaux. “Un tel Digitruck est un conteneur de classe sur roues entièrement équipé et qui permet de proposer des cours d’informatique dans des zones rurales puisque l’on n’est plus limité à un bâtiment physique”, explique Olivier Vanden Eynde, fondateur et directeur général de Close the Gap.

Close the Gap lance son deuxième Digitruck

Ce Digitruck du Cap comprend 14 ordinateurs de bureau et peut accueillir autant d’élèves pour y suivre des cours. L’entreprise sud-africaine Brothers for All va désormais l’utiliser pour permettre à des jeunes des zones plus rurales autour du Cap de se familiariser avec les ordinateurs, la technologie et l’Internet. Brother for All est une initiative particulièrement noble et inspirante qui entend sortir les jeunes du chômage, de la pauvreté et de la criminalité en leur apprenant à maîtriser l’informatique, à programmer et à entreprendre. Le petit local de formation étouffant est synonyme d’espoir dans un milieu où la criminalité paie mieux que les rares emplois disponibles et où les jeunes semblent irrémédiablement aspirés par cette spirale négative. Le taux de récidive de 90 % montre toute la difficulté de s’extraire de cette spirale.

L’Afrique du Sud a besoin d’au moins 30.000 développeurs de logiciels. C’est pourquoi j’ai appris les langages de programmation dans ma cellule.

Nous sommes à Langa, le plus ancien township noir du Cap, où le taux de chômage des 8.000 habitants dépasse largement les 80 % et où la délinquance règne en maître. “Quand j’avais 19 ans, j’ai été arrêté. Je suis resté 11 ans en prison”, explique Sihle Tshabalala en guide de confession face à ce public attentif de chefs d’entreprise et d’enfants. C’est lui qui fondera Brothers for All au départ de sa cellule. “J’avais le choix : soit reprendre ma vie d’avant au terme de ma peine et retomber certainement dans mes travers, soit essayer de faire quelque chose de ma vie, poursuit Tshabalala qui bénéficie désormais d’un sursis de 2 ans sur parole. Que faut-il à présent que j’apprenne pour trouver du travail à la sortie de prison ?, se demanda-t-il 5 ans avant sa libération. Programmer et devenir entrepreneur furent les réponses qui lui vinrent à l’esprit. “L’Afrique du Sud a besoin d’au moins 30.000 développeurs de logiciels. C’est pourquoi j’ai appris les langages de programmation dans ma cellule pour pouvoir me lancer par la suite dans le développement Web, Java ou les applis mobiles notamment”, ajoute notre homme qui maîtrise désormais 4 langages de programmation. Des langages qu’il a appris seul par Internet, derrière les barreaux.

Saisir sa chance

Son envie d’entreprendre l’a incité à transmettre son savoir et à vouloir venir en aide à l’ensemble du township de Langa. “I’m in the business of selling hope”, lance-t-il sur le ton de l’humour, même si son message est plus sérieux. “Nous sommes confrontés à énormément de décrochage scolaire, plus de 400.000 jeunes. La plupart n’a pas de diplôme. Mais mon but est de leur montrer qu’il y a de l’espoir. Qu’il est possible de devenir développeur de logiciels, qu’il faut pouvoir saisir sa chance.” De son côté, Close the Gap leur vient en aide en mettant à leur disposition des ordinateurs reliés à l’Internet.

Close the Gap lance son deuxième Digitruck

Brothers for All propose des formations, notamment sur le fonctionnement d’un ordinateur, mais aussi sur des concepts tels que le cloud. Récemment, un partenariat a été conclu avec Adobe qui permet de se familiariser avec la suite CS avant d’obtenir la certification nécessaire. L’apprentissage de la programmation fait également partie de l’offre, de même que l’entreprenariat. “Ce sont des valeurs que nous transmettons aussi aux jeunes. Ils ne peuvent rien attendre des pouvoirs publics qui ne vont jamais tout solutionner. C’est aux jeunes eux-mêmes à prendre leur sort en mains”, déclare encore Tshabalala qui considère qu’il a réussi à saisir sa chance et à se lancer. “En prison, j’avais commencé un petit commerce pour faire de la contrebande de nourriture fast food de KFC ou de marijuana notamment. J’avais 4 ‘salariés’. En fait, c’est en prison que j’ai appris à nouer des contacts, à prendre des risques et à me lancer seul. N’est-ce pas finalement ce qui caractérise un entrepreneur ?”, sourit-il alors que nous n’arrêtons pas de nous essuyer le front en sueur. “Quelque 60 étudiants ont déjà suivi une formation dans ce local. Mais comme vous le voyez, il fait mortellement chaud. Le nouveau Digitruck a l’air conditionné et nous allons donc effectuer une partie des formations dans ce conteneur.”

La notion d”espoir’ est également un message fort qui transparaît dans la session de questions-réponses avec l’archevêque Tutu ou encore lors des discussions menées dans le cadre des programmes de voyage spécifiques. L’espoir d’une vie meilleure pour la population locale. L’espoir que des choses sont possibles. L’espoir que des jeunes décrochent un véritable boulot et que la technologie leur vienne en aide. C’est ce que nous leur souhaitons…

Tessa lance un blog

Etaient du voyage au départ de la Belgique notamment Saska Van Uffelen (CEO Belux d’Ericsson) et sa fille Yara, de même que Marc De Keersmaecker (CEO de RealDolmen) et sa fille Tessa. RealDolmen est depuis 2014 partenaire stratégique de Close the Gap. Tessa a même joué les reporters sur place et a ouvert un blog pour consigner certaines de ses expériences. Le moment le plus impressionnant pour Tessa a été sa rencontre en tête à tête avec Desmond Tutu, de même que lorsqu’elle a constaté par elle-même que les ordinateurs donnés faisaient effectivement la différence, ce qui l’a fortement marquée. Les blogs de Tessa sont toujours disponibles (en néerlandais).

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