Chronique d’un échec annoncé

Voici un an, Data News évoquait le rachat par le consortium formé de Fortis, RBS (Royal Bank of Scotland) et Santander de la néerlandaise ABN Amro pour pas moins de 71 milliards $.

Avec la perspective de réaliser de sérieuses économies, notamment au niveau informatique. A l’époque en effet, les dirigeants de Fortis faisaient part de leur intention de “saisir les opportunités de créer plus de valeur économique par la mise en commun de certaines plates-formes.”

D’aucuns s’aventuraient même à citer des chiffres. Ainsi, des “synergies” annuelles de 1,3 milliard EUR pourraient être dégagées dès 2010, en coupant notamment dans les départements informatique et télécoms qui devaient supporter 17% de l’ensemble des économies. De même, la direction expliquait que “une plate-forme informatique commune permettrait une économie annuelle de 11% sur le budget informatique global.”

Pourtant, certaines voix s’élevaient pour crier au casse-cou. Ainsi, le consultant néerlandais Constable Research BV (qui avait été impliqué dans la fusion entre ABN et Amro en ’92), n’aurait pas misé un euro sur la réussite de l’opération. Outre le choc des cultures, il évoquait surtout, au plan des infrastructures IT, les problèmes de conversion de programmes (dont beaucoup écrits en Cobol) et de concordance entre les formats de données. Sans oublier l’aspect externalisation. Car l’informatique d’ABN-Amro est largement externalisée à des fournisseurs tels qu’IBM, Accenture, Verizon, Avaya, TCS et Infosys. A l’époque, Constable Research avait recommandé d’abandonner une infrastructure informatique et de ne convertir que les seules données.

Entre-temps, Fortis s’est activée à intégrer les activités “Private Clients” et “Asset Management” acquises aux Pays-Bas. Ainsi, la société a présenté en début d’année à la banque centrale néerlandaise DNB et aux autorités de la Commission européenne un plan détaillé d’intégration, notamment au niveau IT. Et dès avril, le transfert et l’intégration d’ABN Amro Asset Management au sein de Fortis a débuté, l’objectif étant une intégration complète pour la fin 2008 ou le début 2009. Tandis qu’en juillet, Deutsche Bank reprenait une partie des activités de commercial banking d’ABN Amro aux Pays-Bas. A l’époque, Jean-Paul Votron, CEO de Fortis Group déclarait que “nous allons à présent pouvoir procéder à l’intégration des activités acquises selon le calendrier fixé et entamer la mise en oeuvre des synergies identifiées.”

Certes, il est trop tôt pour se prononcer sur l’évolution du dossier, et encore moins sur ses implications sur l’informatique. Reste un constat: que d’énergie – sans doute – perdue dans ces projets d’intégration IT. Le dicton populaire s’applique plus que jamais: “Faire et défaire, c’est toujours travailler…” Car la concurrence, elle, avance.

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