Pieterjan Van Leemputten

Cher Jean-Marie Dedecker, faites donc grand cas de la proposition de loi que d’autres partis se refusent de voir

Le parlementaire Dedecker est la personne la mieux placée pour faire ce que souligne l’aboyeur Dedecker’, écrit Pieterjan Van Leemputten, journaliste de Datanews. ‘Vous critiquez vivement le fait qu’un débat ne soit pas organisé à propos de la puissance et de la propension à la censure de Facebook. Et bien rendez-vous donc utile.’

Les opinions de Dedecker font parfois penser à la série The Crown de Netflix. Elles s’inspirent de la réalité, mais pour l’une ou l’autre raison dramatique, elles prennent quelque liberté avec les faits. Celle qui nous occupe ici, n’est pas un contrôle de fait étoffé, car cela rendrait le texte trop long. Non, il s’agit surtout d’un vibrant appel lancé à Jean-Marie Dedecker pour qu’il fasse son travail: déposer la proposition de loi que beaucoup d’autres partis préfèrent ne pas voir.

Cher Jean-Marie Dedecker, faites donc grand cas de la proposition de loi que d’autres parties refusent de voir.

Il faut quelque peu faire le tri dans le radotage de notre homme. C’est qu’il confond moisissure et virus, qu’il a encore son mot à dire (bien que cela ne soit pas une argumentation) à propos de Père Fouettard, du politiquement correct et qu’après chaque propos à moitié fondé, il y va d’une envolée lyrique qui ne se justifie aucunement. On passera aussi sous silence le fait qu’il compare la collecte d’informations de Facebook à la Stasi, et c’est sans parler de ses nombreuses errances.

Mais si cela ne suffit pas, vous constaterez que Dedecker cite deux points pertinents: d’abord que Facebook permet aux annonceurs de nous profiler de manière très ciblée et ensuite que la semaine dernière encore, plusieurs politiciens voulaient s’attaquer aux ‘fake news’ (fausses nouvelles), voire que des parlementaires répandant des affirmations factices soient sanctionnés.

Limitez les publicités Facebook

Cher monsieur Dedecker, cher parlementaire, à vous de donner le bon exemple. Au lieu d’exprimer votre mécontentement dans le magazine Knack.be, je propose que vous déposiez la proposition de loi restreignant ce que les politiciens et leur parti peuvent insérer sur les médias sociaux. Un montant limité par mois, par personne et par an et sans micro-ciblage.

Vous n’avez rien à perdre à vous hausser du col et à demander au Parlement de rendre transparentes les dépenses consenties sur les médias sociaux et de les limiter radicalement

Vous priverez ainsi Facebook d’une partie de ses rentrées (des millions d’euros rien qu’en Belgique). Mais vous éviterez aussi que des parlementaires puissent envoyer à des groupes très spécifiques de citoyens des messages à l’insu du grand public. Et surtout: il y aura ainsi également moins d’argent des contribuables qui prendra la direction d’une multinationale étrangère qui paie à peine des impôts dans ce pays.

(L’idée ci-dessus n’est du reste pas la mienne. Elle a été il y a quelques jours suggérée sur Twitter par le chercheur IT Jeroen Baert, mais après avoir lu votre opinion, je pense que vous êtes la personne qu’il faut pour la mettre réellement en pratique.)

Je m’adresse tout spécialement à vous, parce que vous êtes la personne qu’il faut pour le faire. De bonne source, j’ai appris que vous alliez bientôt vous retirer du Parlement. Vous figuriez il est vrai sur une liste N-VA, alors que êtes en principe indépendant de tout parti.

Faites-le pour nous, pour vous et pour l’argent des contribuables!

Vous n’avez rien à perdre à vous hausser du col et à demander au Parlement de rendre transparentes les dépenses consenties sur les médias sociaux et de les limiter radicalement. C’est là une proposition pour laquelle vous pouvez compter sur le soutien de la population, mais probablement pas des politiciens qui aiment exploiter en long et en large le collecteur d’informations de Zuckerberg.

Vous deviendrez ainsi peut-être le plus utile des parlementaires de cette législature. Faites-nous plaisir en assénant un sacré coup à cette machine publicitaire malfaisante. Et vous clôturerez ainsi votre carrière parlementaire par un coup d’éclat que ne pourra profiter qu’à la démocratie. Faites-le pour nous, pour vous et pour l’argent des contribuables!

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