Frederik De Bosschere
Chassez Musk de votre diète médiatique
Vraiment éprouvant le jeu interminable joué par Elon Musk avec Twitter. Jusqu’à ce que la transaction soit finalement entérinée. Si le personnage ne laissait déjà pas indifférent, personne ne savait encore clairement ce qui allait se passer.
Des choses totalement prévisibles pourtant. Comme limoger la direction: pas vraiment inhabituel et inattendu. Comme faire grand cas de la vérification: on le savait aussi étant donné le rôle central dévolu aux spambots dans la débâcle du rachat. Comme effectuer des licenciements: pas non plus anormal, puisque Twitter est encore et toujours plongée dans le rouge, et que même des firmes technologiques à succès doivent aujourd’hui se séparer d’une partie de leur personnel.
Mais la façon de faire a quand même dépassé les pires attentes. (Et comme Elon Musk est un troll narcissique, elles étaient pourtant grandes chez votre serviteur.)
C’est ainsi que depuis son ‘coup’, Musk est devenu directeur à lui tout seul, avec, dans l’ombre, quand même son ‘frère d’armes’ (Jason Calacanis) et son ‘argentier’ (Jared Birchall). Même si Elon en a le droit, puisqu’il est le nouveau propriétaire.
Sa principale vision provisoire en termes de produits? Faire payer les gens pour la petite coche bleue, précédemment le privilège de gens connus et de journalistes, mais désormais un privilège revenant à 8 dollars par mois. Même si chaque utilisateur actif de Twitter s’en acquittait, cela ne serait encore qu’une goutte d’eau dans la mer. Mais la question qui se pose surtout, est de savoir si l’expérience Twitter s’en trouverait améliorée.
Parce qu’il faut qu’elle s’améliore. En vue d’atteindre davantage de personnes… et d’engranger ainsi plus de rentrées. Malgré son discours emphatique sur la liberté d’expression, Elon Musk essaie par tous les moyens disponibles de convaincre les publicitaires que Twitter n’est pas un… trou à rats. Il essaie, parce qu’entre-temps, de grands annonceurs ont déjà déserté la plate-forme. Personne n’aime en effet d’être livré aux caprices de l’empereur.
Demandez donc aux employés de Twitter ce qu’ils en pensent. Du moins à ceux qui restent, car vendredi passé, ce fut le jour du jugement dernier.
Répétons-le: vouloir réhabiliter Twitter est une bonne chose. Disposer d’un puissant CEO aussi. Mais que penser de se séparer de milliers de personnes d’un simple courriel? (Surtout d’employés qui s’étaient montrés critiques à l’égard du nouveau chef.)
Même pour Elon Musk, c’est le creux de la vague. (Surtout du fait que les coupes effectuées sont d’autant plus sombres que monsieur a accumulé un énorme endettement en payant trop pour racheter cette entreprise: en quelque sorte un achat impulsif quoi!)
Au fil de cette saga, Musk s’est montré narcissique et instable. Ce n’est pas nouveau. Mais il apparut aussi méchamment impréparé et malhabile. Sans la moindre stratégie. Et ça, c’est nouveau. Une tendance qu’il poursuit en tant que nouveau CEO.
De même d’ailleurs que la tendance Chief Bullebak.
Impossible de prédire ce qu’il adviendra de Twitter. (Qui est du reste capable de faire des prévisions à propos des médias sociaux?) En ce qui me concerne, j’espère que l’ère post-Musk a sonné. Qu’on ne va pas laisser cet homme continuer d’absorber tout l’oxygène qui nous entoure.
L’homme qui a fait du véhicule électrique une réalité. L’homme qui a permis au monde de rêver de nouveau d’aventure spatiale. Cet homme-là aurait pu être un bon modèle à suivre.
Malheureusement, il est devenu le modèle à ne pas suivre.
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