Cela chauffe côté SMS à la table des négociations du Val Duchesse…

L’on assiste aux premières négociations gouvernementales, où le GSM joue un rôle aussi décisif, à en croire le directeur du magazine flamand Knack, Rik van Cauwelaert.

L’on assiste aux premières négociations gouvernementales, où le GSM joue un rôle aussi décisif, à en croire le directeur du magazine flamand [Knack], Rik van Cauwelaert.

Les SMS s’invitent en masse à la table des négociations du Val Duchesse. Sous l’oeil du formateur Yves Leterme, les négociateurs envoient en effet par SMS des suggestions, questions et remarques à leurs collègues de l’autre côté de la table. Les SMS s’échangent aussi entre les délégations et leurs spécialistes dans des groupes de travail occupant des pièces attenantes, et d’autres encore prennent la direction de conseillers, d’organisations patronales, de syndicats, d’experts financiers et de services d’étude de tous genres à l’extérieur. Et tout ce beau monde de répercuter à son tour les messages vers des correspondants ‘amis’ qui expliquent alors avec beaucoup d’assurance dans leurs journaux ce qui se manigance à Val Duchesse.

Ce sont donc les premières négociations gouvernementales au cours desquelles le GSM joue un rôle décisif. Les libéraux francophones du MR et les représentants de l’Open VLD communiquent en permanence car tant les uns que les autres croient encore que les chrétiens-démocrates flamands peuvent se détacher de leurs partenaires nationalistes flamands du N-VA.

Et comme il faudra probablement trouver aussi une majorité des deux tiers pour une réforme de l’Etat, les contacts par SMS avec les socialistes sont maintenus, surtout avec le PS d’Elio Di Rupo. Au SP.A, la situation est si confuse qu’à tout hasard, l’on a opté pour une liaison par SMS avec Johan Vande Lanotte. Il ne sera vraiment question de crise que quand l’on expédiera aussi des SMS à la vice-présidente du SP.A, Caroline Gennez.

Ce qui s’avère plus important encore, mais surtout gênant pour le formateur Yves Leterme – lui-même pourtant un utilisateur de SMS de niveau olympique -, ce sont les messages expédiés aux journalistes qui font le pied de grue aux grilles de Val Duchesse, et qui concernent généralement de légers changements de position, concessions ou de simples niaiseries d’opposants.

Les participants aux délibérations de formation ne se gênent parfois pas pour… arranger quelque peu la réalité à leur manière, voire pour suggérer des questions qu’un journaliste à la grille pourrait poser à un co-négociateur quelque peu récalcitrant.

La confusion qui régna, il y a quelques jours, à propos de l’existence ou non d’un accord de principe en matière d’une réduction d’impôts – aussitôt démenti par la présidente du CDH, Joëlle Milquet – était due à un feu nourri de SMS libéraux. Et l’incident concernant la SNCB de ce lundi était du même ordre.

Tout ce déchaînement de SMS est une illustration de la méfiance existant entre les différents négociateurs au Val Duchesse, ce qui a des conséquences funestes sur le déroulement des débats de formation. Provisoirement, aucun des participants n’ose envisager un compromis car toute concession est aussitôt connue par tout le monde et donc aussi par les électeurs, et ce avant même qu’il soit question d’un accord global. Et comme l’ombre des prochaines élections régionales de 2009 plane fortement sur les négociations, personne ne veut être le premier à quitter sa tranchée. “A peine aurais-je déboutonné mon col que de l’autre côté de la table, l’on enverrait aussitôt tous azimuts des SMS affirmant que je me suis déculotté”, soupire l’un des négociateurs. “Par conséquent, je garde mon col parfaitement boutonné…”

Ces négociations par SMS ont assurément comme conséquence que l’incompréhension des Francophones vis-à-vis des propositions flamandes d’une révision de la Constitution est toujours aussi forte. Voilà ce qu’on peut déduire de la suggestion faite par le constitutionnaliste du CDH, Francis Delpérée, lors de la discussion de la proposition flamande visant à séparer l’arrondissement judiciaire de Bruxelles-Halle-Vilvorde, d’installer au Brabant flamand un certain nombre d’antennes de justice en langue française pour les Francophones qui y habitent. Lorsque l’un des négociateurs fit observer sournoisement que des Francophones habitent également à Gand et Anvers, l’ironie de cette remarque sembla échapper complètement à Delpérée.

Pour les négociateurs flamands, l’attitude francophone est attribuée à l’échange permanent de SMS avec les médias, surtout avec la RTBF, qui soutiennent unanimement le front du refus formé par le MR-FDF et le CDH.

Les négociations de formation du gouvernement ne débuteront donc peut-être vraiment que le jour où le formateur Leterme obligera ses invités au Val Duchesse de laisser aux grilles d’entrée les GSM, Blackberry et autres appareils du genre.

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