Qui gérera les mainframes de demain ?

IBM z13 mainframe. © IBM
Els Bellens

Les rumeurs sur la mort du mainframe sont largement exagérées. Pour preuve, la HoGent a lancé voici quelque temps une spécialisation ‘Mainframe Expert’ visant à aider les organisations qui recherchent désespérémentun programme Cobol.

Si leur disparition était déjà annoncée au début des années 1990, les mainframes restent populaires dans les grandes organisations comme les banques qui traitent des volumes très spécifiques et sécurisés.
« Les organisations ont besoin de cette puissance de traitement supplémentaire pour traiter un nombre toujours plus élevé de transactions, analyse Frank Van der Wal, Technical leader chez IBM z-Systems. Par ailleurs, on voit émerger une demande d’appliquer l’intelligence artificielle sur les transactions par exemple pour détecter les fraudes. »

Le défi principal à cet égard consiste surtout, plus encore qu’ailleurs dans l’IT, à trouver les compétences adéquates. « Voici 15 ans, les entreprises se sont tournées vers nous pour demander des profils ayant de l’expérience du mainframe et nous ont demandé d’y apporter une réponse, ajoute Leendert Blondeel, professeur d’informatique à la HoGent. C’est pourquoi nous proposons désormais une formation en mainframes. » L’école supérieure est ainsi l’un des rares en Europe à répondre à la pénurie d’experts formés en mainframe. Le cours est d’ailleurs soutenu avec enthousiasme par des entreprises partenaires. « Nous utilisons notamment le ‘work based learning’ où les étudiants peuvent suivre des stages et des formations en entreprise. Entre-temps, il existe une liste d’attente d’entreprises désireuses de collaborer avec nous », confie Blondeel.

Démythifier

Reste à savoir combien d’étudiants sont aujourd’hui encore familiarisés avec le concept. « Les étudiants connaissent certes le mainframe, mais il faut leur en expliquer les principes, ajoute Blondeel. Les mainframes font rarement la une de la presse, notamment parce qu’ils ne tombent jamais en panne. Ils se retrouvent au plus profond du ‘backend’ de l’entreprise et les collaborateurs ne sont que rarement en contact avec eux. » Et d’ajouter que le consommateur moyen utilise souvent des processus qui tournent sur le mainframe, mais ceux-ci viennent en arrière-plan d’applis ou de logiciels bancaires. « Nous devons dès lors leur expliquer ce que cela signifie dans la vie courante ou dans l’économie. Une fois qu’ils ont compris, ils sont souvent très intéressés », dixit Blondeel.

Les mainframes font rarement la une de la presse, notamment parce qu’ils ne tombent jamais en panne

Mais soyons honnête : si vous êtes passionné par la conception d’applis, il ne s’agit sans doute pas de la formation que vous choisirez. Car effectivement, le Cobol reste très spécifique, tout en étant le langage de programmation par excellence pour le mainframe. « Pourtant, le Cobol est un langage comme un autre, soutient Blondeel. Ils connaissent déjà toute une série d’autres langages de programmation et le Cobol n’est pas vraiment différent. Une fois que vous avez pris la décision de choisir le mainframe, vous savez que votre expertise sera fort demandée. »

Docker sur le mainframe

IBM, le principal constructeur de mainframes, se plaît à souligner que ses machines évoluent avec leur temps. C’est ainsi que l’on voit désormais apparaître des initiatives visant notamment à faire tourner le langage Python sur un mainframe ou d’exploiter des conteneurs Docker. « De même, Java est disponible depuis 20 ans déjà, souligne Frank Van der Wal. Cobol est le ‘go to’ vers la plateforme, mais nous planchons par exemple sur une solution visant à convertir ce langage vers un langage davantage basé Java grâce à l’IA. Lorsque l’on parle avec des étudiants, ceux-ci évoquent d’emblée les terminaux classiques à base de caractères, mais il est maintenant possible de développer avec des outils contemporains. Ce code réside aussi sur une plateforme Github. D’ailleurs, nous constatons que dans les organisations qui considèrent le Cobol comme stratégique, les développeurs utilisent un jour le Cobol et le lendemain Java ou Python. Tant que le processus de développement reste identique, il n’y a aucun problème. »

Quelle est dès lors la cible ? « Dans un premier temps, les étudiants qui sont intéressés par le ‘back-end’, les données, l’IA ou une combinaison de ceux-ci », précise encore Blondeel. Comme les mainframes sont surtout utilisés par des multinationales, les étudiants seront presque automatiquement engagés par de telles organisations. « Souvent, ils désirent un emploi plus passionnant, avec davantage de perspectives de carrière. Mais ils peuvent faire valoir une compétence unique », conclut Blondeel.

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