Brian Duffy: ‘Notre succès dépend clairement de celui de l’écosystème’

Brian Duffy, président EMEA North © SAP
Marc Husquinet Rédacteur de Data News

Mainframe, client/serveur puis désormais cloud : le progiciel intégré de SAP a toujours suivi les tendances de l’informatique. Avec une offre toujours plus étendue, parfois par rachats. Et désormais une priorité mise sur l’expérience utilisateur. Rencontre avec le président EMEA North, Brian Duffy.

Vous avez toujours suivi les évolutions technologiques en matière de plateformes depuis l’époque du mainframe avec R/2 ?

Brian Duffy : SAP a toujours été clair envers ses clients en suivant leurs demandes et leurs besoins. Nous sommes une société ‘customer centric’ en termes de marché, de support et développement. D’ailleurs, nos différents rachats s’inscrivent dans cette stratégie. Et avec Qualtrics, nous nous adressons même désormais aux clients de nos clients.

A ce propos, vous avez acquis de nombreuses sociétés au fil du temps. Quelle est la clé de la réussite de leur intégration ?

Brian Duffy : Qu’il s’agisse de Business Objects, Sybase, SuccessFactors, Ariba, Concur ou tout récemment Qualtrics par exemple, SAP cherche toujours conserver l’ADN et l’IP (intellectual property) de ces sociétés, contrairement à ce que font nombre de nos concurrents. Chaque société reste séparée et devient un pilier de l’ensemble SAP. Nous essayons de conserver la direction, de même que les équipes de vente et de développement, avec notamment désormais une structure Cloud Business Group pour le cloud qui opère de manière différente par rapport à la structure on-premise.

Vous êtes l’une des rares sociétés européennes leader du marché en informatique. Comment l’expliquez-vous ?

Brian Duffy : Certes, nous sommes d’origine européenne, mais nous évoluons toujours plus vers une société internationale, notamment au niveau du comité de direction, tout en gardant notre ADN allemand, à savoir ‘exécuter extrêmement bien’. D’ailleurs, l’innovation dans le groupe provient de différents centres R&D installés dans le monde, des centres qui fonctionnent en étroite collaboration avec le client. Car c’est le client qui initie l’innovation, où qu’il se trouve.

La politique de licences a parfois posé problème. Qu’en est-il ?

Brian Duffy : Certes, le sujet a été suscité beaucoup de presse, mais notre priorité a toujours été de supporter les clients, de les écouter et de régler les problèmes avec eux. Nous avons toujours été transparents vis-à-vis du client, tout en étant à l’écoute.

SAP a toujours privilégié son écosystème. Comment se construit-il ?

Brian Duffy : Notre succès dépend clairement de celui de l’écosystème. Nous collaborons avec différents types de partenaires et veillons à ce qu’ils évoluent avec nous. C’est ainsi que dans le cloud, nous travaillons désormais avec les ‘hyperscalers’ : Google, AWS et Microsoft Azure et même Alibaba en Chine. Nos clients ont toujours été très clairs sur les bénéfices métier qu’ils espèrent retirer de la migration vers le cloud. C’est pourquoi nous avons conclu des partenariats de services stratégiques avec ces ‘hyperscalers’. SAP recommande la plateforme, le logiciel, les services et l’infrastructure, de même que l”hyperscaler’ et le prestataire de services privilégiés. Ce faisant, le client bénéficie de délais de négociations plus courts, d’équipes plus alignées et travaillant plus rapidement, ainsi que d’une implémentation dont les risques sont maîtrisés.

Vers où évolue désormais SAP ?

Brian Duffy : SAP a annoncé en novembre dernier l’acquisition de Qualtrics, une société spécialisée en enquêtes et en recherches [montrant du rachat : 8 milliards $, il s’agit du second plus important rachat d’une société SaaS depuis la reprise de Netsuite par Oracle pour 9,3 milliards $ en 2016, NDLR]. SAP entre ainsi, ou plutôt crée, un tout nouveau segment de marché et qui sera le plus important du marché, celui de la gestion de l’expérience utilisateur et client ainsi que de la marque et du produit. L’objectif est de combiner les données opérationnelles de SAP avec les données des utilisateurs et des clients. Ce rachat nous permet d’occuper désormais une position unique sur le marché puisque nous estimons que les logiciels CRM tels que Salesforce vont disparaître à terme. Nos clients veulent désormais connaître leurs clients et leurs collaborateurs afin de leur proposer des expériences de meilleure qualité et davantage personnalisées. Être plus proche du business du client est aussi une priorité pour nous. Par ailleurs, nous investissons massivement dans les nouveaux domaines comme l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine.

Les délais d’implémentation de SAP ont parfois été pointées du doigt. Qu’en est-il ?

Brian Duffy : Grâce au cloud, le déploiement de SAP est désormais nettement plus rapide. Savez-vous qu’il est possible d’installer un ERP dans le cloud en 4 mois à peine. Par ailleurs, grâce à SAP R/4 Hana, les structures de bases de données sont nettement simplifiées, et donc de proposer des implémentations davantage sur-mesure.

Comment voyez-vous SAP dans 20 ans ?

Brian Duffy : SAP va bien évidemment continuer à évoluer vers le cloud et à développer son coeur de produit. D’ailleurs, nous continuons à croître et l’ambition est de doubler notre capitalisation de marché pour passer à 250, voire 300 milliards $ d’ici 2023. J’ajoute que Qualtrics va redéfinir l”IT delivery’ et va modifier complètement les règles du jeu sur le marché de l’informatique cloud.

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