Bosch et IBM recherchent conjointement des applications en matière d’informatique quantique

Dr. Stefan Hartung (Bosch). © PVL
Pieterjan Van Leemputten

Bosch et IBM vont collaborer dans le domaine de l’informatique quantique. Il s’agit certes encore d’une approche très précoce, mais les deux entreprises envisagent des atouts dans une expertise en informatique quantique d’IBM et dans les simulations et applications là où Bosch est active.

‘Cela prendra du temps’, reconnaît immédiatement le président de Bosch, Stefan Hartung. ‘Mais une fois les choses en place, on brassera des milliards.’ IBM annonce depuis belle lurette déjà consentir des efforts en informatique quantique, et Bosch est l’acteur qui dispose des applications pratiques en la matière.

‘Nous sommes deux entreprises différentes: IBM avec son matériel et sa recherche, et Bosch en quête de solutions spécifiques dans des domaines de pointe pour notre avenir. Mais c’est encore tôt: un ordinateur quantique occupe aujourd’hui toute une pièce et ne se glisse donc pas encore dans la poche de votre pantalon’, relativise Hartung.

Le géant industriel allemand envisage des possibilités pour le futur: ‘Nous devons consommer moins d’énergie, utiliser l’hydrogène de manière optimale, mais aussi développer de meilleurs moteurs à aimants. Or ces aimants se composent de métaux rares. Avec l’informatique quantique, nous espérons pouvoir procéder à des simulations qui nous apprendront à être moins dépendants de ces matières premières, ou à pouvoir les remplacer par d’autres matériaux et, partant, à rendre nos produits à la fois meilleurs et plus abordables’, explique Thomas Kropf, responsable corporate R&D chez Bosch.

La recherche sur la maladie d’Alzheimer est un autre exemple intéressant. La détection d’ondes cérébrales de la manière la plus précise possible pourrait permettre d’aider à détecter les affections du cerveau, mais pour y arriver, il convient de disposer d’appareils à aimants aussi fins et efficients que possible. Ce n’est évidemment pas encore pour tout de suite, mais les ambitions sont bien là. Bosch reste sobre en la matière: très ambitieuse et concentrée, mais sans prétendre que la collaboration annoncée dégage aujourd’hui déjà des solutions prêtes à l’emploi.

‘Encore de grandes étapes à franchir’

La raison de se pencher sur l’informatique quantique est que les (super) ordinateurs classiques ont atteint leurs limites. Mais en même temps, Bosch tempère aussi les attentes: il est question d’une recherche avec des objectifs bien réels, mais les applications concrètes, elles, sont encore loin. ‘Il reste encore de grandes étapes à franchir, mais nous voulons agir maintenant, car le monde est proche de grandes percées et une fois qu’on y sera, l’informatique quantique changera nos vies à tous points de vue. Espérons que cela arrivera au cours de notre génération, mais en tout cas certainement dans la suivante.

Bosch n’est-elle pas simplement une cliente IBM plutôt qu’une partenaire? L’entreprise le dément fortement. ‘IBM ne procède pas à des simulations matérielles. Nous, nous savons comment effectuer des simulations et comment améliorer les produits en fonction des résultats obtenus. Par contre, IBM sait comment construire des ordinateurs’, explique Hartung à Data News.

‘C’est bien plus que d’être un client d’IBM’, ajoute Kropf. ‘Nous construisons un écosystème commun: nous programmons un ordinateur quantique de manière différente, nous examinons les optimisations matérielles, comment passer du code à la compilation. Toutes des choses qui sont encore loin d’être matures.’

Bosch ne révèle pas combien d’argent sera investi dans la collaboration avec IBM. Mais l’entreprise souligne que ce n’est pas non plus l’objectif principal. Kropf: ‘Nous voulons surtout réunir les meilleurs éléments des deux entreprises pour réaliser quelque chose de phénoménal. Nous n’allons pas seulement construire dix ordinateurs quantiques, mais à long terme, nous fabriquerons par exemple des capteurs quantiques.’ ‘Il ne s’agit pas seulement de mettre de l’argent sur la table, d’autres le font déjà’, ajoute subtilement Hartung.

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