
La Wallonie se dote d’un centre de cybersécurité ultra-moderne

Le pôle spatial et cyber Galaxia de Redu/Transinne en province de Luxembourg accueille désormais un centre de cybesécurité de pointe comprenant un laboratoire de cryptographie quantique et un cyber range avec simulateur de crise. Ce centre permettra aux entreprises et organismes publics wallons de renforcer leur cybersécurité et leur résilience.
Pour les entreprises, la cybersécurité est sans conteste l’une des priorités actuelles majeures. De plus, la législation NIS2 entrée en vigueur en octobre dernier oblige les entreprises à renforcer les mesures de cybersécurité ainsi que la gestion des incidents et les organismes publics à coordonner leurs politique de cybersécurité.
Bref, il est indispensable pour les organisations de se préparer et de résister à toute cyberattaque, de même que de se former face aux menaces sécuritaires. C’est dans cette optique que l’intercommunale de la Province de Luxembourg Idelux a mis sur pied un centre de cybersécurité sur le site de Redu/Transinne, déjà réputé pour accueillir notamment l’ESA (Agence spatiale européenne).
Cyber range
Mis en place avec la firme belge Nexova, spécialisée en solutions d’ingénierie et de cybersécurité, le cyber range est une plateforme qui fournit aux organisations des scénarios d’attaque et de défense réalistes, et offre ainsi au personnel une expérience pratique en cas d’attaque (simulée), notamment dans le cadre de NIS2. De même, ce cyber range propose une capacité à tester et mettre en œuvre de nouvelles défenses, sans devoir passer par une architecture en situation réelle.
Il s’agit donc d’une plateforme d’émulation permettant de comprendre le comportement des systèmes de défense internes, d’anticiper les problèmes, de tester les correctifs et mises à jour, de déployer des scénarios d’attaque et de défense, ainsi que de proposer des exercices et formations pratiques. « Il faut savoir que 80% à 90% des cyberattaques sont d’origine humaine ou liées à des perturbations dans l’environnement humain », précise Axel Legay, expert en IA et cybersécurité, et senior security expert chez Nexova.
Pour ce faire, Nexova a développé l’outil CITEF capable de créer une émulation réaliste de l’environnement IT et OT d’une organisation, avec environnement de formation et de test et génération de scénarios d’entraînement personnalisés basés sur l’IA.

Labo de cryptographie quantique
Parallèlement, et dans le cadre d’un partenariat avec Thales, le site de Redu/Transinne vient d’inaugurer un laboratoire de cryptographie quantique. « Aujourd’hui, les organisations chiffrent certes leurs données, mais avec l’arrivée de l’ordinateur quantique, il sera possible de tout déchiffrer », explique Gilles Brassard, cryptographe canadien co-inventeur en 1984 du premier protocole de cryptographie quantique BB84.
Ce laboratoire offre un espace dédié aux chercheurs, ingénieurs et experts pour développer des solutions novatrices de sécurisation des communications numériques en exploitant les concepts de la physique quantique. Ce labo permettra de construire le réseau d’information du futur et de garantir la sécurisation de bout en bout des communications. D’ores et déjà, Starion Group, spécialisée en ingénierie spatiale, s’est montrée intéressée à participer au projet pour étudier la sécurisation des données satellitaires et mettre au point un bouclier quantique pour protéger les systèmes d’échange de données.
« L’arrivée demain de l’ordinateur quantique permettra de déjouer n’importe quelle sécurité puisque toutes les communications transmises et cryptées pourront être décryptées », a ainsi estimé Gilles Brassard. « Et l’internet sera alors un livre ouvert. Il nous appartient désormais de sauver le futur avec une nouvelle infrastructure de sécurité quantique. Et ce labo pourra être l’un des nœuds essentiels pour protéger complètement non seulement les infrastructures de nos organisations, mais demain aussi des individus. »
Nous reviendrons dans notre prochaine édition papier sur l’importance de ce labo de cryptographie quantique avec une interview de Bernard Brassard.
Écosystème
Fruit d’un investissement de 10 millions d’euros dans le cadre du Plan de Relance de la Wallonie, ce projet bénéfice en outre de la proximité du Centre européen de sécurité et d’éducation spatiale (ESEC) qui se profile comme un centre de référence en matière de cybersécurité. Pour atteindre cet objectif, l’ESA assumera un rôle de catalyseur des intérêts dans ce domaine, l’objectif étant que le centre de référence soit piloté par l’industrie.
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