Bart Becks

Bart Becks – L’innovation a-t-elle besoin du marketing? Ou est-ce l’inverse?

Bart Becks Bart Becks est co-fondateur de SonicAngel.com, FilmAngel.TV et Angel.ME. En outre, Becks est président du conseil d'administration de l'IBBT et administrateur de RMB/RTBf. De plus, Bart est/a été impliqué dans un certain nombre de startups, telles Storify, Netlog, Mobile Vikings, Zamante et InThePocket. Précédemment, il fut CEO de Belgacom Skynet et Vicepresident Innovation & New Media du groupe de médias paneuropéen SBS/ProSiebenSat1.

Il y a quelques semaines, j’ai eu un entretien avec Roeland Byl, un journaliste de Trends. Le magazine m’avait en effet nominé au titre de marketing manager de l’année 2012.

Il y a quelques semaines, j’ai eu un entretien avec Roeland Byl, un journaliste de Trends. Le magazine m’avait en effet nominé au titre de marketing manager de l’année 2012.

Nous sommes une petite entreprise débutante et nous avons pris un bon départ avec SonicAngel, FilmAngel.tv et, bientôt, angel.me. Le principe consistant à impliquer les fans dès le début d’une entreprise ou projet offre pas mal de possibilités au niveau créatif. Peut-être pas LA solution pour tout un chacun, mais à coup sûr une possibilité pour un entrepreneur de réaliser son idée.

Entre-temps, nous avons pu déjà lancer une quarantaine d’artistes via SonicAngel, et cinq jeunes cinéastes de talent via FilmAngel. Il va de soi que je ne suis pas comparable aux autres nominés qui sont les responsables marketing de La Poste, Danone et VOO, tous des têtes bien pleines qui ont accompli un bien beau parcours. Je vois ma nomination en fait plutôt comme une stimulation du genre: beau concept, joli début, tu mérites d’être encouragé. Non seulement pour The Angel Group, mais aussi pour les startups qui, au départ de notre pays, tentent de mettre quelque chose en oeuvre. Plus d’info sur: http://goo.gl/p6AjC

Lors de ma conversation avec Roeland Byl, j’ai dit que l’on doit démarrer quasi directement au niveau international, un ‘born global’ comme on appelle cela en jargon. Et qu’il faut continuer à innover. Pour lui, cette idée semble être inaccessible, quasiment un fantasme, et irréalisable… ‘Développer une entreprise internationale au départ de la Belgique, c’est une utopie’, m’a-t-il rétorqué. “Il faut être fou.”

Xavier Damman, le fondateur de Storify, est dans ce domaine nettement plus formel. Selon lui, il n’est pas possible de devenir le numéro un du marché à partir de la Belgique. L’on peut y contribuer, mais le marché belge est trop petit et trop complexe (en fait inexistant selon lui) et le capital présent y est insuffisant. Sa devise est que pour jouer en Champions League, il vaut mieux aller directement à Silicon Valley (ou ailleurs). Xavier est quelqu’un dont on entendra encore beaucoup parler, même si je ne suis pas objectif en disant cela (je suis conseiller de Storify, et Xavier était aussi chez Skynet, lorsque j’y étais CEO).

La technologie, surtout via le web et le mobile, n’est souvent plus un différentiateur. Les plates-formes web sont assez aisément copiables. Voyez donc ce que fait l’entreprise Rocket Internet au départ de Berlin. Ils traquent les tendances aux Etats-Unis ou en Asie et en copient le concept en Europe. Ils disposent d’une ‘masse’ de gens et de moyens pour déployer cela de manière incroyablement rapide. Les Ebay, Groupon, Amazon, Youtube, etc. ‘européens’. Tout ce qui a trait à l’e-commerce.

La différence est généralement faite par le marketing. Mais pas le marketing dans sa forme traditionnelle, qui s’identifie trop souvent aux spots publicitaires ou à d’autres campagnes d’affichage. Non, il s’agit ici du marketing, où l’on implique une communauté globale de personnes à un produit ou service. Créer une communauté autour d’une entreprise est incroyablement compliqué. Les médias sociaux, mais aussi l’esprit du temps qui passe engendrent une nouvelle forme de communication, où la transparence est quasi totale. Il n’est plus possible de diffuser 2 messages différents. L’utilisation des médias va à présent dans tous les sens, la TV et internet évoluent progressivement en des médias qui sont indissociablement liés l’un à l’autre (qui s’influencent et se renforcent mutuellement), les valeurs regagnent en intérêt, et la durabilité ne fera qu’augmenter en ta nt que valeur importante.

Donc oui, le marketing a besoin de l’innovation, tout comme l’innovation a besoin du marketing.

Est-ce possible? Je pense que l’Europe est en train d’effectuer un virage. L’innovation et l’entreprenariat reviennent enfin à l’agenda. Beaucoup trop lentement à mon sens, mais les deux valeurs sont à tout le moins à l’agenda. J’estime donc que nous avons pour la première fois un domaine dans lequel les entreprises européennes peuvent prendre l’initiative, à savoir les entreprises technologiques dans l’industrie créative.

La musique est un premier secteur dans lequel des entreprises européennes prennent l’initiative avec par exemple des plates-formes telles Soundcloud, Spotify, Deezer, Songkick et d’autres encore. Mais je fonde beaucoup d’espoir aussi dans les médias, la mode, voire dans le développement de produits. Et ainsi, je me limite encore aux environnements B2C, à l’ICT et aux médias car dans la biotechnologie, le ‘cleantech’, les environnements B2B et les soins de santé, il existe aussi d’énormes possibilités.

En tout cas: avec notre entreprise, nous allons essayer de croître au départ de l’Europe et nous ne serons certainement pas les seuls. Mon séjour à Los Angeles se termine: de quasiment temps plein à mi-temps et maintenant plutôt rarement. Après des passages à Amsterdam, Munich, San Francisco et LA, je rentre donc à Bruxelles.

Entreprendre au départ de la capitale de l’Europe: nous sommes preneurs et, espérons-le, beaucoup d’autres avec nous. L’Europe, la Belgique, la Flandre et la Wallonie ont besoin d’histoires à succès qui démontrent qu’entreprendre en Europe, c’est tout à fait possible. Difficilement, certes, mais possible. C’est la seule voie pour sortir de cette impasse économique et pour créer une perspective d’avenir valable pour la jeune génération qui arrive.

Bref: l’innovation a besoin du marketing, comme le marketing a besoin de l’innovation, et nous avons tous besoin d’enthousiasme, de courage et de moyens pour stimuler la culture d’entreprendre.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire