Avez-vous déjà essayé de redémarrer?

Ce matin-là, j’avais évidemment un rendez-vous important et je préférais partir 5 minutes trop tôt que trop tard. Et arriva ce qui devait arriver: ma voiture refuse de démarrer. Etonnement. Tour de clé vers la droite, tous les témoins du tableau de bord s’éteignent. Nouveau tour de clé vers la gauche et les témoins se rallument.

Je me refuse à jurer et me frotte à nouveau les yeux avant de faire une nouvelle tentative. Rien! Juron intérieur. Nouvelles tentatives répétées, sans le moindre succès. A chaque fois, le même résultat : tour de clé, les témoins s’éteignent. Et le moteur qui reste muet. Même pas le moindre crachement ou toussotement.

Je vérifie sur mon smartphone le numéro du service d’assistance technique et constate à mon grand étonnement que la communica-tion est activée via la connexion Bluetooth de mon tableau de bord. Comme quoi il y a quelque chose qui fonctionne encore. Comme je m’étonne de pouvoir contacter le service de dépannage via le kit mains libres de ma voiture pourtant en panne, je décide de désactiver la fonction Bluetooth de mon smartphone. Ne me demandez pas pourquoi j’y ai songé, mais une fois chose faite, je décide d’essayer à nouveau de démarrer. Et bingo : le moteur se met en marche. Et tous les témoins lumineux et sonores du tableau de bord s’activent correctement. Avec même en plus le témoin d’un problème de moteur.

“Nous allons vérifier tout cela”, me déclare-t-on par la suite au garage. En termes informatiques, cela revient pratiquement à dire: “Nous allons lancer le programme de diagnostic et interroger les fichiers de log.” Le diagnostic est rapidement posé : une erreur de logiciel dans le programme de commande du moteur. En d’autres termes, le logiciel du véhicule empêchait tout démarrage du moteur. Voilà qui n’est pas de nature à me rassurer. D’autant que je ne sais pas vraiment si le problème a été solutionné.

“Voilà, M. Van der Stadt, nous avons supprimé le code fautif et tout redémarré. Le problème n’est plus réapparu.” Faut-il encore une traduction en jargon IT? Have you tried turning it off and on again? Bref, relancer le tout.

Au moment où je viens rechercher mon véhicule, le mécanicien ne donne davantage de détails. Il me précise que selon ses procédures, la panne sur le dernier logiciel a été résolue, mais que j’avais déjà ce dernier logiciel. En langage IT: c’est un bug connu et pour lequel une rustine existe, mais le patch ne résout pas le problème à 100 % et il faudra donc attendre la prochaine version du logiciel.

“M. Van der Stadt, puis-je encore vous poser une question?” Le technicien me regarde un peu gêné. “Je viens de voir la plaque de presse sur le pare-brise de votre voiture et vous venez nous voir pour un problème de logiciels. Vous n’êtes quand même pas de la télévision? Car avec tous ses reportages sur les logiciels mouchards, moi je ne fais que mon travail.”

“Non, je ne suis pas de la VRT, lui dis-je pour le rassurer. Mais je vais quand même écrire sur le sujet.” Et de tourner la clé vers la droite pour faire démarrer ma voiture. Ah, la force du logiciel.

L’évolution est en marche depuis des années déjà: les logiciels sont présents dans de très nombreux appareils et secteurs d’activité. Et la tendance ira en s’accélérant, ce qui mettra davantage de pression encore sur l’indispensable phase de test de ces logiciels. Ou pour reprendre l’expression anglo-saxonne : software is eating the world. Mais le logiciel se laisse difficilement digérer. Cela promet pour l’auto sans chauffeur!

Ce qui est advenu de mon rendez-vous, me demanderez-vous ? Je l’ai suivi en mains libres dans ma voiture. Quelle merveille que ce kit Bluetooth. Surtout si l’on est à l’arrêt.