
Agoria fustige l’examen ‘inutile’ pour les pilotes de drone
Le président d’Agoria, Marc Lambotte, critique vivement l’examen prévu pour les pilotes de drone. Il plaide pour une épreuve plus réaliste, moins basée sur la connaissance requise des pilotes d’avion.
Lambotte est lui-même occupé à suivre actuellement une formation de pilote de drone. Il salue certes le fait qu’il y ait un cadre légal et des examens à la fois pratique et théorique. Mais il dénonce la façon dont cela se passe aujourd’hui: “J’ai appris beaucoup de choses qui me seront principalement utiles pour un… quiz.”
Les examens reposent actuellement surtout sur la connaissance technique que doit avoir un pilote d’avion. Lambotte: “L’une des questions était: ‘quelle est la pression atmosphérique au niveau de la mer à 18.000 pieds?’ Alors qu’un drone ne peut voler plus haut que 300 pieds. On peut dire que 90 pour cent de la partie météorologie (l’une des quatre parties de l’examen, ndlr) est inutile.”
“Nous avons encore pas mal de pain sur la planche afin d’adapter l’arrêté royal actuel, basé sur le concept de l’aviation, dans l’optique des entreprises.” Et Lambotte d’établir une comparaison avec quelqu’un qui doit connaître tout le fonctionnement interne d’un ordinateur pour pouvoir travailler ensuite avec Excel.
Le président de la fédération technologique a tenu ces propos lors d’un événement organisé par Agoria et ADM à Droneport, le concentrateur de l’aéroport de Saint-Trond, qui entend devenir dans les années à venir le centre du secteur belge des drones. Il plaide donc pour une formation et un examen mieux adaptés aux conditions d’utilisation des drones en Belgique et en Europe. Mais aussi pour une meilleure organisation pratique.

Et de citer des exemples comme la connaissance du point de rosée sur base de l’humidité relative de différentes particules d’air. “Cela est sans aucun doute important pour le pilote de l’avion qui nous emmène jusqu’à notre destination de vacances. Mais c’est complètement inutile pour les personnes qui utilisent des drones. Si vous souhaitez inspecter avec un drone des panneaux solaires installés à 8 mètres de hauteur à Merchtem par exemple, vous vous trouvez dans l’espace aérien bruxellois, et vous devrez vous farcir pas mal de paperasserie et payer 225 euros. C’est un non-sens économique, qui va générer du travail dans l’illégalité.”
Tout pilote d’un drone professionnel aujourd’hui doit renseigner ses vols à l’avance. Chaque demande (qui revient à 255 euros) peut porter sur plusieurs vols à des dates différentes. Mais selon cette procédure, vous paierez un solide supplément pour un vol tardivement planifié. Et ce, même si ce vol ne dépasse pas quelques mètres de hauteur et ne perturbe en rien un avion en phase d’atterrissage.
Pas comme avec l’e-commerce
Aujourd’hui, il y a 380 pilotes de drones professionnels dans notre pays. Mais si l’examen n’est pas mieux adapté à la pratique, Lambotte craint que de nombreux pilotes professionnels restent dans l’illégalité. Il craint en outre également que les entreprises actives dans ce secteur relativement nouveau soient évincées par des firmes étrangères, si l’amélioration tarde trop.
“Ne commettons pas la même erreur qu’avec l’e-commerce. Il a fallu ici des années pour mettre au point un règlement concernant le travail de nuit. Mais entre-temps, tous les centres de distribution se trouvent de l’autre côté de la frontière en Allemagne ou aux Pays-Bas.”
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