8chan entraîne l’internet extrémiste dans sa chute
8chan, le site, qui est aujourd’hui lié à trois différents acteurs adeptes des fusillades de masse, éprouve des difficultés à rester en ligne. Mais le supplément d’attention dont il fait l’objet, semble entraîner aussi la paralysie d’autres sites néonazis.
Le forum, surtout populaire auprès des cultures internet extrémistes et des communautés propageant la haine, a défrayé la chronique, parce que l’auteur du bain de sang perpétré à El Paso y avait annoncé sa fusillade au moyen d’une longue tirade. C’est la troisième fois déjà qu’un agresseur d’extrême-droite utilise 8chan pour publier son manifeste. Cette fois, cela semble être la goutte qui a fait déborder le vase pour de nombreux fournisseurs. Le forum a été mis hors ligne hier, après que Cloudflare ait interrompu ses services d’infrastructure pour le site. Depuis lors, les services internet refusent de supporter ce site (qui avait pu pourtant s’ouvrir sans problème il y a quelques années).
Après l’annonce de Cloudflare, 8chan a néanmoins fini par dénicher un nouveau fournisseur de services d’infrastructure. Il s’agit de l’entreprise Bitmitigate, qui semble se spécialiser dans les sites qui éprouvent des difficultés à sortir du lot. Pour les services DNS et d’hébergement, 8chan a migré aussi directement chez Epik, la société mère de Bitmitigate. Ce n’est pas une surprise en soi, étant donné qu’Epik héberge pas mal de mouvances d’extrême-droite. L’entreprise fournit notamment des services d’hébergement à The Daily Stormer (qui avait précédemment déjà été banni par Cloudflare) et pour Gab, un réseau social à modération minimale, où les personnes jugées trop extrémistes pour Facebook trouvent refuge. Trois sites donc, qui ne respectent guère les traditionnelles règles ‘terms of service’ en matière de langage subversif.
Epik même se définit plutôt comme la Suisse des fournisseurs d’hébergement, à savoir “un fournisseur de services neutre, qui ne ferme aucun compte sur base de la pression sociale ou politique”, affirme son CEO Rob Monster au site technologique TechCrunch. Le problème, c’est qu’Epik est une firme d’hébergement sans centre de données propre. La petite entreprise loue ses serveurs chez un fournisseur en vue, Voxility. Or ce dernier n’apprécie guère d’héberger des plates-formes où des terroristes diffusent leur propagande. Surtout pas, lorsqu’ils y sont dénoncés publiquement par Alex Stamos, l’ex-CSO de Facebook.
Après que l’entreprise ait observé qu’un de ses clients voulait héberger 8chan, Voxility retira la fiche de tous les services d’Epik, ce qui fait que les trois sites susmentionnés se retrouvent à présent hors ligne. Entre-temps, Tucows, le fournisseur du nom de domaine de 8chan, a également annoncé qu’il ne voulait plus rien avoir à faire avec le site.
Pour rester en ligne, un site a besoin de quatre choses: un nom de domaine, un hébergement DNS, un serveur propre et – toujours plus souvent, surtout s’il s’agit d’un site en vue ou controversé – des services d’infrastructure qui assurent le caching et la protection contre les attaques DDoS. Or 8chan les a perdues toutes les quatre. S’il veut encore propager ses messages haineux parmi le grand public, il doit donc rechercher de nouveaux fournisseurs.
Reste à savoir s’il y parviendra. Il existe des entreprises d’hébergement dans des pays comme la Russie, qui hébergent à gros prix (et généralement avec une faible largeur de bande) des sites, quel que soit leur contenu. Il est aussi possible que ce site, comme les sites d’hameçonnage (phishing) et de nombreux sites de téléchargement illégaux, passe d’un hébergeur à l’autre. Quoi qu’il en soit, tout semble indiquer que les sites de ce genre devront renoncer à une partie de leur vélocité et de leur importance, parce que de nombreux fournisseurs en vue ne souhaiteront plus y être associés.
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