40 ans d’histoire de Microsoft en 20 instantanés
C’est au moyen d’un accord adroit conclu avec IBM que Bill Gates est parvenu à placer Microsoft au centre du nouveau ‘paradigme desktop’, qui se manifesta au début des années quatre-vingts du siècle dernier. A partir de là, l’entreprise partit à la conquête du marché des logiciels de productivité pour employés de bureau, tout en devenant aussi un acteur en vue sur le marché du software pour serveurs.
Il y eut également quelques échecs retentissants. Microsoft faillit manquer le bon wagon de l’émergence internet, alors que sur le plan des appareils mobiles, elle manqua son coup en misant trop longtemps sur les processeurs Intel pas vraiment économes en énergie à l’époque.
Voilà qui met Microsoft devant un fameux défi l’année même de son quarantième anniversaire. La percée du nuage et la popularité croissante des modèles de paiement de logiciels en fonction de l’utilisation – par lesquels les clients ne règlent plus anticipativement – ne simplifient pas la situation. Mais Microsoft a dans le passé déjà réussi à franchir pas mal d’obstacles.
Source: Automatiseringgids
Bill Gates et Paul Allen ont fondé Microsoft en avril 1975. L’entreprise se spécialisa en interpréteurs pour le langage de programmation Basic, destiné à ce qu’on appelait à l’époque encore les ‘hobby computers’. Les ventes s’avérèrent bonnes, puisqu’en 1978, Microsoft enregistra un chiffre d’affaires d’1 million de dollars. Mais l’entreprise ne donnait pas encore le ton.
1981 est considérée comme l’année de la percée de Microsoft. Les partenaires habituels n’osaient pas fournir un système d’exploitation pour le nouveau PC d’IBM ou étaient trop chers. Gates, lui, n’avait rien, mais s’imposa. Il racheta 86-Dos et en développa PC-Dos. Microsoft en a alors vendu une version propre sous l’appellation MS-Dos.
1985: au bout de deux années de développement, Microsoft sort une interface graphique. Elle n’était pas aussi élégante que la Macintosh d’Apple de 1984 – les fenêtres ne pouvaient pas être déplacées ni se chevaucher -, mais ce système d’exploitation à commande graphique introduisit le nom utilisé aujourd’hui depuis 30 ans déjà par Microsoft: Windows.
1986 fut une année importante pour Microsoft. L’entreprise déménagea dans un bâtiment situé à Redmond, qui appartenait à Nintendo. En 2015, Microsoft dispose à Redmond de 750.000 mètres carrés de superficie. Et l’entreprise a fait son entrée à la Bourse à 21 dollars l’action. Son chiffre d’affaires avoisinait alors les 140 millions de dollars.
Toujours en 1986, Microsoft entra en conflit avec Apple. La licence sur plusieurs techniques d’Apple dans Windows 1.0 ne s’appliquait pas à Windows 2.0. Voilà pourquoi Microsoft enfreignait dans cette version une propriété intellectuelle d’Apple, selon Steve Jobs. Au bout de 6 années de procédure, Jobs se vit débouter par la Justice.
Office naquit en 1990. Microsoft avait déjà mené la vie dure aux producteurs concurrents de traitements de texte et de tableurs en migrant vers une interface graphique. En combinant et en harmonisant mutuellement les progiciels, Office devint le standard des environnements professionnels.
Avec Windows 95, Microsoft tourne réellement le dos à… MS-Dos, même si certains éléments subsistèrent. Mais des limites comme un espace de mémoire de 640 kilo-octets appartinrent alors au passé. Windows 95 exigea cependant le passage à des processeurs et donc aussi à des PC nouveaux. Mais le plus important encore fut le lancement d’Internet Explorer. Microsoft avait sous-estimé internet et a vu le marché des navigateurs lui échapper au profit de Netscape, qui coûtait 50 dollars. Gates somma son entreprise de rattraper le temps perdu. Internet Explorer gratuit devait – et vite – chasser le concurrent de la scène.
2000 fut une année mémorable: Bill Gates transmit la direction quotidienne à l’énergique, explosif, mais aussi enthousiaste Steve Ballmer, qui fut chargé d’étendre fortement le succès professionnel de Microsoft.
Le juge Thomas Penfield Jackson annula la scission de Microsoft dans le cadre d’un procès antitrust de longue durée, où un rôle majeur était dévolu à Internet Explorer diffusé gratuitement. Le jugement fut remis en question. Finalement, les dommages furent limités pour Microsoft, du moins aux Etats-Unis. Elle fut seulement condamnée à mettre les ‘application programming interfaces’ à la disposition de tiers.
Mais en Europe, Microsoft fut condamnée pour concurrence déloyale. En tant que commissaire européenne en charge de la concurrence, Neelie Kroes lui infligea en 2004 une première amende d’un montant de 497 millions d’euros. Au fil des ans, suite à des erreurs et à des obstructions chez Microsoft, les amendes s’élevèrent à 2,2 milliards d’euros.
En 2001, Microsoft lance Windows XP. Cette version plait tellement – surtout après que Microsoft ait amélioré la sécurité à l’initiative de Bill Gates suite à plusieurs incidents – que les organisations et les consommateurs ne s’en détournent que si vraiment besoin est. Même en 2014, tout le monde n’était pas prêt à migrer vers une version plus moderne.
Le fait que Microsoft ait au cours de ce siècle lancé jusqu’à deux fois une version Windows non appréciée, ne l’aide pas non plus à inciter les utilisateurs à migrer. En 2007, tout un chacun ignore la version Windows Vista sortie avec beaucoup de retard et peu convaincante sur le plan fonctionnel.
Et en 2012, c’est ce qui arrive aussi à Windows 8. L’interface fortement orientée vers les écrans tactiles – sans menu Démarrer – a en effet bien de la peine à convaincre les utilisateurs. Quiconque doit migrer de Windows XP ou Windows Vista, opte par conséquent généralement, même après la publication de la version 8, pour le plus traditionnel Windows 7 de 2009.
Sur le marché des serveurs, les affaires marchent nettement plus favorablement pour Microsoft. En 2005, les organisations – grâce aussi à la popularité de la version 2003 – dépensent pour la première fois plus dans les serveurs avec Windows Server que dans ceux tournant sous Unix. En volumes, Windows, encore en version NT, dépassa Unix à la fin du siècle dernier déjà grâce aux omniprésents serveurs de fichiers et d’impression.
Et puis, il y a évidemment encore les outils et le software système, où Microsoft va jouer un rôle en vue. Au niveau mondial, des millions d’informaticiens travaillent chaque jour avec les outils susmentionnés et/ou d’autres de l’écurie Microsoft. De plus, Microsoft vend également du software ERP comme Dynamics AX et NAV, des consoles de jeu, des claviers, etc.
Il y a aussi des marchés sur lesquels Microsoft n’a que peu d’emprise. Mais l’entreprise n’a pas pour habitude de renoncer si aisément. C’est ainsi qu’en 2009, elle part à l’assaut du géant des moteurs de recherche Google en introduisant son propre moteur de recherche Bing.
En 2011, Microsoft – malgré l’impact négatif possible sur les rentrées de licences – ose franchir le pas vers les versions en ligne de son progiciel populaire Office. Outre le fait d’être présente, Microsoft est influencée aussi par Google qui, avec Apps for Work, commence à couper l’herbe sous le pied de Microsoft.
Un domaine où Microsoft, malgré des tentatives effrénées, n’a guère d’impact, c’est celui de l’équipement mobile. En 2013, elle rachète Nokia dans un ultime essai d’imposer aussi le système d’exploitation Windows sur le smartphone. Provisoirement sans grand succès.
Les échecs sont en fait attribués à Ballmer. En 2014, Satya Nadella lui succède après de longues recherches. Celui-ci fait aussitôt souffler un vent nouveau dans les voiles de Microsoft. Bill Gates et Steve Ballmer n’auraient par exemple jamais été vus devant un tel arrière-plan commandé nota bene par Nadella en personne.
2015 devrait être l’année où Microsoft laisse derrière elle toutes les péripéties Windows. Windows 10 réintroduit le menu Démarrer et offre aux développeurs une plate-forme unique pour desktops, tablettes et smartphones. Microsoft, représentée ici par Joe Belfiore, suscite des attentes élevées. Affaire à suivre donc.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici