La durabilité plutôt que la disruption

Les changements se succèdent plus vite que jamais auparavant. La transformation numérique est un sujet brûlant. Bart Embrechts de Gumption lance à ce propos un appel au calme et à la réflexion.

Les prédicateurs technologiques et autres experts en marketing annoncent la fin de votre activité. A moins que vous ne réagissiez rapidement. Place à la disruption. C’est changer ou disparaître. Le train a déjà quitté la gare. Si vous n’êtes pas dedans, c’en est fini. Voilà comment cela se passe: vous assistez à une conférence chère payée d’un prédicateur et vous décidez de vous associer à lui. Dans les ateliers, vous n’entendez que des termes branchés et avant que vous ayez cligné deux fois des yeux, l’homme ou la femme en question s’en est déjà allé(e). Vous vous retrouvez alors avec un joli modèle qui semble malheureusement ne pas fonctionner, du moins pas pour votre entreprise. Dont coût dix mille euros, par ici la monnaie.

Voilà pourquoi je lance le message suivant: ne vous laissez surtout pas mener par le bout du nez! Où est donc passée la bonne vieille expression ‘réfléchir plutôt deux fois qu’une’? Je n’entends guère de plaidoyers en faveur d’un travail réfléchi. L’heure est en effet à la vitesse et à la précipitation. Alors moi je dis: assurez-vous de savoir où le train va avant de sauter à l’intérieur. Ne changez pas pour le plaisir de changer.

Rénover durablement, c’est plus que numériser. Les entreprises qui se focalisent sur la technologie observent que celle-ci n’est qu’un moyen pour atteindre un but. Or convertir votre activité, c’est bien autre chose. Ce n’est pas parce que vous tweetez à propos de ristournes que vous êtes transformé. Ce n’est pas parce que vous créez un magasin web que vous allez rencontrer le succès. Envoyez des colis, c’est une toute autre histoire que de décharger des palettes.

Transformer les entreprises de longue date. Il n’est pas nécessaire de réagir de manière paniquée, même si les technologies se succèdent très rapidement. Les idées disruptives n’atteignent que lentement le marché. Prenez Nespresso. Les premiers brevets datent de 1987. Mais ce n’est qu’en 2006 que George Clooney en a bu sa première tasse. A quand les premières voitures électriques remontent-elles? A 1880, ne vous en déplaise. Plusieurs facteurs déterminent si une innovation deviendra un succès, mais pas que l’innovation en tant que telle. Le timing joue un grand rôle.

Ne faites de l’innovation disruptive un fer de lance que si elle découle d’une aspiration à une rénovation durable. Surveillez le marché et ne jouez pleinement la carte de la rénovation que si un nouveau marché se dessine. Et même dans ce cas, il est recommandé d’héberger l’activité dans une division individuelle (spin-off). Comme Nescafé l’a fait avec Nespresso. Le nouveau venu aura toute latitude de se développer sans nuire à l’activité initiale.

Et l’on en arrive ainsi à l’essence même. La transformation numérique ne porte pas sur le ‘numérique’ ou sur la ‘transformation’, mais sur l’innovation durable. Sur une réflexion sensée de l’avenir de votre métier et sur le passage à l’action le temps venu. Les entreprises européennes ont toujours été les championnes de l’innovation durable. Avec le support de la technologie et des techniques de marketing modernes, c’est on ne peut plus évident en 2016. L’innovation durable est un élément essentiel de la mission et de la stratégie de chaque entreprise qui se souhaite un bel avenir.

Bart Embrechts

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