Des chercheurs belges lancent un appel pour une interdiction des ‘killer robots’

Le drone X-47B américain peut déjà décoller, naviguer et atterrir sans télécommande. Va-t-il bientôt aussi détruire de lui-même des cibles ennemies? © DARPA
Pieter Van Nuffel Journalist DataNews

116 scientifiques belges, dont 88 chercheurs en robotique et en intelligence artificielle, lancent un appel au gouvernement de notre pays pour qu’il prévoit une interdiction nationale des armes entièrement autonomes. “Nous ne pouvons pas ouvrir cette boîte de Pandore. Les ‘robots tueurs’ doivent être interdits, avant qu’il ne soit trop tard”, préviennent-ils.

Aujourd’hui (mercredi) se tient une séance d’audition au sein du Parlement fédéral à propos des armes entièrement autonomes, aussi appelées ‘killer robots’ (robots tueurs). Cette séance est la conséquence d’une résolution, dans laquelle Groen et Ecolo réclament une interdiction préventive de ce genre d’armement.

Les robots tueurs sont des systèmes armés capables de sélectionner des cibles et de les attaquer sans contrôle humain significatif. Dans une lettre ouverte, 88 chercheurs en robotique et en intelligence artificielle expriment leurs profonds soucis à propos de ce type d’armement. Ils y affirment que le développement de pareils systèmes armés constitue une menace sérieuse pour le droit international, les droits de l’homme et la dignité humaine. Ils mettent aussi en garde contre une course à l’armement et contre une escalade des conflits.

“Nous sommes au bord d’une nouvelle ère: l’automatisation complète des conflits armés et l’externalisation des décisions de vie et de mort à des programmes informatiques. Il est par conséquent essentiel de ne rien créer qui ne puisse par la suite plus être arrêté. Les robots tueurs doivent être interdits, avant qu’il ne soit trop tard”, affirment les chercheurs.

Interdiction internationale?

L’appel lancé par les experts en robotique belges succède à de récentes initiatives comparables au Canada et en Australie, où des scientifiques plaident aussi pour une interdiction des armes complètement autonomes. En août, 116 CEO d’entreprises robotiques et AI (dont Elon Musk) s’étaient déjà prononcés contre les robots tueurs.

En 2014 déjà, 125 pays s’étaient concertés à propos des armes capables de déterminer elles-mêmes leurs cibles sur base de l’intelligence artificielle. En novembre, ils se sont de nouveau réunis à Genève, mais n’ont finalement que décidé de poursuivre leurs entretiens diplomatiques. L’organisation des droits de l’homme Human Rights Watch a alors averti que les pas effectués en vue d’une réglementation étaient nettement trop modestes.

‘La Belgique doit jouer un rôle en vue’

Selon les scientifiques belges, notre pays doit prendre les devants. “22 pays au moins veulent entamer des négociations sur une interdiction préventive des robots tueurs. La Belgique doit se rallier à ce groupe et jouer un rôle en vue dans les débats internationaux”, affirment les experts en robotique.

Et d’indiquer que notre pays a dans le passé déjà joué un rôle de locomotive dans d’autres initiatives en matière de désarmement. “En 1996, la Belgique fut ainsi le premier pays à adopter une interdiction nationale des mines personnelles et en 2006 des munitions à fragmentations. La législation nationale a aussi joué un rôle crucial dans ce genre de négociations internationales. Une enquête IPSOS démontre que 63 pour cent de la population belge sont opposés au développement de robots tueurs. A présent, la Belgique a de nouveau l’opportunité de jouer un rôle de meneur”, peut-on encore lire dans la lettre ouverte.

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