Comment la nouvelle technologie va modifier l’enseignement supérieur

© KU Leuven
Pieter Van Nuffel Journalist DataNews

Tant à l’école supérieure Artevelde qu’à l’UCL, l’ouverture de la nouvelle année académique est entièrement placée sous le signe de la numérisation. Et la KU Leuven a recruté pour la première fois un ‘vice-recteur en technologie éducative’. La nouvelle technologie trouve-t-elle donc sa voie dans nos institutions d’enseignement supérieur?

Alors qu’on écrivait, il y a trois ans encore, que la Flandre était un trou noir pour les cours en ligne, les institutions d’enseignement supérieur flamandes sont activement en train de rattraper le temps perdu. Dans le sillage d’universités réputées telles Harvard, Stanford et Yale, elles se mettent à proposer de plus en plus de MOOC (Massive Open Online Courses). La KU Leuven propose actuellement huit cours internet. Les sujets vont de l’analyse de données dans les soins de santé et la sécurité web jusqu’à la Première Guerre Mondiale et l’attitude de l’UE vis-à-vis des droits de l’homme.

l’UCL a déjà 24 MOOCs en ligne. “Ces MOOCs ont été suivis par plus de 360.000 étudiants enregistrés, de plus de 200 pays différents. Les MOOCs font partie de la stratégie numérique de l’UCL et sont pour la plupart intégrés dans nos programmes de cours,” dit Yves Deville, conseiller du recteur pour l’université numérique.

L’UGent et la VUB entendent également sauter dans ce train. L’université gantoise libère du reste 200.000 euros pour soutenir douze projets MOOC, deux grands et dix plus modestes. “Nous avons lancé un vaste appel à toutes les facultés pour qu’elles remettent des propositions. La date-butoir est fixée à fin octobre, mais dès à présent, un grand nombre de propositions de projet sont rentrées”, déclare Jan Velghe du service ‘Professionnalisation de l’enseignement’ de l’UGent.

Les MOOC, développés dans l’optique de très grands nombres d’étudiants, sont en général accessibles à tout le monde. Il semble dès lors peu judicieux que les universités flamandes accueillent encore des collèges axés sur des sujets qui ont déjà été traités à fond par des experts d’universités américaines renommées. “Voilà pourquoi nous voulons surtout nous focaliser sur des thèmes avec lesquels nous pouvons faire la différence. Et nous allons bien entendu adapter en priorité nos cours à nos étudiants”, explique Velghe.

‘Big business’

En matière d’apprentissage en ligne, un modèle commercial complet a entre-temps vu le jour. Les startups en ‘technologie éducative’ poussent comme des champignons, et les grandes entreprises IT examinent également avec intérêt ce nouveau marché. Coursera, qui fut créée il y a cinq ans dans le sillage de l’université de Stanford, fut l’une des pionnières. Aujourd’hui, l’entreprise propose déjà plus de deux mille cours et compte 24 millions d’utilisateurs enregistrés. Depuis cette semaine, on peut suivre aussi sur cette plate-forme une série de cours de l’université de Londres au moyen de lunettes VR.

Les universités qui veulent proposer un MOOC, peuvent encore difficilement faire autre chose que de s’associer à l’une de ces plates-formes spécialisées. La KU Leuven a ainsi conclu un accord avec edX, une co-entreprise d’Harvard et du MIT. Quant à l’UGent, elle n’a pas encore fixé sur quelle plate-forme elle va proposer ses MOOC, parce qu’elle veut d’abord décider quel sera l’acteur de marché qui remplacera sa plate-forme d’apprentissage numérique actuelle Minerva.

Classes virtuelles

A Kulak, le campus de la KU Leuven à Courtrai, l’Edulab a été créé plus tôt cette année. Il s’agit là d’un laboratoire de recherche sur la technologie pédagogique sophistiquée. L’une de ces nouvelles applications est la classe virtuelle, où les étudiants peuvent se trouver dans un autre lieu que l’enseignant, afin que les professeurs de Louvain ne doivent plus se rendre spécialement à Courtrai pour y donner leur cours.

En outre, les étudiants peuvent poser des questions ‘muettes’ avec leur smartphone. Le prof peut alors voir sur un écran les questions les plus fréquentes, ou il peut lui-même organiser un sondage. De grands écrans muraux ont également été installés dans certains locaux de Kulak, sur lesquels les étudiants et les professeurs peuvent partager leurs notes. Cette technologie a été développée par le campus courtraisien en collaboration avec deux entreprises de la région, Barco et Televic.

Le fondateur de l’Edulab, Piet Desmet, a été entre-temps nommé au poste de nouveau vice-recteur de Kulak. Ce n’est pas pour rien que Desmet a été aussi désigné à la fonction de vice-recteur en technologie éducative pour l’ensemble de la KU Leuven. “Le fait qu’on ait recruté pour la première fois quelqu’un tout spécialement pour la technologie pédagogique, démontre en suffisance que la nouvelle équipe stratégique du recteur Luc Sels veut en faire l’un de ses fers de lance”, affirme Annemie Depuydt, ICTS manager à la KU Leuven. Précédemment, elle avait expliqué dans une opinion pour Data News que l’enseignement allait connaître une gigantesque révolution technologique.

Empreinte digitale numérique

“A partir du moment où un étudiant s’oriente vers le site web d’une école supérieure jusqu’au moment où il termine ses études, il laisse une trace numérique. Ce ne serait pas judicieux de ne pas utiliser ces données pour obtenir une vision de son processus d’apprentissage”, a déclaré Tomas Legrand, directeur général de l’école supérieure Artevelde, dans son allocution à l’occasion de la nouvelle année académique, qui était placée entièrement sous le signe de la nouvelle technologie.

Et de défendre le digital nudging, à savoir l’utilisation de systèmes numériques pour orienter progressivement les étudiants dans la bonne direction. Et grâce à l’analytique d’apprentissage, l’école supérieure Artevelde a déjà pu démontrer qu’il existe un lien entre le nombre d’exercices en ligne que les étudiants effectuent, et leurs chances de réussite. “Nous pourrions à l’avenir intégrer dans l’évaluation chaque exercice que l’étudiant effectue en ligne. Ce faisant, l’étudiants devrait moins performer durant la session d’examen”, a ajouté Legrand.

A l’UGent, on est un peu plus prudent vis-à-vis de l’analyse de l’empreinte numérique laissée par les étudiants. “Ce que font les étudiants dans notre environnement d’apprentissage numérique, est tenu à jour, mais provisoirement, nous n’allons pas analyser ces données. Nous devons aussi encore examiner si cela n’enfreint pas la loi sur le respect de la vie privée. Aux Pays-Bas, les étudiants ont réagi avec méfiance, et cela a mené à un débat sur ce qui pouvait exactement être fait avec cette analytique d’apprentissage”, poursuit Jan Velghe.

Une plate-forme vidéo a été combinée à l’environnement d’apprentissage numérique de l’UGent. Les professeurs peuvent y reproduire de brèves vidéos explicatives. Velghe, qui accompagne les professeurs dans cette voie, se voit souvent poser la question de savoir quelle durée ces vidéos doivent avoir. “Il est alors aisé de voir quand les étudiants décrochent. Si la vidéo n’est plus regardée au bout d’une minute déjà, le professeur sait que son explication était beaucoup trop facile ou difficile.”

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