“La Flandre est un trou noir au niveau des cours en ligne”

Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

Les MOOC partent à la conquête du monde, mais les institutions d’enseignement flamandes accusent du retard. “Les moyens sont trop émiettés, et les professeurs ne considèrent encore et toujours pas les cours en ligne comme une véritable opportunité”, déclare-t-on chez iMinds.

Les étudiants qui veulent devenir des entrepreneurs, peuvent à partir de cette année suivre le MOOC (‘Massive Open Online Course’) ‘How to Build a Startup’ de l’Américain Steve Blank à l’université de Gand. Ils sont aussi invités à appliquer les théories de ce cours sur leurs propres projets.

Depuis que des universités connues telles le MIT, Stanford et Berkeley mettent gratuitement en ligne des cours de leurs meilleurs professeurs, les MOOC sont devenus un thème brûlant dans le petit monde de l’enseignement. Dans les pays voisins, l’on mise aussi fortement sur la création de MOOC, mais la Belgique et surtout la Flandre prennent du retard.

“La principale raison réside dans la fragmentation des moyens”, suggère le professeur Frank Gielen qui, à partir d’iMinds, lance des ponts entre l’enseignement et l’industrie. “En Flandre, l’argent est réparti parmi les différentes universités et, dans la plupart des cas, même parmi les différentes facultés. Il en résulte qu’il n’y a aucune unité d’enseignement qui dispose d’un budget suffisant pour créer un MOOC de qualité.”

Par ailleurs, le modèle classique du cours tel qu’il est donné depuis 200 ans maintenant, doit être révisé dans l’urgence. Le cours magistral (ex cathedra) remonte en effet à l’époque où le professeur devait se baser sur le seul livre disponible dans la bibliothèque. Aujourd’hui, les nouvelles technologies autorisent d’autres formes d’enseignement (pensons à ce que proposent Coursera et le MIT), mais la plupart des professeurs considèrent cette tendance comme une menace plutôt que comme une évolution sensée. Que se passerait-il, si leur emploi devenait non pertinent?

“Cette crainte n’est pas fondée”, réagit Gielen. “Dans ma matière, le cours de Steve Blank est le meilleur au monde, ce qui fait que j’aime y recourir dans mes leçons. Enseigner, ce n’est pas simplement visionner des vidéos. C’est aussi interagir et débattre. Et surtout appliquer! Ces choses continueront non seulement d’exister, mais elles deviendront encore plus intensives.”

Neutre

L’institut de recherche gantois entend prendre fait et cause pour les MOOC en Flandre. “En tant qu’institution neutre, iMinds peut regrouper l’ensemble des parties et des moyens, et mieux harmoniser les initiatives, afin qu’on ne construise plus trois studios par université que personne n’utilise.”

Concrètement, iMinds espère trouver une oreille attentive au sein de gouvernement flamand, et l’organisation entend aider d’autres institutions de la meilleure manière. “La fondation Hercules nous a demandés de créer un MOOC consacré au fonctionnement du superordinateur flamand. C’est nécessaire car l’on injecte beaucoup d’argent dans cette machine que l’on utilise à peine.”

“En outre, nous prenons aussi part à plusieurs projets européens en collaboration avec EIT ICT Labs, TNO Utrecht aux Pays-Bas et le Fraunhofer Institut en Allemagne. Nous voulons ainsi notamment développer un MOOC sur les architectures-systèmes autour de l’internet des choses.

Actuellement, deux MOOC sont accrédités aux universités flamandes, l’un à l’UGent et l’autre à la KULeuven. Si l’on examine la situation en Belgique, c’est surtout l’UCL qui montre de l’intérêt. Cette institution a même pu attirer un sponsor externe qui offre 180.000 euros pour la mise en oeuvre de quatre nouveaux MOOC.

“En Flandre, nous sommes également au top mondial dans plusieurs domaines”, conclut Gielen. “Pensons à la recherche sur la fertilité à la VUB. Ou à la sécurité et à la cryptographie à la KULeuven. Pour ces domaines, il est à coup sûr judicieux d’investir dans un cours en ligne de qualité. Mais nous devons dans ce cas regarder tous dans la même direction. Il faut alors que les moyens soient redistribués et que les initiatives soient bien harmonisées.”

Le 18 novembre, l’UGent organisera une journée d’études consacrée au ‘blended learning’ et aux MOOC, alors que le 19 novembre, c’est la Koninklijke Vlaamse Academie van België voor Wetenschappen en Kunsten (KVAB) qui proposera une conférence sur le sujet.

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