Comment entrer aux Etats-Unis sans que le contrôle frontalier accède à vos comptes

© Belga
Els Bellens

A présent que le gouvernement américain se focalise toujours davantage sur ‘la sécurité interne’, les mesures frontalières deviennent très rapidement plus strictes. C’est ainsi que l’ordinateur portable et le smartphone du citoyen européen que vous êtes, peuvent être examinés de très près et peut-être vous demandera-t-on aussi vos mots de passe. A bon entendeur…

Le mois dernier, nous écrivions encore que le Homeland Security Secretary John Kelly voulait permettre aux services de contrôle aux frontières américaines de demander aux visiteurs leurs mots de passe pour les médias sociaux. Ce n’est provisoirement pas encore une réalité, mais entre-temps, il est clair cependant que les contrôles frontaliers se sont intensifiés pour les candidats visiteurs des Etats-Unis. Des sites web tels Medium relatent par exemple l’histoire de Sidd Bikkannavar, un citoyen américain et chercheur de la NASA, qui a été interpelé par la police des frontières, lorsqu’il est rentré au pays le 30 janvier dernier. On lui demanda notamment de déverrouiller son téléphone, qui soit dit en passant était la propriété de la NASA et qui pouvait contenir des informations sensibles. Notre homme ne fut relâché qu’après avoir effectivement donné son code pin. Vous voilà donc prévenu, si vous envisagez de vous rendre au pays de l’Oncle Sam dans les prochaines semaines ou mois.

La police des frontières américaine peut depuis assez longtemps déjà passer en revue les appareils électroniques et dans le climat actuel, elle est incitée à le faire toujours plus souvent. Mais dans la pratique, comment pouvez-vous éviter que toute votre vie numérique aboutisse entre les mains de la bureaucratie américaine?

Conformément à la loi

Soyons clairs: les règles en matière de respect de la vie privée ne s’appliquent pas à la frontière. Ce qu’on appelle là-bas les ‘4th and 5th amendments’ de la constitution américaine ne sont pas en vigueur dans la zone grise du poste frontière, d’autant moins pour les non-citoyens américains.

La première étape consiste simplement à collaborer de manière polie. En tant que Belge ou Européen en général arrivant dans un aéroport américain, sachez que vous ne disposez guère de droits. Plus vous vous montrerez amical, mieux ce sera pour vous. Si l’agent décide que vous lui créez des difficultés, il est possible qu’on vous renvoie séance tenante dans votre pays. Sachez que vous avez en principe quand même le droit de refuser de décliner vos mots de passe. Si vous emportez par exemple un ordinateur portable verrouillé, vous pouvez donc refuser de le déverrouiller. Reste à savoir si vous pourrez ensuite franchir la frontière…

La meilleure solution? Laissez votre smartphone et ordinateur portable à la maison. Les contrôleurs frontaliers américains ne pourront pas les passer au crible, s’ils se trouvent dans votre living ou au bureau. C’est la manière la plus simple, mais nous admettons que ce n’est pas facile de voyager sans emporter sa technologie préférée. Une solution possible consiste en un ‘kit de voyage’: un ordinateur portable ou un GSM bon marché individuel n’intégrant que les données dont vous aurez besoin durant votre voyage. Pensez par exemple à un GSM du travail ou à un ancien modèle acceptant votre carte SIM. Moins il y aura de données sur vos appareils, mieux ce sera.

Sauvegardes

Mais si vous devez emporter vos appareils, mieux vaut effectuer des backups (sauvegardes) et effacer les données et applis locales. Vous êtes probablement connecté automatiquement à toutes les applis des médias sociaux sur votre téléphone. Une fois votre smartphone déverrouillé, l’agent à la frontière pourra donc très facilement accéder à votre Twitter, Facebook, Dropbox, mail, etc. Même sans vous demander vos mots de passe. Ce ne sera pas possible, si ces applis ne se trouvent pas sur votre smartphone. Solution possible: réinitialiser l’appareil aux paramètres par défaut avant de vous faire contrôler à la frontière. Vous arriverez ainsi avec un appareil ‘vide’ et vous pourrez après le passage de la frontière de nouveau télécharger vos applis et données. Il en va de même pour votre ordinateur portable. Pensez aussi à retirer vos données de manière sûre avec des applis telles Eraser par exemple. De cette manière, il y aura moins de risques que des données traçables subsistent.

Dernier point: les comptes factices (‘dummy accounts’). Un ‘dummy account’ est un compte ‘alternatif’ de, disons, Facebook ou mail, sur lequel il n’y aura rien qui puisse être utilisé contre vous. Cela va cependant assez loin, à tel point que l’agent pourra alors vous demander vos mots de passe, ou que vos comptes publics contiennent suffisamment d’informations pour vous en interdire l’accès. Cela pourrait par exemple être le cas si sur Twitter, vous vous occupez souvent de politique étrangère ou si vous échangez des mails avec, disons, des dissidents, dont les données ne peuvent vraiment pas être révélées. Pour rendre les choses plus crédibles, ce genre de compte doit exister depuis assez longtemps déjà et non pas avoir été créé deux jours avant votre voyage.

Quelques préliminaires

En général, il s’agit pour vous de savoir quelle est votre degré de confidentialité. Mieux vaut en tout cas pour vous de garder votre calme, même si cela peut prendre des heures, voire aboutir à un retour à la case départ. Par ailleurs, vous pouvez également investir un peu d’argent dans le respect de votre vie privée et acheter par exemple un GSM ou un ordinateur de voyage bon marché. Le nombre de voyageurs qui sont entièrement fouillés à la frontière et qui doivent soumettre leurs appareils électroniques à un contrôle approfondi, est provisoirement certes encore très réduit, mais il n’empêche qu’avec quelques préliminaires, comme l’effacement et la désactivation de vos comptes, vous serez davantage paré à toute éventualité.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire