Test: le HTC Vive vous fait pousser des cris de fillette!

© Wim Kopinga
Pieterjan Van Leemputten

Conjointement avec l’Oculus Rift, le Vive est actuellement le seul casque de réalité virtuelle à part entière sur le marché. Ce marché n’est donc pas encore bien grand, mais qu’en est-il de la qualité? Data News a plongé dans le monde virtuel, s’est débarrassé de quelques zombies et vous livre à présent son jugement.

Selon les suiveurs de tendances, 2016 devait être l’année de la réalité virtuelle. L’année de sa percée. Pratiquement à mi-chemin, il n’est pas encore question de révolution, mais le consommateur peut a présent et pour la première fois s’acheter un casque car l’Oculus Rift et le HTC Vive ont été lancés sur le marché. Et le casque de Sony, qui fonctionnera avec la Playstation 4, est attendu ultérieurement cette année encore. Après une longue période de développement, le secteur commence ainsi à prendre forme.

Le pionnier Oculus avait lancé en 2012 déjà une campagne sur Kickstarter en vue de financer des lunettes de réalité virtuelle. Cette campagne connut un incroyable succès, et les attentes se mirent à croître au fil des ans. Après avoir été rachetée par Facebook, l’entreprise a introduit cette année l’Oculus Rift, puis peu après le HTC Vive qui, selon les esprits critiques, a rattrapé le Rift.

Pour s’en rendre compte, Data News a pu jouer un après-midi avec le Vive pour savoir si le casque de HTC est réellement aussi bon qu’annoncé et si 2016 sera vraiment l’année de la percée définitive de la réalité virtuelle.

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Composition

Ce que vous ignorez peut-être, c’est qu’un casque VR représente bien plus que simplement des lunettes. Le Vive – qui résulte de la collaboration entre HTC et l’entreprise de jeux Valve – est à utiliser dans un espace de 4,5 x 4,5 mètres maximum à délimiter dans votre habitation. Deux capteurs à placer en diagonale enregistrent où vous vous trouvez. Ils interagissent continuellement avec les lunettes et les contrôleurs, afin que vous puissiez d’une part déambuler de manière certes limitée dans l’espace virtuel. Mais d’autre part aussi et surtout pour veiller à ce qu’au beau milieu d’un jeu, vous ne démolissiez pas votre TV ou ne butiez pas contre un mur.

Pour tirer pleinement parti du Vive, vous aurez besoin de pas mal de puissance de calcul graphique. En ce qui nous concerne, il s’agissait d’un Alienware X51 R3, un solide PC de jeu équipé d’un CPU Intel i7-6700K, de 16 giga-octets de RAM et d’une nVidia Geforce GTX970. Et c’est là que réside actuellement l’obstacle à la percée de la réalité virtuelle: ce genre de PC de jeu coûte très vite un millier d’euros. Ajoutez-y le prix du casque, et vous voilà quitte d’un mois de salaire moyen. Les jeux, nous les avons choisis dans la bibliothèque Steam, qui indique directement quand un jeu a été conçu pour un casque VR.

Le Vive proprement dit offre une résolution de 2.160 x 1.200 pixels à un taux de rafraîchissement de 90 Hz. L’angle de vision des lunettes est de 110°.

Contrôleurs

Le Vive est fourni avec deux contrôleurs oblongs qui nous ont fait à première vue penser à la Nintendo Wii. Mais malgré leur forme bizarre, ils tiennent bien dans la main.

C’est précisément ici que se situe la grande différence avec l’Oculus, qui est conçu pour jouer dans un fauteuil avec un contrôleur Xbox. Même si ce contrôleur est parfaitement adapté aux jeux, la valeur ajoutée du Vive, c’est que vous pouvez utiliser les deux mains indépendamment l’une de l’autre et réellement déambuler en rond. Avec l’Oculus Rift, vous entrez avec la tête dans le monde virtuel, mais le reste du corps ne suit pas. Cela devrait changer plus tard cette année, lorsqu’Oculus introduira ses propres contrôleurs.

Pas uniquement des jeux

Alors que beaucoup voient la réalité virtuelle et la réalité augmentée comme la prochaine révolution, il existe encore des doutes quant aux applications qui seront le plus utilisées à l’avenir. Selon Goldman Sachs, cette industrie représentera d’ici 2025 80 milliards de dollars par an (35 milliards en logiciels et 45 milliards en matériel) avec un potentiel très divers.

Tout comme d’autres chercheurs, l’on estime chez Goldman Sachs que les jeux occuperont la plus grande part du marché, suivis par les événements en direct et les loisirs vidéo. Mais une grande partie du gâteau ira aussi aux applications industrielles, puisque la moitié prendra la direction des entreprises et du secteur public. Ce sont surtout les soins de santé qui pourront en profiter.

Adieu, monde réel!

L’on quitte vraiment la réalité, dès que l’on place le HTC Vive devant les yeux. Le seul objet réel que l’on ‘voit’ encore, ce sont les contrôleurs qui sont virtuellement projetés à l’endroit où ils se trouvent physiquement. Aussi longtemps que l’on est dans le menu de Steam, l’on a encore assez bien conscience de l’espace où l’on est. Pour démarrer, ouvrons The Blue, un premier ‘jeu’, où l’on voit des poissons et des tortues se mouvoir dans l’océan.

Ce qui est étonnant, c’est qu’on est plongé directement dans le monde virtuel – et pour cela, le graphisme ne doit même pas être réaliste -, l’angle de vision suit parfaitement les mouvements de la tête. Un bon casque (HTC fournit uniquement des oreillettes) veille à ce que vos oreilles participent elles aussi.

Dans le deuxième jeu, The Lab, l’on joue littéralement avec les mains. Vous êtes téléporté dans une forteresse qui est attaquée et c’est à vous qu’il appartient d’abattre les ennemis avec un arc et des flèches. Ici, l’on ressent directement le charme de la VR: l’on bouge les mains comme si l’on lançait réellement des flèches et même si l’environnement du jeu a un aspect plutôt de dessin animé, l’on a des sensations incroyablement naturelles et réalistes.

Des cris apeurés de fillette

Durant l’après-midi que nous avons testé le Vive, nous avons joué à huit jeux. Il nous faut cependant observer que l’offre se compose aujourd’hui surtout de ‘show cases’ pour démontrer les possibilités de la VR. Il n’existe pas encore de jeux où l’on peut jouer des heures durant. Le prochain Minecraft ou Call of Duty n’existe pas encore. C’est tout à fait normal aujourd’hui, mais il s’agit d’un élément important pour quiconque est prêt à débourser 899 euros pour un Vive ou 699 euros pour un Oculus Rift.

Deux jeux dominent les autres: Tilt Brush (Google) et The Brookhaven Experiment. Le premier peut être qualifié de Photoshop en 3D. Dans un espace virtuel, l’on peut sans limite dessiner, peindre et pulvériser d’une manière très intuitive. En très peu de temps, l’on arrive à dessiner ses propres personnages parmi lesquels on déambule, et que l’on peut peaufiner dans le détail.

Même si l’on progresse dans un espace de 3 x 3 mètres, l’on a l’impression de se trouver dans un monde infini, ce qui donne une énorme sensation de liberté – du moins jusqu’à ce que l’application le permette. Même un PC de jeu haut de gamme éprouve aujourd’hui encore des difficultés avec les applications VR, et il s’est planté au beau milieu d’un portrait d’Homer Simpson. A noter ici qu’il s’agit d’un produit de première génération qui présente encore quelques imperfections.

La réalité virtuelle devient subitement affreusement réaliste, lorsqu’on passe à The Brookhaven Experiment, un jeu d’horreur où l’on ne voit quasiment rien. Vous avez dans une main une lampe de poche et dans l’autre une arme. Et voilà que des zombies s’approchent tout doucement de vous, de tous côtés. Avec une partie de votre cerveau, vous essayez de prendre conscience que tout cela n’a rien de réel, mais le reste de votre corps est complètement transi par l’adrénaline. Il faut en effet non seulement regarder en permanence partout, mais aussi continuer d’utiliser votre lampe torche et votre arme en combinaison, afin de survivre. Il s’agit là et de loin de l’expérience la plus intensive que nous avons vécue avec le Vive. La seule chose que l’on retient du monde réel, c’est ce fichu câble sans cesse devant nos pieds à la fin de tourner en rond. L’interaction avec les mains en combinaison avec le fait de devoir bouger et tourner rapidement et avec précision le corps fait que les limites entre le réel et le virtuel semblent quelque peu dissipées. Hilarité générale de la part des spectateurs qui vous voient alors sauter en toute hâte et crier comme une petite fille. Une expérience intense certes, mais pas notre moment le plus glorieux.

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Pourquoi ne tombe-t-on pas?

Au-delà de cette expérience pratique, nous avions déjà signalé que le Vive délimite un emplacement où l’on peut déambuler librement. Une fois que vous avez chaussé les lunettes et que vous approchez trop près des limites de votre terrain jalonné, des barres vertes apparaissent. Vous vous retrouvez donc dans une cage virtuelle qui vous rappelle qu’il y a bien des limites physiques à vos aventures virtuelles.

Chaque jeu est différent au niveau de ces limites. Dans certains d’entre eux, il est possible de se téléporter, alors que d’autres semblent vous offrir un énorme espace de jeu, tandis que vous vous déplacez en réalité dans le même emplacement carré. Le fait que vous soyez debout, contribue en outre à rendre plus crédible votre monde virtuel par rapport à un jeu joué assis dans un fauteuil.

Confort

Les lunettes peuvent être aisément ajustées à votre tête, et leur finition souple fait qu’elles ne pèsent pas trop sur le visage. Même les gens qui portent des lunettes dans la vie, n’en pâtiront pas trop.

Durant les jeux, les lunettes s’avèrent donc agréables à porter. Nous ne nous voyons certes pas les utiliser directement six heures d’affilée, mais cela ne pose aucun problème pour un après-midi à jouer. Le câble du Vive disparaît à l’arrière de la tête. Il repose cependant sur le sol et on le sent donc, quand on bouge ou qu’on doit souvent pivoter sur soi-même. Il est préférable de le retirer partiellement du jeu, même si cela ne nous a pas fait chuter.

Ce qui peut toutefois arriver, c’est que vous souffriez de la chaleur durant les jeux. Le fait est qu’on bouge tout le temps et que le Vive recouvre le front jusqu’au niveau du nez. Si vous transpirez facilement, il vous faudra donc marquer assez rapidement des pauses. Cela s’avérera surtout incommodant, si vous partagez avec un autre joueur un casque Vive rendu humide par la sueur.

Test: le HTC Vive vous fait pousser des cris de fillette!
© Wim Kopinga

Le Vive en vaut-il la peine ou non?

Suite à cet après-midi de test, l’on peut conclure que le Vive est un premier casque VR certes réussi, mais encore loin d’être parfait. 2016 ne sera pour nous pas encore l’année de la percée de la réalité virtuelle, mais celle de la première génération de casques VR.

Ce qu’il faut à coup sûr retenir, c’est que l’offre de jeux actuelle est agréable et ouvre la porte vers une nouvelle façon de jouer. Mais les titres en vue offrant un scénario étoffé brillent provisoirement encore par leur absence. Pour tous ceux qui ont les moyens, le Vive vaut certainement la peine d’être acheté. Mais le joueur moyen attendra de préférence encore un an ou deux. A ce moment, la gamme de jeux sera plus large, il y aura davantage de cartes vidéo compatibles VR plus économiques, et le casque VR sera d’ici là encore amélioré.

A quels jeux avons-nous joué?

Lors de notre test du HTC Vive, nous avons utilisé huit jeux du catalogue Steam.

Comme nous n’avons joué que 10 à 20 minutes avec chacun d’eux, nous nous abstiendrons de tout jugement approfondi et de scores. Mais le fait est que The Brookhaven Experiment, Tilt Brush et The Lab nous ont surtout plu.

TheBlu

Ce jeu est en fait plus une expérience qu’un jeu proprement dit. L’on est plongé dans l’océan, où l’on peut observer de très près les baleines, tortues et autres habitants sous-marins. Une manière agréable de faire directement connaissance avec un environnement virtuel.

The Lab

Ce jeu gratuit de Valve comprend un tas de mini-jeux qui vous apprennent comment fonctionne la VR. Alors qu’avec TheBlu, on est surtout spectateur, l’on doit ici utiliser les deux bras/mains pour tirer des flèches avec un arc ou pour se téléporter.

Job Simulator

L’appellation est très évocatrice: l’on se trouve ici dans un bureau virtuel, où l’on peut effectuer plein de choses: tirer des manettes, utiliser un ordinateur, balancer du… matériel de bureau, etc. Ce n’est certes pas un grand jeu, mais c’est néanmoins une expérience intéressante.

The Brookhaven Experiment

L’obscurité, une lampe de poche, une arme et des dizaines de zombies qui sortent du noir pour se diriger vers vous. The Brookhaven Experiment est un jeu d’horreur, où la VR est exploitée de manière optimale. Même si le jeu se limite à tourner en rond et à tirer, il nous a quand même fait frissonner et crier, à tel point que nous avons dû nous forcer à nous rappeler que ce n’était pas la réalité.

Hover Junkers

Dans cette course à plusieurs joueurs, le but est de mettre les autres pilotes hors d’état de nuire. Comme tant la VR que le jeu sont relativement nouveaux, nous n’avons pas directement trouvé d’adversaires, mais le concept en vaut certainement la peine et ce, même si le jeu demande une introduction quelque peu plus longue que les autres. Il nous faut bien admettre aussi que la carriole cahoteuse dans laquelle on roule, peut parfois provoquer des étourdissements, alors qu’en réalité, on fait du surplace dans son living.

Budget Cuts

Dans ce jeu, vous vous livrerez à de l’espionnage et vous rôderez un peu partout, ce qui vous permettra d’apprendre à utiliser tous les boutons des contrôleurs de Vive. Vous pourrez vous transporter vous-même et devrez trouver la voie qui vous convient.

Audioshield

Ici, vous aurez un bouclier dans chaque main, alors que des boules de feu sont lancées dans votre direction au rythme d’une musique que vous choisirez vous-même. Plus vous dévierez de boules avec le bouclier ad hoc, plus vous marquerez de points. L’expérience est amusante, mais cela ne va guère plus loin que Guitar Hero pour la Wii.

Tilt Brush

Photoshop mais en vrai. Dans ce jeu, vous contrôlerez une brosse à peindre interactive avec laquelle vous effectuerez des dessins en 3D. C’est intuitif dans toute sa simplicité. En outre, vous pourrez visualiser votre création de tous côtés, ce qui vous donnera, en tant que ‘joueur’, un sentiment de grande liberté. Que vous vouliez réellement vous livrer à du design ou simplement passer à un niveau supérieur, Tilt Brush vous garantira l’une des expériences les plus agréables dans l’environnement VR.

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