Test: le Galaxy S10+ vaut-il son prix (fort)?

Le Samsung S10+ © .
Pieterjan Van Leemputten

Chaque fois que Samsung présente un produit-phare, on retient son souffle du côté de Cupertino et de Shenzhen. Un smartphone plus sophistiqué que le S10, cela n’existe momentanément pas, mais sera-ce suffisant pour que le numéro un du marché fournisse aussi un appareil dominant?

Samsung lance le S10 en plusieurs versions allant du S10e met (6 Go de RAM, 128 Go d’espace de stockage et batterie de 3.100 mAh) au S10+ à 12 giga-octets de RAM et 1 téraoctet d’espace de stockage. Le modèle que Data News a pu tester, se trouve à mi-chemin et est ‘le plus économique’ S10+ à 8 Go RAM, batterie de 4.100 mAh et 128 giga-octets d’espace de stockage. Son prix: 999,99 euros.

Le Samsung S10e, S10 et S10+
Le Samsung S10e, S10 et S10+© .

Design lisse

Le concept du S10+ capitalise encore sur la tendance que poursuit Samsung depuis quelques années déjà: offrir le plus grand écran et le moins de bord possibles, en deux mots l’Infinity Display.

Cela signifie que l’écran s’étend par-dessus tout. En bas, on trouve le scanner d’empreintes digitales intégré à l’écran, lequel se prolonge donc complètement. En haut, Samsung n’a pas opté pour une encoche, mais pour un petit orifice où sont installés deux objectifs d’appareil photo (contre un pour le S10 et le S10e).

On note d’une part un design audacieux à une époque, où les smartphones se ressemblent à 95 pour cent, mais d’autre part, c’est comme si l’appareil intégrait, de par son orifice, un énorme pixel ‘mort’ en haut à droite.

On ne sait pas trop quoi en penser. On note d’une part un design audacieux à une époque, où les smartphones se ressemblent à 95 pour cent, mais d’autre part, c’est comme si l’appareil intégrait, de par son orifice, un énorme pixel ‘mort’ en haut à droite. Au niveau de l’esthétique pure, l’appareil photo aurait peut-être pu se trouver à proximité du bord, alors qu’il y a une bordure d’écran tout autour qui semble inutile. On aurait pu aussi ajouter une encoche discrète au centre. Mais dans ce cas, on aurait peut-être conclu que Samsung fait ce que font tous les autres fabricants de smartphones.

Le S10+ propose aussi une face arrière en verre. Même si nous apprécions son design, il n’en reste pas moins que le téléphone est complètement lisse. C’est du reste un problème que l’on retrouve chez d’autres smartphones haut de gamme. Il s’agit donc de bien le tenir ou de prévoir un étui pour éviter de le lâcher.

Un bon point pour le S10+, c’est la présence d’une prise casque. Alors que d’autres marques se contentent d’un ‘dongle’ (ou incitent à acquérir de coûteuses oreillettes Bluetooth), Samsung fournit ce que beaucoup de consommateurs apprécient encore et toujours fortement: une prise compatible avec la majorité des casques lancés sur le marché depuis les années quatre-vingts.

Dans la boîte

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Le S10+ n’est pas fourni seul d’origine. En plus d’un chargeur rapide USB-C, il est accompagné en effet d’oreillettes ‘in-ear’ d’AKG avec des embouts de trois différentes tailles. Même si nous ne sommes pas des fans des oreillettes ‘in-ear’, il nous faut reconnaître ici qu’elles sont particulièrement confortables. Elles ne pressent pas les oreilles, tout en restant bien en place, lorsqu’on fait du sport par exemple. Elles disposent de boutons de volume et de pause.

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En outre, Samsung a prévu deux mini-adaptateurs: d’USB vers USB-C, notamment pour transférer physiquement des données entre deux téléphones, ou pour recharger un autre appareil avec la batterie du S10+. Il est possible aussi de recharger sans fil un autre smartphone ou une montre connectée avec le S10+, du moins si ce dernier le/la supporte.

A noter aussi la présence d’un adaptateur micro-USB vers USB-C, afin de rendre un chargeur plus ancien directement compatible avec la toute dernière génération USB-C.

Batterie et chaleur

Avec une batterie de 4.100 mAh, on peut dire sans se tromper que le S10+ est bien équipé. En pratique, cela signifie que dans le cas d’une journée ordinaire calme (déconnexion du secteur à 8H30′, plusieurs brèves communications téléphoniques durant la journée, un peu de surf sur les médias sociaux, écoute musicale pendant une demi-heure et un peu de Whatsapp) on dispose à 23H encore et toujours de soixante pour cent de l’énergie de la batterie. Avec ce genre d’utilisation, on peut tenir deux jours durant sans problème.

Même en jouant à des jeux lourds au niveau du graphisme, tels PlayerUnknown’s Battlegrounds, on ne peut pas dire que la charge de la batterie régresse de manière dramatique en peu de temps. Le téléphone s’échauffe certes quelque peu, mais pas outrancièrement. Nous n’avions pas emporté de thermomètre, mais il nous a semblé que le fait d’effectuer des photos pendant tout un temps exerçait un impact plus important sur l’échauffement de l’appareil.

Le S10+ peut-il dès lors toujours tenir le coup durant plus d’une journée? Non. Dans un autre ‘test case’, nous avons déconnecté l’appareil du secteur à 6H30′ pour l’utiliser très intensivement par la suite, à savoir dans la matinée un changement d’activité quasiment toutes les dix minutes: Google Maps, e-mail, photos, Whatsapp, diffusion musicale, médias sociaux, etc. Même en réglant la luminosité de l’écran à deux tiers, on en était à midi à soixante pour cent de l’énergie de la batterie, alors qu’à 16 heures, la réserve était descendue à 25 pour cent (toujours au même rythme d’utilisation).

Il ne s’agit certes que d’un test, mais quiconque utilisera intensivement son téléphone, sans pour autant jouer à des jeux particulièrement gloutons, sera quand même bien inspiré d’avoir sous la main un chargeur ou un ‘battery pack’.

Excellent appareil photo

S’il est un élément à propos duquel nous n’écrirons rien de négatif, c’est bien l’appareil photo (ou plutôt les cinq appareils photo) du S10+. Même en zoom 2x, la qualité demeure excellente. On distingue même parfois des détails que l’on a de prime abord à peine vu à l’oeil nu.

L’objectif grand angle assure, comme son nom l’indique, une façon de photographier particulièrement large. Des modes tels le ralenti et le super-ralenti (960 images à la seconde) font que ce smartphone réalise de très bonnes prises de vue dans quasiment toutes les circonstances. L’amortissement des chocs assure aussi des photos d’action de manière à la fois fluide et stable. En combinaison avec l’étanchéité tant à l’eau qu’à la poussière (IP68), cela signifie que l’on peut utiliser l’appareil dans quasiment toutes les circonstances.

S’il est un élément à propos duquel nous n’écrirons rien de négatif, c’est bien l’appareil photo. On distingue même parfois des détails que l’on a de prime abord à peine vu à l’oeil nu.

Cela s’applique également pour l’appareil photo en façade, où le logiciel propose un tas d’ajustements destinés à filtrer et à améliorer en temps réel les selfies: de la couleur de la peau jusqu’à la grosseur du nez. Autrement dit, les amateurs de selfies pourront les améliorer à leur gré avec le S10+. Mais souvenez-vous quand même que malgré la large palette d’améliorations des selfies, la véritable beauté, c’est celle qui vient de l’intérieur…

Interne

A propos de beauté intérieure, le S10+ n’en manque pas. Rayon spécifications, il est actuellement ce qui se fait de mieux sur le marché des appareils courants. Sa version la plus sophistiquée dispose de douze giga-octets de RAM, ce qui, jusqu’il y a peu, ne se retrouvait que dans un PC de jeux.

Il en résulte que le S10 fonctionne de manière fluide même avec des jeux lourds, les paramètres graphiques les plus élevés et en utilisation intensive. On ne peut en dire grand-chose de plus que ‘c’est un appareil rapide’, mais il se fait que le S10+, même en version de 8 Go que nous avons testée, ne fait aucun compromis en matière de jeux, visionnement, photos et vidéo.

Logiciels et AI

Pas de compromis sur le plan technique, mais on ne peut malheureusement pas en dire autant des logiciels. Ce que nous apprécions, c’est que l’appareil dispose de quelques extras utiles, comme le support de deux comptes Whatsapp ou Signal (l’appareil peut du reste accueillir deux cartes SIM, ou une carte SIM et une carte microSD).

Samsung promet que son intelligence artificielle (AI) veillera à ce que l’appareil apprenne à connaître vos habitudes et lance ou clôture donc en temps voulu des applis pour conserver des performances et une capacité de la batterie optimales. Peut-être deux semaines sont-elles une durée insuffisante pour former l’intelligence du S10+, mais dans la pratique, nous n’avons en tout cas pas remarqué grand-chose de tout cela.

La bonne nouvelle, c’est que Bixby reconnaît bien nos commandes vocales, et la mauvaise, c’est qu’il a l’intelligence d’un chien pas si bien dressé.

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L’assistant vocal Bixby, qui n’est officiellement pas encore lancé en Belgique, mais qui dispose d’un bouton physique séparé et fonctionne en anglais, s’avère à tout le moins bizarre. La bonne nouvelle, c’est que Bixby reconnaît bien nos commandes vocales, et la mauvaise, c’est qu’il a l’intelligence d’un chien pas si bien dressé.

Si on lui dit “open mailbox”, l’appli ne sait pas ce qu’elle doit ouvrir, même après que nous ayons utilisé quotidiennement deux semaines durant notre compte Gmail ou l’appli Boxer (une appli e-mail de VMware). Mais si on lui “Open Boxer”, Bixby sait ce que nous voulons dire.

Même avec les commandes que Samsung suggère elle-même, il y a parfois des erreurs. C’est ainsi que l’appareil donne comme exemple “Show me the photos I took today”. Cela fonctionne certes, mais on obtient du coup aussi un aperçu des photos reçues via Whatsapp. C’est un détail, mais pas du tout anodin, si nous voulons montrer nos photos par commande vocale, mais pas celles (incongrues ou pas) que nous avons reçues d’autres ce même jour.

Scanner d’empreintes digitales

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Ajoutons encore que le scanner d’empreintes digitales ne fonctionne quasiment pas. Samsung annonce qu’il s’agit là d’une maladie de jeunesse résolue par une mise à jour. Cela alla un peu mieux par après, mais il n’en reste pas moins qu’il s’avéra encore et toujours difficile d’enregistrer une empreinte digitale et de la faire reconnaître. ‘Appuyez plus fort’, ‘couvrez bien tout le scanner’, avons-nous obtenu comme messages: s’il s’était agi d’autres parties du corps que le doigt, nous aurions pu faire un complexe d’infériorité…

Nous sommes convaincus que cela était dû au fait que nous avons testé l’un des tout premiers exemplaires. Cela arrive en effet assez souvent avec de nouveaux appareils, mais cela n’explique pas tout. Heureusement, la reconnaissance faciale fonctionne plus que correctement, ce qui fait que l’on a en soi pas vraiment besoin du scanner d’empreintes digitales.

Ce que nous reprochons à Samsung, c’est son ineptie marketing à propos du scanner. Lors de la présentation de l’appareil, l’entreprise s’est en effet targuée de disposer d’un scanner d’empreintes digitales en 3D, alors que la concurrence doit se satisfaire de la 2D. Dans la pratique, cela ne fait cependant guère de différence. Les empreintes digitales servent pour l’identification, mais une identification sur base d’un seul doigt génère, même dans les meilleures conditions, un ‘false positive’ (faux positif) dans 0,5 à 2 pour cent des cas.

C’est du reste la raison pour laquelle il convient de scanner les dix doigts lorsqu’on se rend aux Etats-Unis ou en Chine. Que ce soit en 2D ou en 3D, nous doutons que cela rende le téléphone nettement plus sûr. Notre principale observation concernant le scanner, c’est qu’il fonctionne à peine, quelle que soit la dimension.

Abusif

Malheureusement, Samsung souffre aussi de ‘crapware’. Un terme qui renvoie surtout à l’ère du PC et qui couvre des logiciels ou des fonctions indésirables ou inutiles. C’est ainsi que lors du paramétrage du téléphone, ce dernier nous a demandé à plusieurs reprises si nous voulions recevoir des informations de marketing. Sérieusement? Un téléphone qui coûte jusqu’à 1.600 euros et dont l’une des premières questions qu’il nous pose, est de savoir si nous voulons recevoir de la publicité… En voilà des manières!

Samsung S10
Samsung S10© .

Samsung fournit aussi d’origine MS Office. C’est certes pratique, mais des applis telles Word et Excel peuvent être parfaitement téléchargées gratuitement de Google Play. Samsung ajoute encore son ‘Galaxy Store’, un magasin d’applis pour le S10+ livré avec… applis. Sont-ce alors des applis spéciales? Non. Des applis uniques? Non. Simplement une variante limitée de Google Play et par conséquent complètement superflue, mais qui domine l’écran de démarrage.

Le prix fort se justifie-t-il?

Le S10+ est-il un bon appareil? Oui. Malgré nos remarques, il est l’un des meilleurs smartphones du moment et ce, tant sur le plan des spécifications, des appareils photo et des possibilités qu’il offre. Les imperfections du scanner d’empreintes digitales peuvent être gommées par voie logicielle, et nous pensons que le téléphone s’améliorera encore au fur et à mesure qu’il apprendra à mieux connaître vos habitudes.

Mais nous ne cachons pas non plus une certaine déception. Le ‘crapware’ n’a pas sa place sur un appareil premium. Et les maladies de jeunesse sur de la technologie entre-temps devenue mature n’ont pas non plus leur place chez le numéro un du marché.

Tout bien considéré, nous nous demandons si cet appareil vaut bien son prix. Si nous le comparons, disons, avec le OnePlus 6T, un appareil sorti en novembre et coûtant 619 euros, il nous faut constater que la qualité des appareils photo, la prise casque et l’étanchéité constituent les principales différences entre les deux. Mais cela justifie-t-il que le S10+ soit vendu trois fois plus cher?

Voilà le principal dilemme auquel nous sommes confrontés. Certes, Samsung équipe le S10+ de tout le tralala possible, mais en dehors de la qualité des appareils photo, il n’y a aucune caractéristique qui fait vraiment la différence avec la concurrence. Aspirez-vous au top du top et l’argent n’est-il pas un problème pour vous? Achetez dans ce cas un S10+. Voulez-vous la crème de la crème, tout en vous satisfaisant de 98% de ce qu’offre le S10+? Vous trouverez alors pour un prix inférieur quasiment un aussi bon téléphone à la concurrence.

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