Test: jouer dans le nuage avec PixelStellar
Vous avez du temps libre pour jouer, mais pas d’argent pour acheter un puissant PC de jeu? Un service de diffusion belge entend résoudre la question en faisant tourner des jeux sur votre propre PC virtuel dans le nuage (cloud).
Jouer dans le nuage, voilà une annonce qui remonte à deux ans déjà, mais l’on en attend encore et toujours le grand décollage. PixelStellar, un service de la plate-forme MyGDaaS de la firme belge Cloudalize, lance à présent sur le marché une solide offre à 1 euro de l’heure. Voilà qui est parfait pour ceux/celles qui veulent jouer à un jeu exigeant sur le plan du hardware, mais qui ne veulent pas acquérir de carte graphique pour quelques centaines d’euros.
Mode de fonctionnement
Chez PixelStellar, on ne loue pas de jeux, mais bien un desktop virtuel (sur Citrix). Dans sa version alpha actuelle, qui ne tourne que sur Windows, on trouve 4 processeurs Intel Xeon E5-2690 v3cadencés à 2,60 GHz avec 32 giga-octets de RAM, 200 giga-octets sur SSD, 2.048 coeurs CUDA (160,4 gb/s avec 4 Go de mémoire). Début 2018, l’entreprise souhaite également lancer une offre pro caractérisée par des spécifications plus avancées et tournant aussi sur MacOS et Linux. La version bêta, pour laquelle une campagne de financement participatif (crowdfunding) vient de se terminer avec succès, tournera sur une carte GTX1080 Ti.
La principale exigence pour un déroulement de jeu fluide réside dans une excellente connexion réseautique. Cela représente une vitesse de téléchargement de 15 Mbps avec une latence inférieure à 25 millisecondes et une gigue (jitter) de moins de 5 ms. PixelStellar propose elle-même un test de vitesse sur son site pour avoir une bonne estimation en la matière.
Il nous faut cependant faire observer ici que ces spécifications ne sont pas évidentes. Nous avons-nous-mêmes testé PixelStellar sur un PC de jeu moderne via une connexion Telenet qui passait par un adaptateur powerline Devolo DLAN 1200+ avec un câble ethernet. Nous avons ainsi obtenu 50 Mbps (le maximum de notre abonnement) avec 3,14 ms de gigue, mais 31 ms de latence.
Mode d’installation
Le service exige que vous installiez d’abord un client, mais PixelStellar prévoit une rubrique FAQ claire pour vous guider. Dans votre PC virtuel, on trouve quelques clients de jeux tels Steam, Origin, Uplay et Battle.net préinstallés. Vous pourrez vous y connecter avec votre compte et installer les jeux que vous possédez déjà.
Ce qui saute ici aux yeux, c’est l’incroyable vitesse de téléchargement et d’installation. Le PC virtuel atteint des vitesses de téléchargement de 80 mégabits par seconde et grâce au SSD, l’installation s’avère nettement plus rapide que ce à quoi nous étions habitués sur notre propre machine.
Expérience de jeu
Nous avons testé trois jeux: Trackmania, un jeu de course, Tropico 4, un jeu de stratégie, et Overwatch, un puissant jeu de tir à la première personne datant de mi-2016. C’est surtout pour ce dernier que nous étions curieux de voir ce que cela allait donner car ici, les exigences système sont les plus lourdes, et un temps de réaction rapide est crucial pour survivre dans le jeu.
Avec Tropico 4, nous n’avons enregistré aucun problème. Le jeu se charge rapidement et se déroule de la même manière que sur notre propre machine. Comme il s’agit d’un jeu de stratégie, où le temps de réaction joue un moindre rôle, nous n’avons connu aucune difficulté. Il était quand même agréable de constater qu’au niveau du graphisme, nous n’avions pas le sentiment de nous trouver si éloignés de l’ordinateur virtuel.
Pour Trackmania, cela se passa de manière un peu moins fluide. Dans un premier temps, le jeu démarra sans problème, mais nous avons eu droit ensuite à une interface inutilisable. Un ajustement de la résolution du jeu nous apporta finalement la solution.
Avec Overwatch, nous avons eu à faire à un autre problème: ici, le jeu démarra également aisément, mais dès que notre personnage bougeait, il ne cessait de regarder vers le haut. Ce problème était bien connu de PixelStellar, qui nous conseilla d’activer l’option ‘relative mouse’.
Lors d’une nouvelle tentative, le problème avait disparu. Du point de vue du graphisme, le jeu s’avéra parfait, comme si nous l’utilisions localement. Se déplacer dans le jeu ne pose pas de difficulté. Pourtant, c’est ici même que le bât blesse un peu: il se peut que cela soit dû au nouveau paramétrage de la souris, mais l’interaction avec cette dernière sembla un peu vaseuse. C’est comme si nous avions englouti quelques bières durant le jeu.
Nous somme donc restés avec un double sentiment: le jeu même se joue parfaitement: pas de crashes, des mouvements corrects. Nous avons cependant observé un tantinet moins de précision, ce qui s’est vite ressenti avec un jeu de tir à la première personne aussi intensif qu’Overwatch. Cela pourrait donc gêner un joueur chevronné. Pour des joueurs moins expérimentés tels votre serviteur, rédacteur chez Data News, c’était acceptable.
Conclusion: bien ou assez bien?
PixelStellar nous a laissé un sentiment mitigé, même si nous sommes pleins d’espoir. Le service fonctionne bien et en cas de problème, la rubrique FAQ propose des explications claires dans de nombreux cas. Mais il n’est pas (encore) 100 pour cent impeccable. Ce sont précisément les jeux les plus intensifs que vous ne pouvez pas faire tourner chez vous, qui s’avèrent les plus intéressants à utiliser sur un PC virtuel. Un jeu graphiquement plus simple tel Tropico 4 a, lui, des exigences système moindres. Pour un RPG, qui peut être puissant sur le plan du graphisme, mais où un écart d’une milliseconde est moins important, c’est l’idéal.
Loin de nous de condamner PixelStellar. Il nous faut insister sur le fait que notre latence est un peu supérieure à celle recommandée, et qu’il s’agit actuellement encore d’une version alpha tournant au départ de Londres. Mais Cloudalize, l’entreprise à l’initiative du service, négocie actuellement avec des fournisseurs belges pour prévoir à terme un emplacement chez nous.
Si le service en version bêta, puis ultérieurement en version définitive gomme ses principales imperfections (comme l’histoire de la souris), il s’agira à n’en point douter d’un service particulièrement intéressant pour quiconque souhaite jouer de temps à autre à un jeu plus lourd au niveau du graphisme, ou qui désire commencer à jouer en attendant un nouveau PC. Pour 1 euro de l’heure, sans frais de départ ou accessoires supplémentaires, vous en aurez bel et bien pour votre argent.
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