Test du nouvel ordinateur à voter et de la procédure à suivre
L’électeur qui votera le dimanche 14 octobre prochain, trouvera dans 151 villes et communes du pays un nouvel ordinateur à voter. Quelques exemplaires ont été installés en maints endroits pour vous permettre de vous exercer. Nous avons effectué le test et avons suivi les manipulations de quelques centaines de personnes.
L’électeur qui votera le dimanche 14 octobre prochain, trouvera dans 151 villes et communes du pays un nouvel ordinateur à voter. Quelques exemplaires ont été installés en maints endroits pour vous permettre de vous exercer. Nous avons effectué le test et avons suivi les manipulations de quelques centaines de personnes.
Les nouveaux ordinateurs à voter ont été fabriqués par Smartmatic, une multinationale assez jeune (fondée en 2000), spécialisée dans ce qu’elle appelle elle-même les “complex purpose-specific technology solutions”. Et en effet, ces ordinateurs à voter offrent un concept très spécifique, du fait qu’ils ne peuvent être utilisés que dans un seul but, à savoir voter.
En échange de votre carte d’identité et de votre convocation, l’électeur que vous êtes, recevra une carte à puce. Vous rejoindrez avec celle-ci un isoloir dans lequel se trouve un ordinateur à voter. Ce dernier se compose d’un écran tactile monochrome de 17 pouces (43,5 cm) en mode portrait. L’écran vous invitera à introduire la carte à puce dans le lecteur de cartes.
Carte à puce Après avoir introduit la carte à puce, celle-ci sera d’abord validée. Cela ne prendra que quelques secondes, mais il semble que cela représente déjà pour beaucoup une première pierre d’achoppement. Comme elles ne voient pas apparaître directement la liste des différents partis à l’écran, certaines personnes pensent qu’elles n’ont pas introduit correctement la carte à puce et elles la retirent. Cette manipulation rend cependant la carte à puce inutilisable, de sorte qu’il faut en demander une nouvelle et recommencer la procédure. Un système dans lequel la carte aurait été entièrement engloutie, comme dans le cas de nombreux terminaux Bancontact, aurait permis de solutionner ce problème.
Après la validation vient le choix proprement dit. Cela se passe à chaque fois en trois étapes: le choix du parti pour lequel vous souhaitez voter, le choix du/des candidat(s) au sein de la liste ou le vote en tête de liste et, finalement, la confirmation de votre choix. Pour ces élections-ci, vous devrez parcourir ces trois étapes d’abord pour le conseil communal, puis pour le conseil provincial et, si c’est d’application, une fois encore pour le conseil de district.
Problèmes possibles Pour les électeurs plus âgés, la procédure pourrait paraître un peu compliquée. Voici à leur attention quelques problèmes constatés à plusieurs reprises:
• L’écran est très sensible, ce qui fait qu’avec le côté de la main heurtant l’écran, l’on peut par mégarde cocher subitement trois candidats.
• Malgré la grandeur de l’écran, les candidats successifs se retrouvent encore et toujours assez proches les uns des autres. Une touchette pas très précise de l’écran peut par mégarde entraîner la sélection de deux candidats proches.
• A l’inverse, certains électeurs osent à peine toucher l’écran et ne sélectionnent donc rien. Comme l’ordinateur ne veut évidemment pas poursuivre la procédure, certaines personnes peuvent paniquer.
• Pas mal de seniors tremblent un peu et le fait de se retrouver subitement dans un isoloir face à face avec un appareil bizarre n’améliore certainement pas les choses. Comme une seconde touchette sur un candidat déjà sélectionné annule cette sélection, nous avons vu à plusieurs reprises des personnes qui sélectionnaient un candidat, puis l’annulaient directement après en raison du tremblement de leur main.
Bulletin de vote à code QR Si le vote s’est correctement passé, l’ordinateur à voter génère un bulletin de vote qui ressemble à un ticket de caisse du supermarché. Il est imprimé sur du papier thermosensible, ce qui n’est pas très respectueux de l’environnement, mais qui évite que d’ici 2014, après deux années d’inactivité, les têtes d’impression des imprimantes incorporées se bouchent. Il s’agit en fait de têtes d’impression thermiques.
Le bulletin de vote porte tout en haut un code QR d’une taille particulièrement grande qui contient évidemment votre vote encodé. Vous allez devoir vous-même le faire lire par le scanner. Sous le code QR, vous découvrirez également en langage clair et compréhensible pour quelle liste et pour quel(s) candidat(s) vous avez voté. Vous pourrez donc contrôler, à condition toutefois d’avoir de bons yeux, car le texte est imprimé dans une police de caractères qui correspond plus ou moins à Times New Roman de taille 7.
Direction le scanner Dans la brochure relative au vote numérique, l’on trouve à présent une explication assez compliquée à propos du pliage du bulletin de vote. Cela donne l’impression qu’il s’agit d’un élément essentiel de la procédure de vote, mais tel n’est évidemment pas le cas. Le seul but de cette manoeuvre est qu’après avoir quitté l’isoloir, d’autres personnes ne puissent voir pour qui vous avez voté. En orientant vers le bas la face du bulletin portant le texte, vous obtiendrez le même résultat.
Pendant que les électeurs s’évertuent à plier très minutieusement en deux leur bulletin, ils oublient souvent de retirer leur carte à puce de l’ordinateur. Pas de panique car une alarme retentit alors. Pour l’arrêter, il ne suffit pas de retirer la carte à puce. Quelqu’un doit alors intervenir et entrer un code secret. L’utilité de cette manoeuvre nous échappe complètement. Nous craignons que cela génère quelques contretemps pendant le vote, surtout en période de pointe.
Le papier thermique se présente en rouleaux d’un diamètre de 10 cm environ. Son fabricant a prévu une large réserve, puisque l’ordinateur à voter déclenche une alarme nettement trop précoce pour signaler qu’il convient d’installer un nouveau rouleau de papier. Cela se traduit par un bruit strident désagréable que l’on peut interrompre, mais qui se fait de nouveau entendre dans la minute qui suit. Entre-temps, il devient impossible d’encore voter sur cette machine et ce, jusqu’à ce que le rouleau soit remplacé et que vous deviez par la force des choses mettre à la poubelle encore quelques mètres de papier de l’ancien rouleau. Gaspillage, vous avez dit gaspillage?
Après avoir voté, vous vous dirigerez avec votre bulletin de vote plié vers le scanner. Il s’agit en fait d’un appareil deux-en-un: un scanner et une urne pour recevoir les bulletins. Vous déplierez votre bulletin et placerez son code QR face à une petite fenêtre. L’ensemble du carré QR doit reposer sur la fenêtre, mais comme l’arrière du bulletin de vote est maintenant dirigé vers vous, ce n’est pas évident. La lumière émise par le scanner transparaît à travers le papier, mais quand même…
Dans l’urne Durant nos tests, il est apparu parfaitement possible immédiatement après le scannage du bulletin de vote de le scanner une deuxième (et même une troisième, une quatrième,…) fois et à chaque fois, le vote est accepté. Nous supposons qu’il s’agit là d’une conséquence de l’installation de démo et que cela ne sera pas possible le jour des élections. Votre voix est enregistrée par le scannage. Il est clair que le scanner est la ‘véritable’ machine enregistreuse et que les ordinateurs à voter dans les isoloirs ne servent qu’à convertir votre vote en un code QR.
La dernière étape consiste à déposer le bulletin de vote dans l’urne. Si vous ne pouvez le faire vous-même, vous devez d’abord de nouveau plier le bulletin avant de le remettre à l’assesseur, sous peine que celui-ci ne voit pour qui vous avez voté. L’urne se trouve juste derrière la fenêtre de scannage. Une installation dangereuse car, comme nous l’avons constaté à plusieurs reprises pendant les tests, il suffit d’un seul moment d’inattention de l’assesseur pour que l’électeur dépose lui-même son bulletin de vote dans l’urne sans le scanner et donc sans voter.
Conclusion Nous ne doutons pas que les nouveaux ordinateurs à voter qui seront installés dans 151 villes et communes du pays le 14 octobre prochain, garantissent la confidentialité des électeurs qui suivent correctement la procédure. Nous ne doutons pas non plus du fait que l’ordinateur à voter convertisse correctement le vote en code QR. Et nous ne doutons pas non plus que le scanner interprète correctement ce code QR. Mais nous doutons quand même que les élections se déroulent partout de manière fluide et sans retards.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici