Tout est déjà dit: il est temps que nous agissions

Il arrive que les textes s’écrivent tous seuls. Les caractères, les mots et les phrases s’enchaînent alors sur le clavier à une vitesse à peine inférieure à celle du fonctionnement de l’esprit. Vous voulez exposer un point de vue et vous voilà en train de coucher sur papier 4.000 caractères en un temps record, même s’il faudra ensuite en retirer 600 avant la mise en page. Mais ce texte-ci est l’exception qui confirme la règle. Rien que le premier paragraphe a été supprimé trois fois avant de le recommencer.

Cette quatrième tentative s’ouvre sur une confession : en réalité, je ne savais pas vraiment lors des trois premiers essais quel point de vue je voulais vraiment exposer. Une opinion que je n’aurais pas exprimée à maintes reprises, sous des formes différentes, mais avec chaque fois le même message. Que le biotope ICT n’est pas un bon reflet de la société. Qu’il faut le féminiser d’urgence. Et le diversifier, dans tous les sens du terme.

Non pas qu’il s’agisse là uniquement de mon opinion personnelle, mais que depuis plusieurs dizaines d’années, des études menées au niveau professionnel, psychologique ou de l’emploi démontrent qu’une stratégie inclusive se révèle payante. Stimuler la diversité sur le lieu de travail n’est pas un slogan vide de sens, mais une décision pertinente, tant sur le plan interhumain que professionnel. Constituer des équipes diverses offre de meilleurs résultats. La diversité sur le lieu de travail enrichit nos vies. Or cette réflexion, j’ai déjà voulu la partager si souvent dans mes articles. Ma quatrième tentative de rendre cet édito pertinent n’est donc pas une tentative de justifier cette opinion par une énième statistique. Peut-être s’agit-il d’ailleurs là du véritable nœud du problème. Car tout a déjà été dit et écrit. Plus besoin d’énumérations interminables, de preuves manifestes, de résultats d’enquêtes supplémentaires ou d’opinions d’experts. Nous le savons, point. Assez causé, il faut agir : de la parole aux actes. Car finalement, c’est encore nécessaire. Permettez-moi toutefois cette dernière statistique d’Agoria ICT : dans l’industrie numérique, la part des femmes dans l’emploi est passé d’exactement 26,1% en 2008 à 28,1% en 2022. Quelle lenteur, encore et toujours. Mais si l’on ventile ces chiffres par catégorie, le tableau devient totalement différent. Combien de programmeurs ? Et combien de cadres ? Il est grand temps de passer à l’action et ne plus se contenter de mots.

Un nombre croissant de femmes luttent désormais pour atteindre des postes de direction, et c’est une bonne chose. Il s’agit souvent de réussites acquises de haute lutte, mais rarement répercutées dans la presse. La première CEO féminine chez Standard Boekhandel, Inge Neven comme première femme CEO de VITO, Pascale Van Damme comme première présidente de l’Union belge, et plus loin de chez nous, Japan Airlines qui nomme pour la première fois une ancienne stewardesse aux fonctions de CEO. Il ne s’agit là que de quelques exemples qui ont fait la une plus tôt dans l’année. Une femme dirigeante: voilà qui faisait encore l’actualité ces derniers mois. Mais certes, elles font le job et le méritent. C’est pourquoi nous avons décidé cette année de poursuivre l’initiative She Goes ICT et de mettre en lumière de nouveaux modèles.

Reste que dans l’ombre des projecteurs, les femmes sont et restent sous-représentées parmi les cadres moyens, comme le montre une récente étude d’IBM. Résultat: il reste toujours moins de futurs cadres moyens féminins que masculins dans les structures hiérarchiques. C’est inquiétant, et pas uniquement pour les femmes. Car lorsqu’une organisation mise sur l’égalité des genres, ses bénéfices nets sont tangibles. Mais on en revient toujours à la réflexion que j’ai si souvent évoquée et que je voudrais réitérer, même si nous le savons désormais parfaitement bien. Tout est en fait déjà dit : il est temps que nous agissions. De la parole aux actes.