Carte blanche
Les femmes et l’entreprenariat: les hommes sont le lien manquant
Certains préjugés sociaux ont la vie dure. Comme celui voulant que ce soient les hommes qui distinguent partout des opportunités et estiment qu’elles doivent être saisies par tout un chacun, y compris par les femmes. Voilà pourquoi Dewi Van de Vyver (Flow Pilots) et Lode Uytterschaut (Start it @KBC) se sont associés pour rédiger cette opinion à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme.
A propos des auteurs: Dewi Van de Vyver est l’ICT Woman of the Year 2020, Mentor de Start it @KBC et CEO de Flow Pilots. Lode Uytterschaut est fondateur et CEO de Start it @KBC. Les deux entrepreneurs ont appris à se connaître lors d’une rencontre initiale dans le cadre d’un mentorat.
Nos préjugés sociaux ont la vie dure. Comme celui voulant que ce soient les hommes qui distinguent partout des opportunités et estiment qu’elles doivent être saisies par tout un chacun, y compris par les femmes. Tout petits déjà, nous sommes programmés pour penser ainsi. De certaines études, il apparaît que les filles, dès qu’elles ont six ans, pensent que les garçons sont mieux adaptés aux ‘activités de haut vol’, comme les mathématiques. En d’autres mots, le problème s’étend bien au-delà du simple entreprenariat et apparaît beaucoup plus tôt qu’il n’y paraît.
Quiconque ne voit pas comme un problème la sous-représentation des femmes dans le paysage entrepreneurial, mine notre avenir à nous tous.
Nous sommes tous – hommes et femmes – des produits de notre éducation et de notre environnement. Et cela dénature irrémédiablement notre vision. On ne peut reprocher à personne ce regard dénaturé, mais bien qu’on ne le reconnaisse et qu’on ne l’élargisse pas. Quiconque ne voit pas comme un problème la sous-représentation des femmes dans le paysage des jeunes pousses en particulier et des entreprises en général et continue de s’en tenir à des clichés et à des stéréotypes, mine notre avenir à nous tous.
A propos de sushis et autres modèles
Il existe également des préjugés à propos de la culture des startups. Parfois à raison, parfois à tort. Le secteur des jeunes pousses affiche encore et toujours l’image d’un travail de jour comme de nuit, d’un dévouement personnel illimité et de pizzas en veux-tu, en voilà. Nombre de startups ressentent à un moment donné que cette culture unilatérale représente un boomerang. Et qu’il ne faut plus être productif, lorsqu’on effectue un travail complètement abrutissant. Et qu’on apprécie les sushis…
Fonder une startup exige une extrême concentration et un dévouement personnel à toute épreuve. On s’occupe de quelque chose de nouveau, mais cela se traduit parfois par des successions rapides d’émotions où s’enchaînent succès et échecs. Il n’est pas toujours simple d’y faire face. Cela n’est possible qu’avec le support et la tolérance de l’environnement, de la famille, des amis et du conjoint. Les longues journées, les moments difficiles et le stress peuvent peser, et on a alors besoin d’encouragement et de compréhension.
C’est un cliché enraciné qui n’est pas accepté par la gent féminine.
L’âge moyen des fondateurs est de 35 ans chez Start it @KBC. A cet âge-là, la plupart des gens ont une famille avec des petits enfants et un ménage. En raison de modèles à suivre bien ancrés que nous continuons de suivre consciemment ou non, leur organisation est encore et toujours en grande partie l’affaire des femmes. Nombre d’entre elles n’ont de ce fait ni l’espace physique ni l’espace mental pour gérer à cent pour cent leur propre entreprise, et encore moins pour l’envisager. Et si elles le font, c’est leur environnement qui se montre nettement plus critique.
En tant qu’homme, on fait l’objet de beaucoup moins de remarques, lorsqu’on rentre tard chez soi, qu’on confie les enfants à la famille ou qu’on n’apparaît pas à l’entrée ou à la sortie de l’école. Les femmes doivent alors encore et toujours se justifier nettement davantage, La compréhension et le soutien, qui sont nécessaires pour matérialiser ses ambitions, est dans notre société encore et toujours plus faciles à obtenir quand on est un homme qu’une femme. Et cela empêche les femmes de s’exprimer pleinement. Pour laisser aller les choses et faire ce qu’elles veulent.
A propos de sansevierias et d’inclusion
Les hommes, qui fondent des startups, sont insuffisamment conscients que leur environnement entrepreneurial est aussi un environnement très machiste. On le sait bien: place au ‘kicker’ et à la table de pingpong, au petit goal de foot et, avec un peu de chance, à une sansevieria complètement défraîchie. Une atmosphère guère accueillante pour les femmes en quelque sorte! Dans les offres d’emploi, on retrouve du reste cet aspect machiste parfois encore un peu plus insistant. Les femmes se sentent donc moins concernées, lorsque des startups recherchent des marketing heroes ou des sales ninjas.
Les entrepreneuses devraient servir davantage encore de modèles à suivre. Des initiatives telles She Goes ICT et Female Founders sont indispensables pour montrer aux femmes qu’il est réellement possible d’entreprendre, de diriger une startup ou d’y travailler. Mais les entrepreneurs peuvent aussi assumer ce rôle en engageant activement des femmes et en créant un environnement de travail inclusif.
Une équipe variée, où hommes et femmes se côtoient de manière équilibrée, s’avère très enrichissante. Cette complémentarité vaut son pesant d’or pour une entreprise et engendre de meilleurs résultats à tous les niveaux. Nos expériences au sein de Flow Pilots et avec les jeunes posses dans la communauté de Start it @KBC le démontrent du reste en suffisance.
Nous avons besoin de davantage de fondatrices et de directrices! Ne serait-ce que pour relever les défis qui nous attendent. Il ne faudrait alors plus écrire de chroniques telles que celle-ci…
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