Bart De Waele
Je hais les startups
Comprenez-moi bien! J’aime les startups, puisque j’en ai été moi-même une, que j’ai été partie prenante de plusieurs d’entre elles, que j’ai investi dans certaines et que j’essaie de me libérer une à deux heures chaque semaine pour en aider et en conseiller. (Contactez-moi sans problème!)
J’aime les startups. Les entreprises sont le moteur du bien-être dans notre société (le moteur certes, mais pour avancer, il faut aussi des roues, une carrosserie, une route et bien d’autres choses encore – un moteur seul n’est qu’un… bête morceau de métal). Pour créer des entreprises, il faut beaucoup d’entreprises débutantes, alias des startups, en sachant que parmi celles-ci, toutes ne deviendront pas des entreprises matures qui fourniront une valeur créée nette à la société. J’aime les startups comme j’aime la semence de radis: j’adore manger des radis, mais je sais que pour pouvoir en manger, il faut d’abord en semer.
J’aime les startups. Dans le monde actuel en changement rapide, ce sont elles et la destruction créative qu’elles apportent, qui font évoluer notre société à sauts quantiques avec de nouvelles idées, de nouveaux modèles commerciaux, produits ou formes transactionnelles. Tout le concept de l’économie de partage par exemple (Uber, Airbnb,…) n’est peut-être pas le modèle ultime idéal, mais selon moi, il représente un grand pas en avant sur le plan social – et qui ne pouvait être accompli qu’au départ de startups.
L’on pourrait discuter des heures durant sur ce qu’est vraiment une startup, mais voici la définition qui me paraît la plus proche de la réalité: une start-up est une organisation temporaire en quête d’un ‘product/market fit’ (le produit que le marché attend) et d’un modèle commercial évolutif et récurrent.
Le mot-clé ici est ‘temporaire’. Peu importe les ambitions de la start-up, son objectif fondamental est d’en finir le plus rapidement possible avec son statut de startup.
Mais revenons-en à mon titre et à ce que je déteste actuellement au niveau de toute l’atmosphère qui entoure les startups. Je vois trop de gens amoureux du statut même de startup – et qui n’ont donc pas réellement l’objectif de ne plus être une startup.
Je peux certes comprendre cette attractivité, je la sens aussi. Une startup, c’est un peu comme avoir 19 ans: tout est encore possible. L’on peut devenir professeur, pompier, star du football ou… entrepreneur. Tout un éventail de possibilités est à notre portée et aussi longtemps qu’on ne les saisit pas, ces opportunités restent ouvertes. Il en va de même pour les startups. Aussi longtemps que vous recherchez le ‘product-market fit’ correct, tout est possible: cela peut se traduire par un succès ou une lamentable faillite; vous pouvez devenir le prochain Zuckerberg ou Van Rossem; cela peut générer une entreprise de produits évolutive ou une société de services lifestyle; une PME locale rentable ou une firme en croissance internationale non bénéficiaire. Tout est possible, avant de faire son choix – la startup est un peu le chat de Schrödinger des entreprises. Mais dès que ce ‘product-market fit’ est fait, dès que vous cessez d’être une startup, le modèle commercial se solidifie, et les possibilités se réduisent jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une.
Ne pas choisir et rester une startup exerce donc une certaine attractivité. Mais tel ne peut pas être l’objectif. J’ai apprécié mes études, mais je n’ai jamais rêvé de passer le reste de ma vie en tant qu’étudiant. Vous imaginez un étudiant de 42 ans?
Il existe chez les startups nombre de propriétés valables que l’on peut/doit emporter vers des entreprises matures: l’approche simplifiée, la disposition au risque, la créativité illimitée dans la production de nouvelles idées.
Convenons si vous le voulez bien qu’une startup ne peut être un objectif en soi, mais une phase dans le processus de croissance vers une véritable entreprise! Si vous êtes d’accord sur cette réflexion, j’arrête aussitôt de haïr les startups.
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