Raf Degens
300.000 emplois, une utopie?
“Les entreprises et les pouvoirs publics doivent faire preuve d’audace et d’ambition”. Ce sont là les paroles sages prononcées par le ministre Alexander De Croo. De Croo s’exprime ainsi suite à un rapport du Boston Consulting Group (BCG), d’où il ressort que 300.000 nouveaux emplois pourraient être créés d’ici 2020, mais BCG manque ainsi sa cible de quelques années. Quand allons-nous donc prendre conscience que nous disposons de nombreuses entreprises ambitieuses dans ce pays, mais que nous ne les soutenons et stimulons pas suffisamment?
Comment trouver preneurs pour 300.000 emplois, alors que l’on n’arrive même pas à trouver des candidats pour 125 places vacantes?
Le rapport du Boston Consulting Group déborde d’observations et d’éléments d’action captivants. Nous devons veiller à attirer du capital de croissance international, et les plannings d’apprentissage doivent être revus. La Belgique doit davantage se focaliser sur l’entreprenariat numérique, etc. De Croo est bien conscient que le développement de l’économie digitale est déterminant pour notre bien-être de demain.
Mais l’on omet ici un point important: nous avons en Belgique déjà pas mal d’entreprises high-tech qui préparent de nouvelles applications technologiques en vue de garantir notre croissance économique. Pensons ici à l’impression 3D, à la sécurité par les drones, mais aussi au développement de nouvelles applications médicales qui nous permettront de vivre plus longtemps à la maison lorsque nous serons plus âgés. Ces firmes ne font pas qu’y travailler. Elles entreprennent et développent en fait. Et cela se passe ici, chez nous. Elles seront à la base de ces progrès technologiques qui détermineront bientôt notre façon de vivre. 300.000 emplois en 2020? Ces entreprises sont à présent déjà activement en quête de profils ad hoc, afin de les dynamiser, mais ils semblent pourtant introuvables.
Quand allons-nous prendre conscience que nous disposons de nombreuses entreprises ambitieuses dans ce pays, mais que nous ne les soutenons et stimulons pas suffisamment?
La semaine dernière, j’assistais à plusieurs présentations faites par quelques-uns de nos entrepreneurs. Ils me parlaient avidement de leurs projets et de leurs développements. A chaque présentation, je ressentais à un moment donné une impression de fierté, voire de culot qu’ils véhiculaient à coup sûr. Toutes ces entreprises préparent en fait des produits et des services destinés à changer radicalement notre vie. Pas en 2020, mais bien l’année prochaine, voire de préférence demain déjà. Tous ces entrepreneurs ont l’engouement et la motivation voulus pour marquer de leur empreinte un monde qui change ultra-rapidement. Ils sont parfaitement conscients qu’il n’y aura pas de trajet de retour.
Quand je lis que De Croo trouve que nous devons miser plus vite et mieux sur l’entreprenariat numérique et sur les applications ICT, cela me remplit de joie qu’il veuille avancer pleinement vers une société digitale. Mais je suis touché aussi par le fait qu’en ce moment, l’on n’a pas conscience de l’importance du potentiel d’audace qui existe déjà en Belgique au sein des entreprises et que le gros problème réside dans le fait de trouver le personnel adéquat.
Pas moins de 191 entreprises technologiques sont installées sur le Corda Campus. Toutes travaillent dans l’ICT au sens le plus large du terme. Elles créent de nouvelles plates-formes d’apprentissage pour l’enseignement, elles aident les commerçants à mieux comprendre leurs clients, elles créent des applis qui détectent à temps les troubles cardiaques. Elles sont à la pointe du progrès, mais elles ne peuvent continuer de croître faute de personnel talentueux. Elles recherchent donc désespérément de nouveaux collaborateurs, afin de pouvoir demeurer en Belgique et ne pas devoir déménager à l’étranger. Sur notre campus, nous avons pour l’instant pas moins de 125 places vacantes: tous des profils ICT, de vente et marketing. Et cela n’intéresse pas un chat!
Le ministre De Croo appelle aussi les pouvoirs publics à faire preuve d’ambition et d’audace. Or du culot, il en manque hélas actuellement. Il y a une carence d’actions manifestes en vue d’aider les entreprises belges à progresser dans leur pays. Comment veut-on trouver preneurs pour 300.000 emplois, alors que l’on n’arrive même pas à trouver des candidats pour 125 places vacantes? J’invite De Croo à visiter notre campus high-tech, de s’entretenir avec des chefs d’entreprise et d’unir les forces. Afin de solutionner directement ce problème conjointement avec les entreprises, les écoles et les pouvoirs publics. Car si nous n’agissons pas rapidement, ces 300.000 emplois ne seront rien de plus qu’une utopie.
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