Vous avez un instant ?
” Ce projet dont nous venons de parler ? Ah oui, il est certainement encore dans ma messagerie électronique. Un instant. ”
” Hem, peut-être est-il par mégarde dans la messagerie personnelle Gmail, ça arrive. Un instant. ”
” Eh bien, ça alors. Ah, attendez, ne m’aviez-vous pas envoyé le lien vers le document par SMS ? Un instant. ”
” Mais allez. Nous sommes bien amis sur Facebook ? Peut-être en avons-nous alors parlé sur Messenger. Un instant. ”
” Etrange, n’étais-ce alors pas sur Whats-App que nous avons discuté de ce projet. Un moment. ”
” Pff… je vais voir dans Microsoft Teams alors. Un instant. ”
” Ah non, tu n’utilises pas Teams, mais je me rappelle que tu travailles sur notre canal Slack externe. Un instant. ”
” Pas non plus ? Peut-être cela remonte-t-il à trop longtemps et que Slack ne le retrouve plus. Mais il est possible qu’il soit aussi dans Cisco Webex car je me souviens subitement que je l’ai également utilisé. Un instant. ”
” Rien. Nada. Que dalle. … Ou serait-ce par hasard dans LinkedIn ? Sharepoint ? Confluence ? ? SAP ? ? ? Mitel ? ? ? ? ”
Un air de ‘déjà vu’ ? Lorsque j’ai récemment vu Joanne Klein, par ailleurs pour moi une illustre inconnue, twitter ce genre de situation, l’histoire m’a semblé vraiment familière. Jamais dans l’histoire nous n’avons eu autant d’outils de communication qu’aujourd’hui. Et pourtant, tout paraît plus compliqué que jamais. Nous nous noyons dans la communication via des applis sur smartphone, ordinateur portable ou de bureau et tablette qui bouge, fait s’entrelacer, voire parfois fait disparaître la frontière entre travail et vie privée. Nous changeons constamment d’appli, d’outil et d’appareil selon l’heure, le contexte, l’interlocuteur ou l’entreprise. Chaque recoin de vos appareils laisse apparaître un aspect lié au travail. Chaque appli ou chaque logiciel devient alors un flux de données, voire une boîte de réception dont il faut tenir compte. Stocker tout et n’importe quoi dans sa messagerie comme dans l’exemple. Avec comme résultat catastrophique que l’on finit par ne plus rien retrouver. Allô Siri ? Cortana ? OK Google, à l’aide ? N’y pensez pas : les assistants intelligents ne sont pas suffisamment intelligents pour trouver la réponse à votre place. Trop de données et trop de sources, mais dans le même temps, trop peu d’infos contextuelles pour savoir pourquoi et comment nous décidons d’utiliser quel outil à tel moment et avec qui. Trop peu d’intelligence artificielle également pour être assisté réellement afin de trouver rapidement et efficacement ce que l’on recherche exactement.
Allô Siri ? Cortana ? OK Google, à l’aide? N’y pensez pas !
La solution réside-t-elle dans une IA sophistiquée ou une sorte de méta-moteur de recherche universel ? Peut-être. Mais s’il doit s’agir là de la véritable solution, nous en sommes encore bien loin. Sans doute sera-t-il plus réaliste de vivre d’abord une vague de consolidation et d’intégration afin de réduire le nombre d’applis et de services et de rendre la collaboration plus efficace. Une vague qui, d’après moi, submergera la technologie des ‘communications unifiées’ désormais déjà dépassée pour en revenir simplement à la ‘communication’.
En attendant, je n’ai toujours pas retrouvé mon projet. Je pense qu’il n’y a plus qu’à créer un nouveau document. En espérant que mon collègue ait un instant…
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