Travail dur, salaire flexible
Certes, la nature de la fonction et les perspectives de carrière sont importantes. Mais au final, le travail est en premier lieu une question d’argent. Et les informaticiens ne font pas exception. En outre, les avantages extralégaux jouent un rôle significatif. Si l’employeur leur supprimait la voiture de société, 6 informaticiens sur 10 envisageraient de changer d’emploi.
Dans notre pays, l’informaticien moyen gagne bien sa vie. Outre son salaire brut, il dispose aussi souvent de divers avantages supplémentaires, comme un 13e mois (77%), une assurance hospitalisation complémentaire (76%), une assurance pension complémentaire (73%) et une voiture de société (65%). Pour près de la moitié des informaticiens (49%), le salaire a d’ailleurs augmenté par rapport à l’an dernier. Une majorité d’informaticiens (60%) se montre satisfait de son salaire et 23 % se disent même très satisfaits. Une très petite minorité (4%) affirme être particulièrement mécontente. A noter que pour près de la moitié des informaticiens, il est question de rémunération flexible : 7 % peuvent la définir selon leur propre choix, 19 % le font en partie. 1 sur 3 (31%) a un salaire flexible sans apport personnel et la même proportion (30%) n’a pas de rémunération flexible, mais serait intéressée par la formule.
Salaire sur mesure
” Nous avons opté pour une approche particulièrement flexible, précise Veronique Van Geel, HR Director chez Accenture. C’est ainsi que nos collaborateurs peuvent échanger leur 13e mois ou leur bonus contre des jours de congé. De même, le budget mobilité est extrêmement adaptable. Si vous souhaitez une voiture un certain mois et pas le mois suivant, par exemple parce que vous êtes en mission à l’étranger, c’est parfaitement possible. ” Accenture insiste sur sa volonté de mettre un terme à toutes les règles et habitudes en matière de mobilité et de voiture de société. ” Chaque collaborateur apprécie particulièrement de pouvoir choisir librement. Certaines personnes optent pour une voiture plus petite ou d’affecter le budget ainsi libéré à une allocation familiale supplémentaire par exemple ou de convertir leur bonus en warrants. ”
La formule flexible séduit manifestement. Chez Cegeka, la moitié des collaborateurs a entre-temps signé pour un plan de rémunération flexible. Chez Accenture, il s’agit déjà de 85 % du personnel. ” Nous sommes également très actifs, assure Wim Hufkens, IT Staffing Director chez Econocom. La plate-forme que nous utilisons pour ce faire, nous l’implémentons d’ailleurs aussi chez nos clients. ” En pratique, il semble que ce soit largement le législateur qui a stimulé la créativité des entreprises en matière de rémunération flexible. Il existe énormément de règles en matière de travail et de rémunération, ce qui incite le monde des entreprises à se montrer particulièrement inventif. C’est ainsi que le paquet salarial personnalisé offre à ce niveau pas mal de possibilités.
La voiture de société reste populaire
L’un des thèmes qui a suscité pas mal d’intérêt ces derniers temps est le principe du ‘cash for car’. ” La réglementation proposée n’est pas vraiment au point “, considère Anik Stalmans, HR Director chez Cegeka. ” C’est exact, confirme Steve Boen, Talent Acquisition Advisor chez Dell EMC. Il y a encore trop de trous dans la réglementation. Tout n’est pas déjà clair. Les gens ne voient pas encore concrètement ce que cela peut concrètement représenter pour eux. ” Pourtant, la voiture de société constitue depuis pas mal de temps déjà un sujet de discussion. La Belgique est en effet le n° 1 mondial de la voiture de société. Et continue à creuser l’écart. En 2017, on a assisté à une augmentation de plus de 3 % du total de près de 300.000 nouvelles voitures de sociétés. Pour l’informaticien également, la voiture de société représente un élément important. Ainsi, près de 6 sur 10 envisageraient de changer de boulot si leur employeur leur supprimait leur voiture de société.
Autre élément typiquement belge : la voiture de société est une diesel. ” Il est évident que nous regardons les possibilités de passer aux voitures de société hybrides ou électriques, précise Anik Stalmans. Mais sur un plan purement fiscal, le diesel reste pour l’instant le plus intéressant. ” Quant à la voiture électrique, elle est liée à une condition pratique importante : la disponibilité des bornes de rechargement. ” Nous y travaillons, précise Charlotte Meuris, Sales Team Manager IT Permanent chez Computer Futures. Chez nous, le bâtiment est entre-temps équipé de quelques bornes. ” Tel est également le cas chez Accenture. ” Nous nous efforçons de proposer dans chaque catégorie de voitures de société un modèle électrique ou hybride “, insiste Veronique Van Geel. ” Nous ne sommes pas encore aussi loin que nous l’avions espéré dans les voitures électriques, reconnaît Wim Hufkens. Nous constatons que les sociétés de leasing se montrent encore assez attentistes en matière d’investissements dans un parc de voitures électriques. Ce qui peut se comprendre dans la mesure où ces sociétés n’ont pas encore une vue claire de ce que sera demain la valeur résiduelle de ces voitures électriques. ”
Trop peu de zones de repos
Si nous continuons à analyser le paquet salarial, force est de constater que si l’informaticien gagne certes bien sa vie, il travaille également dur. Près de la moitié des répondants (49%) estime avoir parfois des problèmes à gérer la pression au travail, 35 % régulièrement et 8 % même en permanence. Et les chiffres montrent que les 10 premières années de la carrière sont les plus pénibles. Pourtant, un peu moins de 7 informaticiens sur 10 estime que le burn-out n’est pas significativement plus important dans leur métier qu’ailleurs. ” Les informaticiens travaillent dur, mais sont bien rémunérés, affirme Charlotte Meuris. Ce qui frappe, c’est que les jeunes fixent aujourd’hui mieux leurs limites. ”
” La pression au travail ne fait qu’augmenter, considère Wim Hufkens. C’est pourquoi il est très important de détecter le plus précocement possible la fatigue, le burn-out et les autres problèmes de santé. Une politique anti-burn-out est vraiment nécessaire. ” A cet égard, les entreprises en reviennent d’ailleurs partiellement d’une politique de télétravail trop libre. Il est important que les informaticiens se voient afin d’apprendre à mieux se connaître, à mieux intercepter les signaux et à réagir ainsi plus rapidement lorsqu’un problème survient. ” Il y a souvent trop peu de zones de repos, remarque Wim Hufkens. De même, trop de personnes travaillent le soir et durant le week-end. ” Chez de nombreux informaticiens, il existe encore toujours une culture qui tend à travailler beaucoup et dur. ” Tel est certainement le cas, conclut Veronique Van Geel. Mais toujours en fonction de ce qu’ils reçoivent en retour de leur employeur. Et il ne s’agit pas uniquement d’argent, mais aussi de respect et de valorisation. “
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