Seaters : “Le coronavirus a ouvert des opportunités que nous avons saisies”
Être actif dans l’événementiel et enregistrer néanmoins une croissance de 12% avec une année sans le moindre événement? Seaters est parvenue à identifier une opportunité et à saisir sa chance.
Au moment où nous écrivons ces lignes, le compteur du QVAX affiche plus d’un million de citoyens inscrits sur la liste de réserve pour une vaccination accélérée contre la Covid-19. Entre-temps, quelque 3% de l’ensemble des premières injections en Wallonie et en Flandre ont été réalisées à la suite d’une invitation de dernière minute envoyée par QVAX aux heureux bénéficiaires. “73% de toutes les personnes ayant reçu une invitation ont confirmé leur demande de vaccination. Il s’agit vraiment d’un résultat très encourageant et comparable à ce que nous voyons dans nos autres activités”, souligne Jean-Sébastien Gosuin, fondateur et CEO de Seaters.
Nous sondons l’intérêt d’un candidat avant de lui attribuer définitivement un ticket ou une injection.
Fondée en 2013, Seaters s’est donné une mission claire: remplir les sièges vides. Et notamment les places VIP du tournoi de tennis de Roland Garros. Ou les sièges tant convoités des loges de stades de football. “Nous avons déjà réalisé plusieurs ‘pivots’, mais cette technologie est toujours restée notre coeur de métier. Et c’est cette technologie dont nous nous servons désormais comme base du QVAX.”
Next best arm
Le concept sous-jacent de Seaters a été imaginé par Jean-Sébastien Gosuin à l’époque où il était responsable de la billetterie belge et du VIP des jeux Olympiques de Londres en 2012. Assis au premier rang, il avait constaté de nombreux sièges vides, notamment des tickets de sponsors qui n’avaient pu être distribués à temps. “Ou de personnes qui avaient tout simplement décidé de renoncer. Ce que l’on reçoit gratuitement est souvent insuffisamment valorisé”, fait remarquer Gosuin.
La plateforme SaaS de Seaters tourne dans le cloud d’AWS et permet à des vendeurs d’une entreprise de gérer ‘intelligemment’ les cartes VIP, les places dans les loges ou les tickets de concert qu’ils distribuent à leurs clients ou prospects. “Avec notre plateforme, vous vérifiez d’abord si la personne est intéressée par ce ticket gratuit. Si tel n’est pas le cas, notre algorithme définit le ‘next best guest’, ce qui augmente les chances de voir se conclure par la suite – directement ou indirectement – une nouvelle transaction commerciale”, dixit Gosuin.
“Pour QVAX, nous faisons appel aux mêmes pièces de puzzle de notre logiciel. Sauf que nous recherchons le ‘next best arm’ pour une injection”, sourit Gosuin. La ‘taskforce’ définit les règles de vaccination et QVAX les utilise comme algorithme pour attribuer une injection qui vient de se libérer. “En totale conformité avec le RGPD et sans possibilité de favoritisme: nous ne voyons passer aucun nom, uniquement des numéros de ticket”, précise le CEO.
Un puzzle assemblé en 16 jours
Des pièces de puzzle: tel est le coeur de la solution QVAX. Des blocs de construction que Seaters possédait déjà et qu’elle a réussi à monter assez rapidement. L”affectation’ est donc l’une des pièces. “Mais comme je l’ai déjà dit, ces pièces ont déjà pivoté plusieurs fois dans notre ‘start-up’, ce qui nous a permis de disposer de blocs de construction divers et variés. Nous nous sommes très rapidement rendu compte que nous pouvions construire QVAX en un temps record. Cette rapidité d’exécution était d’ailleurs l’un des critères majeurs de la mission de Smals et a été l’un de nos atouts dans la sélection, rappelle Gosuin. En fait, nous avons bâti QVAX en 16 jours à peine, depuis la conception initiale jusqu’à l’environnement de production opérationnel. Le ‘heavy lifting’ de la conception a en fait été supporté au cours des dernières années par nos investisseurs.” Tout comme pour CoronAlert, Smals a donc opté pour une petite société IT. “Vous pouvez trouver cela bizarre, mais j’estime qu’il est encourageant que l’administration s’entoure de ‘start-up’ et de ‘scaleup’ dans la mise en place des applications liées au coronavirus.”
Rsvp
Rsvp, une abréviation courante utilisée pour ‘ Répondez s’il vous plaît’ représente un élément essentiel de la plateforme de Seaters, et donc également de QVAX. “Nous sondons l’intérêt d’un candidat avant de lui attribuer définitivement un ticket ou une injection. Le ‘next best arm’ sur la liste de réserve reçoit une requête Rsvp par SMS ou courriel. Très simple: la personne souhaite accepter l’injection proposée? Elle dispose de 30 minutes pour répondre sans quoi la requête est envoyée à la personne suivante sur la liste. C’est certes rapide, mais nécessaire, estime Seaters. “Avant le QVAX, certains centres de vaccination jonglaient avec les téléphones avant de trouver finalement quelqu’un qui puisse/veuille se libérer. Il fallait parfois jusqu’à 15 coups de fil pour remplir un seul créneau horaire. Avec QVAX, c’est nettement plus efficace”, estime Gosuin.
Problèmes à l’allumage
Mais peut-être vous souvenez-vous des problèmes à l’allumage lorsque QVAX a été ouvert le premier jour? “Ceux-ci n’étaient pas tant dus à QVAX même qu’à l’afflux massif de visiteurs”, rétorque Gosuin. Or il existe pourtant des logiciels spécifiquement prévus pour ce type de situation, pour gérer efficacement les files d’attente numériques. “C’est exact, et nous les avons utilisés. Il s’agit du système Queue-IT, qui sert notamment aussi pour les grands festivals ou l’enregistrement de camps de vacances. Mais la différence majeure entre essayer de réserver un billet pour un Tomorrowland est que la file d’attente pour un tel festival disparaît au bout d’un certain temps. En effet, le festival affiche complet et les personnes renoncent. Dans ce cas précis, nous avons été confrontés à des files d’attente qui ne faisaient que s’allonger. Durant toute la journée, de nouveaux candidats continuent d’affluer”, analyse Jean-Sébastien Gosuin qui insiste cependant sur le fait que cette même journée, 171.000 citoyens ont néanmoins été enregistrés. Entre-temps, la liste compte désormais plus d’un million de personnes, tandis que 5.000 à 10.000 s’ajoutent chaque jour. A noter que 10% des personnes figurant sur la liste de réserve ont entre-temps été appelées.
Un goût de trop peu
Le succès de QVAX incite le fondateur de Seaters à envisager d’autres opportunités commerciales. C’est ainsi que la solution pourrait être déployée dans d’autres pays. “Notre objectif n’est pas de remplacer des systèmes, mais de les interconnecter. C’est ainsi que nous sommes pour l’instant en pourparlers avec la Suisse et l’Amérique latine, de même qu’avec l’Inde via Tata Consultancy Services.”
Dans le sillage de QVAX, l’entreprise songe également à s’intéresser au ‘inbound permission based marketing’ et aux soins de santé. Songez ainsi surtout à des tests spécialisés à l’aide de grandes machines, comme un scanner IRM ou des tests cardiologiques. “Chaque jour, il y a des annulations de dernière minute. Peut-être notre système pourrait-il être utilisé comme solution.” De même, le CEO de Seaters voit dans la gestion des places lors de formations d’entreprise un débouché potentiel.
Faire grandir la plateforme
Connaître une croissance de 12% en période de coronavirus sans pour autant perdre vraiment de clients dans l’événementiel: la performance mérite d’être soulignée. “Nous avons identifié des opportunités et les avons saisies. Certes, nous ambitionnons de continuer à grandir, et de préférence rapidement. Je pense qu’après la Covid-19, l’importance de notre plateforme de base ne fera que croître. La demande est supérieure à l’offre dans le domaine de la billetterie. D’ailleurs, notre solution pourrait aussi être utilisée par la suite pour le traçage des contaminations. De même, le problème ne se limite plus uniquement aux billets en soi, mais autour du ‘customer centricity’ qui est véritablement notre cheval de bataille, estime-t-il. Nos clients sont de grandes entreprises, nous travaillons avec des marques mondiales renommées. Depuis 3 ans, notre priorité est l’Europe, mais notre siège social est à New York. Nous avons compris qu’il est important de grandir d’abord en Europe. Il s’agit là de notre priorité absolue pour les prochaines années. Nous générons à présent un revenu récurrent de 1 million €, mais notre objectif est de 5 millions €.”
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