Presque plus de la fiction
La meilleure science-fiction est celle qui deviendra plus tard (en partie) réalité, écrit Kristof Van der Stadt, rédacteur en chef de Data News.
Personne n’est étonné lorsque je dis qu’en tant que rédacteur en chef d’une revue technologique, je suis fan de science-fiction. Et pourtant, dans ma carrière, j’ai vu et lu plus de mauvaises que de belles choses. Sans doute est-ce dû en partie à mes choix qui oscillent entre fiction pure et dure et science solidement étayée. Il suffit d’ajouter des termes pseudoscientifiques ronflants mais creux pour que le récit devienne rapidement non crédible. Et si l’on essaie de le rendre scientifique, on a vite l’impression qu’il s’agit d’un documentaire. La meilleure science-fiction est et reste celle qui dessine un avenir plus ou moins dystopique, avec une prédominance de machines futuristes et technologiques, des robots humanoïdes à intelligence artificielle et des appareils vraiment intelligents. La meilleure science-fiction prend comme point de départ des problèmes ou des défis scientifiques réels pour les résoudre à l’aide d’une technologie encore inexistante au moment de l’action. La meilleure science-fiction est également celle qui deviendra plus tard (en partie) réalité: le volet technologique donc, le dystopique n’était plus nécessaire. Songez aux écrans tactiles et à la commande vocale du vaisseau Enterprise dans les films Star Trek. Entre-temps, bon nombre de technologies de ces films sont devenus réalité. Et notamment le Communicator des années 60, un système de communication sans fil avant la lettre qui ressemble étrangement au futur ‘flip phone ‘ ou GSM à clapet. Nokia – à l’époque encore finlandaise et leader du marché – avait même conçu en 2008 pas moins de 14 prototypes du téléphone à clapet Star Trek Communicator. Personne n’a vraiment su si ces projets étaient des idées farfelues de ‘nerds’ ou d’ingénieurs, ni s’ils allaient s’imposer sur le marché.
L’oeil bionique de Star Trek – le Visor – est entre-temps bel et bien devenu réalité, sans oublier le Holodeck. De même, dans d’autres épisodes de Star Trek, les hologrammes ont suscité l’imaginaire technologique. Lors de la conférence de développeurs SPIE à San Francisco en 2011, le MIT Media Lab avait présenté une image tridimensionnelle de la Princesse Leia: pas vraiment aussi réaliste que dans la projection du film Star Wars de 1977, mais d’une qualité suffisante pour parler d’hologramme.
Deux ans auparavant, le CEO de Cisco, John Chambers, avait déjà imité Leia: il était physiquement présent à la conférence en Inde, tandis que deux de ses lieutenants se présentaient comme ses versions holographiques à San Jose, dans le cadre du Cisco Holographic TelePresence.
Reste que les racines de la technologie actuelle sont parfois plus lointaines encore. Lire l’actualité sur un iPad ou revoir le journal? C’était déjà possible en 1968 sur le ‘newspad’ du fantastique ‘2001, l’Odyssée de l’espace’ de Stanley Kubrick. De même, que dire des lunettes vidéo interactives de Retour vers le Futur II – certes, la définition de la science-fiction devient ainsi très vaste – qui, en termes de concept et de fonctionnalités, faisaient penser aux premières Google Glasses. “Les lunettes intelligentes? Elles font simplement leur retour”, estime Sven Van de Perre de Tropas AR, interrogé dans un article sur Metaverse. Metaquoi? Le nom d’un monde virtuel décrit par l’auteur américain de science-fiction Neal Stephenson dans son roman ‘Le Samouraï virtuel’ en 1992. Metaverse est l’univers généré par ordinateur que ‘voit’ l’acteur principal dans ses lunettes. Trente ans plus tard, des entreprises technologiques comme Microsoft, Google et Nokia Labs planchent sur un concept technologique qui deviendra la prochaine étape de la réalité augmentée, à savoir une copie entièrement numérique de notre monde physique. Encore un peu et il ne s’agira plus de fiction…
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