Mon bureau se trouve là où est mon casque de RV
“Mon bureau se trouve là où est mon ordinateur portable”, était la réponse que je formulais avant la pandémie lorsqu’on me demandait quand j’allais au bureau. Or il y a de fortes chances que je doive bientôt remplacer ma réponse par “Mon bureau se trouve là où est mon casque de RV” à présent que le métavers – vous savez, ce monde 3D virtuel connecté – s’impose inexorablement.
Sans doute pensiez-vous jusqu’à présent que ce métavers n’était qu’un gadget en ligne et surtout un amusement, une question de jeux 3D. Des avatars amusants. Pour jouer au ping-pong avec une raquette virtuelle. Peut-être imaginiez-vous également pouvoir échapper à cette mode, à cette réincarnation de Second Life imaginé voici bientôt deux décennies. Désolé, mais je vais devoir faire éclater virtuellement cette bulle: je crains que l’on doive s’y faire. Dis, Kristof, quel négativisme! Disons que je n’ai pas l’intention de considérer le métavers comme le successeur attitré de tout ce que je vis dans la vraie vie. Serais-tu devenu un peu technophobe? Pas vraiment en fait. Mais force est de constater qu’au moment où le métavers est construit par une grande entreprise technologique accusée ces dernières années – et aujourd’hui encore – d’utilisation abusive de données, une certaine prudence s’impose. Facebook – excusez, Meta – a beau être le plus chaud partisan du métavers, il ne s’agit heureusement pas du seul maître d’oeuvre. Ainsi, Microsoft est également un ardent défenseur du projet. Fin de l’année dernière en effet, l’entreprise dévoilait ‘Mesh for Microsoft Teams’, une solution de réalité mélangée permettant en somme d’accueillir des avatars et des bureaux virtuels dans une réunion Zoom. En d’autres termes, l’outil de réunion le plus utilisé au monde se verra doter d’une fonction de type métavers dès cette année. Voilà qui devrait donner au métavers une nouvelle dimension. D’autant que Microsoft vient de se payer le concepteur de jeux Activision Blizzard pour la coquette somme de 68,7 milliards $ et d’annoncer clairement que ce rachat apportait différentes pièces du puzzle de construction d’un tel métavers.
Meta n’est heureusement pas le seul maître d’oeuvre.
Entre-temps, les analystes de Gartner estiment qu’il ne faudra plus que 4 ans maximum avant que 25% de la population passe au moins une heure par jour dans le métavers. Pour les loisirs, le shopping et les contacts sociaux, mais aussi pour se former ou travailler. Pour Gartner, il est clair que cette mode du métavers se traduira progressivement par de nouveaux modèles de ‘commerce numérique’. Dans une interview à Reuters, le CEO de SAP, Christian Klein, déclarait ce mois-ci encore que son entreprise était demandeuse de collaborations avec Microsoft dans le métavers, spécifiquement autour d’activités B2B. Voilà qui renforce l’impression que vous et moi travailleront d’ici peu de temps à autre dans un ‘métavers d’entreprise’.
De même, Salesforce mise sur une telle initiative et plancherait sur un NFT cloud qui permettrait aux entreprises de gérer des transactions ‘blockchain’ et de tracer le ‘droit de propriété’ sur des marchandises virtuelles. Cette même Salesforce m’a d’ailleurs dévoilé récemment ce que le métavers pouvait représenter pour l’entreprise. Avec un casque de RV (Oculus Quest 2) et dans chaque main un contrôleur, je pouvais me promener virtuellement dans la Salesforce Tower de San Francisco. Leur siège social avait été soigneusement reproduit en numérique. Salesforce travaille d’ailleurs depuis quelques mois déjà sur ce concept dans le cadre de réunions internes ainsi que pour des meetings avec des clients. J’ai pu me balader dans le bâtiment et ses alentours. J’ai vu apparaître des spots publicitaires sur de grands affichages virtuels. J’ai pu m’asseoir virtuellement dans une salle de réunion et entamer une véritable discussion. J’ai pu prendre des notes virtuellement et ne pas réussir à boire une tasse de café sans renverser. Et j’ai vu dans une salle de conférence virtuelle une véritable présentation PowerPoint. Death by PowerPoint reste donc une menace bien réelle. Ou comment le métavers peut finalement paraître familier.
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