L’informaticien dans un cocon
Tout travail mérite salaire, n’est-ce pas? Ainsi, 94% des informaticiens belges se déclarent satisfaits de leur enveloppe salariale. Le secteur IT paie bien, pourrait-on en conclure.
Depuis 2011 maintenant, Data News interroge chaque année l’informaticien belge sur son développement professionnel, avec une attention particulière pour ses conditions salariales et de travail, mais aussi son taux de satisfaction et ses préoccupations. Cette année, 302 professionnels IT ont répondu à notre questionnaire, actifs dans le secteur tertiaire et public, dans l’industrie et dans le non-marchand, à la fois dans de grandes et de plus petites structures.
Précisons d’emblée que l’informaticien belge se dit satisfait de son salaire: 27% sont ‘très satisfaits’ et 67% déclarent simplement ‘assez satisfaits’. “Cela montre deux choses, analyse Kris Poté, VP chez Capgemini. D’une part, que le secteur IT paie des salaires conformes au marché en Belgique et que, d’autre part, que les entreprises sont plus ou moins sur la même longueur d’onde en ce qui concerne le niveau salarial.” Dans le même temps, Kris Poté fait remarquer que si le salaire est certes important, il ne s’agit pas du critère le plus important. “Ne pas être satisfait de son salaire n’est pas la motivation principale pour changer d’emploi.” La nature du travail, l’ambiance entre collègues ou un mauvais équilibre travail/vie privée le sont en revanche.
L’informaticien belge est satisfait de son salaire
Pas de surenchère
“Cette satisfaction concernant le salaire se constate également chez nous”, précise Anouk Vanhecke, senior recruiter Digital Business Solutions chez Sibelga. Nos salaires se situent au-dessus de la moyenne du marché et nous proposer une enveloppe compétitive d’avantages extralégaux.” Certes, le salaire est et reste un point de discussion important lors du recrutement – et de la rétention – de collaborateurs. Les informaticiens souhaitent évoluer, dans leur salaire également. “Lors de l’engagement, c’est la catégorie de fonction dans laquelle on est classé selon ses compétences et le nombre d’années d’expérience pertinente qui détermine le salaire, explique encore Anouk Vanhecke. Le salaire peut ensuite évoluer chaque année sur la base des prestations et de l’évolution personnelle.”
Fin des années ’90, les entreprises se faisaient encore la concurrence lorsqu’il s’agissait de recruter de nouveaux collaborateurs. Mais cette époque est révolue, même si la pénurie de profils IT reste criante. “Il s’agit encore et toujours d’un marché tendu, fait remarquer Ann De Ryck, directrice HR chez Inetum-Realdolmen, avec de nombreux profils très recherchés. Pour rester dans la course, il faut en tant qu’employeur procéder régulièrement à des comparaisons pour proposer un salaire honnête.” Suite à l’indexation automatique, une hausse de 11% sera automatique en janvier prochain. “C’est du jamais vu, insiste Ann De Ryck, ce qui va faire grimper les coûts. Mais dans le même temps, on constate que nos collaborateurs éprouvent également des difficultés. Pour prendre en compte le bien-être général, l’indexation automatique est certes importante. Mais celle-ci pèse évidemment sur la position concurrentielle d’une entreprise, surtout à l’étranger.”
Hausses sélectives
“Sibelga applique une indexation mensuelle sur la base de l’indice santé, poursuit Anouk Vanhecke. Il s’agit d’une indexation sectorielle, à côté des autres composantes salariales que nous offrons à nos collaborateurs.” Pourtant, il s’agit précisément de cette indexation automatique que de nombreuses entreprises remettent désormais en question. Ainsi, chacun voit désormais son salaire augmenter avec l’indexation, indépendamment de la qualité de ses prestations. “Celui qui travaille mieux que la moyenne doit pouvoir être rémunéré davantage, estime Kris Poté. Mais désormais, les entreprises vont se montrer très sélectives à ce niveau.”
L’explication est évidente: du fait de l’indexation, les coûts salariaux augmentent fortement. Or les entreprises ne peuvent pas répercuter simplement ces coûts dans leurs contrats. Pour 2023, elles appliquent actuellement une hausse de prix de 6 à 8%, ce qui est insuffisant pour compenser la hausse des salaires. Selon Kris Poté, un adoucissement de l’indexation automatique ne serait pas une mauvaise idée. “Cela étant, la méthode actuelle de travail est ancrée dans la loi. Employeurs et employés concluent une convention paritaire. Les employeurs ont marqué leur accord sur l’indexation automatique.” De leur côté, les informaticiens considèrent le système actuel comme parfait. Ainsi, pour 6 répondants sur 10, l’indexation automatique ne doit pas être adaptée. “En cas de déflation, cela signifierait également que les salaires diminuent, note Kris Poté. Curieux de voir quelle serait alors la réponse.” (rire)
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici