L’IA pour optimiser la gestion de la trésorerie
Créée par trois vétérans du secteur du logiciel financier, la start-up belge Aividens entend permettre aux entreprises de mieux gérer leurs risques financiers sur base d’un modèle de prévision des risques alimenté par l’intelligence artificielle.
Selon différentes études, les créances douteuses/impayées représenteraient 2,3% du chiffre d’affaires des entreprises en Europe, soit une perte estimée à quelque 200 milliards d’euros. De même, on considère que 25% des faillites des PME européennes sont dues à des défauts de paiement, tandis que le délai moyen de paiement d’une créance serait de 40 jours (et même de 55 jours depuis la crise du Covid-19).
Face à de tels constats, il est vital pour une entreprise de comprendre le profil de paiement de ses clients, de déterminer les risques de paiement liés à ces profils, ainsi que d’identifier les clients susceptibles de payer leurs factures.
L’IA en support
Concrètement, Aividens propose à ses clients de répondre à quatre types de problématiques: comment faire pour augmenter les liquidités? Comment anticiper les problèmes de paiement? Comment prioritiser le travail des équipes et optimiser les ressources? Et quelles propositions faire pour prendre les ‘next best actions’?
En s’appuyant sur l’intelligence artificielle et différents algorithmes développés en interne, Aividens a mis au point un modèle de risques. “L’objectif est triple: reconstruire la trésorerie, combler le fossé entre les factures échues et les crédits, et faire des simulations de stratégies de recouvrement”, explique Edouard Beauvois, cofondateur et CEO d’Aividens. En l’occurrence, l’IA permet de segmenter le portefeuille, d’analyser le risque de non-paiement et d’anticiper une date prédictive de paiement.
Pour assurer une précision maximale de l’information, Aividens s’appuie sur les données opérationnelles du client (soit de 3 à 5 ans d’historique des paiements), combinées à des algorithmes et à l’IA, de même qu’à différentes statistiques, tant internes qu’externes (agences de notation, assureurs-crédits et même dans le futur les réseaux sociaux notamment). “Les données peuvent être classées en trois niveaux: qu’est-ce que je connais de mes clients, les données cachées des paiements et les données générées grâce à l’approche itérative de l’application”, explique encore Edouard Beauvois. Ajoutons que le système travaille également par essais/erreurs pour réintégrer différentes données dans l’application et enrichir ainsi la plateforme par autoapprentissage, tandis que différentes API permettent de connecter des sources de données externes. “Nous ne sommes pas vraiment une solution de recouvrement, mais plutôt la réalité augmentée des processus de recouvrement”, synthétise encore le CEO d’Aividens.
Déploiement
La solution d’Aividens fonctionne dans le cloud (IBM ou AWS, ultra-sécurisé compte tenu de la nature même des données traitées) et est étroitement intégrée à SAP. “Nous sommes un ‘add-on’ de SAP pour le recouvrement grâce à une interface permettant d’alimenter et d’enrichir SAP”, précise Edouard Beauvois (qui a notamment travaillé chez SAP et Callataÿ & Wouters, désormais Sopra Banking Software). L’implémentation du produit est réalisée par Aividens elle-même, mais des partenariats ont déjà été conclus avec Accenture, IBM et Micropole notamment. “Au niveau des PME, nous recherchons des partenaires susceptibles d’aider les entreprises à comprendre et à nettoyer leurs données.”
De même, Aividens envisage de créer pour certains secteurs un écosystème où plusieurs clients pourraient disposer d’un ‘benchmark’ de la qualité de paiement de leurs différents clients. “La demande existe et un ‘proof of business’ a été lancé l’année dernière grâce à Innoviris [l’institut bruxellois d’encouragement de la recherche scientifique, NDLR], ce qui nous permet de proposer désormais cette technologie.”
Fondée voici 15 mois à peine, l’entreprise a bénéficié récemment d’un apport de fonds de 500.000 ? de BeAngels et finance&invest.brussels pour accélérer son développement. “Comme notre produit est indépendant de toute législation, sauf le RGPD, nous pouvons parfaitement travailler à l’international où nous sommes d’ailleurs déjà présents”, conclut Edouard Beauvois.
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