Pour l’IA, seul ‘the sky’ semble être ‘the limit’. L’entreprise de sécurité G4S développe une solution d’IA permettant aux organisations de déceler les vols par les employés.
Certes, utiliser l’IA dans le contexte de la sécurité n’a rien de nouveau. “C’est ainsi que l’intégration de l’IA dans les caméras devient toujours plus monnaie courante, indique Yannick De Smet, ‘executive manager’ chez G4S Academy, le centre de connaissances global de l’entreprise de sécurité. C’est ainsi que nous avons livré des caméras intelligentes au service de ferry P&O pour mieux sécuriser encore le terminal de Zeebruges. Autrefois, une personne qui franchissait l’enceinte était filmée, après quoi un surveillant devait visualiser les images de vidéo pour pouvoir intervenir. Or grâce à l’IA, un signal est désormais envoyé automatiquement. Cela étant, il s’agit encore et toujours d’un processus réactif.”
Le vol au travail est un processus et n’est que très rarement fortuit.
Comportement suspect
Entre-temps, G4S a constaté qu’un autre phénomène dommageable pouvait bel et bien être combattu de manière proactive, à savoir le vol d’entreprise ou le sabotage interne. G4S collabore ici avec l’entreprise d’IA Radix à un outil d’IA devant permettre aux entreprises d’optimiser leur sécurité interne. “L’objectif est de détecter tout comportement suspect des employés. Via des points de données dans l’organisation, nous cartographions les comportements, par exemple simplement avec le système de badges”, précise Yannick De Smet, avant de prendre un exemple.
“L’employé Louis arrive le matin, badge à l’accueil et à nouveau dans l’atelier, et fait de même le soir en partant. L’IA enregistre ces différents points de données et établit un portrait du trajet normal de Louis. S’il apparaît soudain que Louis badge également dans le département R&D – où se trouvent de nombreux secrets industriels -, la solution constate une anomalie et envoie une alerte. Le service HR ou la sécurité interne peut alors intervenir auprès de Louis. S’il apparaît soudain qu’il a une nouvelle amoureuse dans ce département, le problème est réglé. Mais si Louis ne peut pas donner d’explication valable, l’entreprise peut avoir réussi à éviter un problème. Car le vol au travail est un processus et n’est que très rarement fortuit.”
Vie privée
Au-delà du fait que l’employé puisse être attrapé, l’IA pourrait également intervenir dans une phase ultérieure. “Grâce aux systèmes de détection des mensonges, il est possible d’analyser les dépositions. Ainsi, vous demandez à Louis d’expliquer pourquoi telle anomalie a été constatée. Le texte qu’il rédige pourra être analysé par l’IA pour en contrôler la complétude, les doutes et les éventuels silences. Cette technique est d’ores et déjà utilisée par les services de police. Nous sommes en pleine phase de test et de développement. Il ressort de discussions avec des entreprises que l’intérêt est manifeste”, assure Yannick De Smet.
Suivre de près le comportement d’employés fait évidemment surgir la question de la vie privée. Yannick De Smet garantit que l’anonymat est préservé du côté de G4S. “Nous ne faisons que mettre en lumière les anomalies. Notre détection est anonyme, avec par exemple le numéro du badge. Notre mission de sécurité ne porte pas sur le contrôle du personnel. Cela dit, l’entreprise qui utilise notre système peut exploiter les informations fournies par notre système. Pour ce qui est de la vie privée au sein des entreprises elles-mêmes, l’approche est similaire à celle du contrôle des heures par une pointeuse, ce qui est aujourd’hui déjà le cas.”
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