L’IA pour élargir la palette des services bancaires
Transformer la plus ancienne banque du monde en une néobanque utilisant l’intelligence artificielle et les algorithmes pour offrir de nouveaux services à ses clients: telle est l’ambition d’Aion Bank.
Fondée en début d’année, Aion Bank est issue du rachat en octobre 2018 de Banca Monte Paschi Belgio (l’ancienne filiale belge de Monte dei Paschi di Siena qui a vu le jour en 1472, soit la plus ancienne banque du monde) par le fonds américain d’investissement Warburg Pincus. L’ambition des fondateurs d’Aion Bank était de créer la banque du futur, une banque entièrement numérique fonctionnant uniquement sur abonnement.
En pratique, pour un abonnement de 19 ? par mois en version Premium, le client se voit proposer le produit MoneyMax lui permettant à la fois d’optimiser son épargne, d’économiser sur ses factures et de dépenser moins sur ses achats en ligne sur l’Internet. Par ailleurs, une version Light à 1,90 ?/mois couvre les opérations bancaires de base des particuliers. De plus, la banque offre une solution BusinessMax pour les professionnels. Par ailleurs, la banque propose une carte de débit multidevise, des retraits d’argent partout dans le monde ainsi que des virements instantanés dans plusieurs devises.
Aion Bank insiste sur le fait qu’elle ne compte aucuns frais que cette redevance mensuelle et que ses services sont accessibles en quelques clics seulement, là où la concurrence facturerait des coûts cachés et appliquerait des tarifs souvent guère transparents et évolutifs selon le nombre de services demandés.
L’IA pour améliorer le service
Pour mettre en place son informatique, Aion Bank s’appuie sur le ‘core banking system’ de Vodeno, une société technologique polonaise également détenue par Warburg Pincus et dont l’ancien directeur du développement, Tomasz Motyl, est devenu en décembre 2019 ‘chief information officer’ d’Aion Bank. Ce ‘coeur de banque’ a été développé par Vodeno et proposé sous forme SaaS à Aion Bank dans un premier temps.
Par ailleurs, elle fait appel à l’intelligence artificielle, aux ‘big data’ et aux algorithmes pour aider ses clients à tirer le meilleur profit de leur argent. “Nous utilisons quelque 400 API et des micro-services pour constituer la base de notre offre, ce qui nous permet de garantir à nos clients une expérience numérique de A à Z”, explique Tomasz Motyl, qui ajoute que la plateforme numérique de la banque a été mise en place en cinq mois. “En outre, nous utilisons l’approche agile pour délivrer le plus rapidement possible chaque nouveau service. J’estime en effet qu’il est préférable d’aller vite pour déployer un nouveau service, quitte à devoir l’adapter par la suite en fonction des réactions des utilisateurs.”
En pratique, Aion Bank permet notamment à ses clients de comparer des dépôts et des prêts pour trouver le meilleur taux, mais aussi les fournisseurs d’énergie, assurance voiture ou les opérateurs télécoms et même de trouver les meilleures offres sur Internet pour les achats en ligne. Et si le client veut changer, la banque prend à ses charges les démarches nécessaires. “Avec même une garantie de ‘moneyback’, insiste Tomasz Motyl. En effet, si un membre ‘premium’ d’Aion paie davantage pour l’abonnement que ce dont il tire comme bénéfice, la banque lui rembourse la différence.” De même, Aion Bank propose d’établir le profil d’investisseur MiFID du client, ce qui lui permet de profiter de la gestion d’actifs ETF (fonds négociés en Bourse). “Le but est à la fois de faire gagner de l’argent au client et de lui permettre de dépenser moins, le tout avec des processus totalement numériques”, précise encore Tomasz Motyl. “L’IA est utilisée à la fois au niveau du traitement des données et de leur modélisation, le tout combiné aux ‘big data’ et à un ‘data lake’ pour prévoir le comportement d’un client ainsi que son modèle de risque et le conseiller au mieux.”
Car d’ores et déjà, Aion Bank songe à proposer d’autres services, notamment un comparatif d’assurances habitation. “Car il s’agit là de problématiques frustrantes pour un client qui éprouve des difficultés à comparer les offres”, confie le CIO. D’ailleurs, le département IT lui-même utilise ces mêmes technologies pour prévoir et anticiper les éventuelles pannes de son infrastructure informatique sur base des ‘logs’.
Ouverture sur le cloud
Pour déployer ses services, Aion Bank s’appuie à la fois sur le Google Cloud et sur la plateforme de Vodeno utilisée en dorsal pour le ‘core banking system’, une approche qui permet de gagner du temps lors du déploiement. “Sinon, il nous aurait sans doute fallu de 2 à 3 ans pour développer toutes ces solutions en interne. Car nous entendons proposer une solution numérique de bout en bout, et pas uniquement sur une approche ‘mobile first’.”
Afin de garantir un maximum de sécurité, les données de chaque client sont stockées dans un ‘box’ fermé qui n’est accessible qu’à l’aide d’une clé de cryptage individuelle. De plus, chaque appel API vers le Google Cloud est doté d’une clé de cryptage unique, tandis qu’un algorithme de chaîne de blocs est utilisé pour la vérification de l’intégrité des données et pour toute modification de données dans une ‘box’. En outre, les informations extraites du ‘data lake’ et communiquées au client sont anonymisées à l’aide d’algorithmes. Enfin, le ‘white noise’ est filtré lorsque le volume de données traitées est très important, ce qui évite de perturber le modèle proposé au client.
Avenir
Aion Bank a démarré ses activités en Belgique en mars dernier, tandis que les détenteurs d’un passeport en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie et en Pologne peuvent également ouvrir un compte. Pour ses développements, la banque fait appel à des ‘squads’ connus pour leur recours à la méthodologie agile dans les projets. Sur la base de cette approche, la banque est en mesure de faire appel à autant d’ingénieurs IT qu’elle le désire pour délivrer la solution finale au sein d’un ‘squad’, laquelle est gérée par un seul et même ‘product owner’. “Nous n’avons pas à proprement parler de département informatique spécifique car l’IT et le ‘business’ ont été étroitement intégrés dès le départ et forment une seule et même équipe répartie dans toute l’Europe pour créer des solutions de bout en bout. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous privilégions le modèle SaaS. Cette approche nous a d’ailleurs permis de ne pas être trop impactés par le confinement”, note encore Tomasz Motyl.
Enfin, Tomasz Motyl précise que plus Aion Bank collectera et traitera de données sur ses clients, plus ses conseils seront pointus. “Nous apprenons aussi des réactions de nos clients pour adapter notre offre”, conclut-il.
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