Comment la mobilité sera-t-elle envisagée à l’ère post-covid? En dépit des déclarations en tous sens que le télétravail s’imposera à terme, les files ne font qu’augmenter à l’heure d’écrire ces lignes. La mobilité durable exige un argumentaire plus convaincant, estime Mathieu de Lophem, CEO de Skipr.

La belge Skipr, filiale de D’Ieteren, commercialise un concept de MaaS, ou Mobility-as-a-Service, que les entreprises peuvent proposer à leurs collaborateurs sous forme d’appli. ” Cette appli doit devenir une sorte de copilote des employés pour les emmener d’un point A à un point B en combinant différentes possibilités de mobilité “, explique Mathieu de Lophem. Si vous êtes par exemple au bureau au centre de Bruxelles, l’appli vous indiquera la gare via le métro pour vous permettre d’arriver à Gand où vous pourrez louer un vélo pour arriver à votre rendez-vous. Outre différents types de véhicule et transports publics, l’appli supporte évidemment la voiture particulière. ” Si j’habite en dehors de Bruxelles, l’appli me proposera d’aller en voiture jusqu’à la gare pour me conduire ensuite jusqu’à ma destination finale, note encore de Lophem. L’idée sous-jacente est de rendre le trajet plus rapide et moins cher, avec moins de pollution. ”

Les entreprises ont besoin d’alternatives pour attirer les jeunes talents.

Offre étendue

Pour faciliter l’accès à la solution, l’appli prend en charge l’ensemble des paiements. C’est parfois bien nécessaire, compte tenu de l’étendue des possibilités existantes et de la rapidité à laquelle les vélos Uber et les scooters Lime sont déployés et tout aussi rapidement retirés de la circulation. ” Grâce à des API et des accords, notre appli intègre toutes sortes de solutions de mobilité, poursuit de Lophem. C’est ainsi qu’il est possible de payer directement son billet de train via Skipr, mais comme nous ne pouvons pas tout anticiper, une carte de paiement a également été prévue. ” Celle-ci fonctionne comme un passe-partout pour couvrir l’ensemble des possibilités de mobilité autorisées par l’employeur. ” C’est ainsi que nous ajouterons bientôt Lime, même si ce service peut d’ores et déjà être utilisé avec la carte de paiement “, souligne de Lophem.

La solution se veut en tout cas suffisamment pratique pour inciter à ne pas prendre la voiture. ” Une bonne manière de changer les habitudes consiste à donner une carotte aux gens, considère de Lophem. S’ils prennent le train à plusieurs reprises, ils constateront que c’est facile et confortable. Mais il faut un nombre suffisant d’avantages pour induire le changement et en faire ainsi une habitude. ”

D’ailleurs, cette ‘carotte’ est également proposée aux entreprises. En effet, outre l’appli pour l’employeur, la solution intègre un outil de rapportage qui indique la quantité de CO2 économisée grâce à l’outil, ce qui permet de savoir si l’on se rapproche des objectifs fixés dans ce domaine. En outre, il existe un tableau de bord de gestion avec lequel le service du personnel peut indiquer qui utilise quelle solution et avec quel budget.

Avant et après

Skipr existe depuis 2018 déjà et a donc déjà connu bien des soubresauts. ” Il y a la période avant le Covid, et après, analyse de Lophem. Avec la pandémie, un changement avait déjà été opéré. Ce sont surtout les jeunes employés qui étaient demandeurs. Ils n’ont pas de permis de conduire et ne veulent pas trouver un parking de voiture. Les entreprises avaient déjà besoin de telles alternatives pour attirer les jeunes talents. ”

Actuellement, les choses s’accélèrent toutefois. ” Les gens vont télétravailler sur le long terme, quelques jours par semaine. Cela signifie que l’approche rigide présentée par les entreprises à leurs collaborateurs pour leurs déplacements domicile/travail n’est plus pertinente. Comme ils vont moins recourir à cette possibilité, il n’est donc économiquement plus intéressant de disposer par exemple d’une voiture de société ou d’un abonnement de train. Les entreprises sont désormais en quête de flexibilité. ”

Cette ‘nouvelle normalité’ présente en outre une perspective intéressante, estime de Lophem. ” Les sociétés ont maintenant le choix de changer: si elles en reviennent à l’ancienne normalité, il leur sera très difficile de s’adapter d’ici quelques années. Une ‘fenêtre d’opportunité’ s’ouvre à présent alors que les employés reviennent au bureau et qu’il est possible de les engager d’emblée dans une nouvelle mouvance. ”

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