Le réseau autogéré – mais sans Cisco
Cisco n’est pas le seul acteur à s’intéresser au réseau automatisé. Ainsi, la start-up Apstra mise à fond sur cette technologie et considère son indépendance comme un atout en ‘intent-based network’.
” Il est impossible de déployer la transformation numérique avec un réseau géré manuellement. Il ne suffit pas de le concevoir parfaitement dès le départ, il faut pouvoir l’adapter en fonction de l’évolution de la situation grâce à des données télémétriques. ” Dixit Mansour Karam, CEO et cofondateur d’Apstra. Fondée en 2014, cette entreprise est spécialisée en ‘intent-based networking’ et a lancé ses premiers produits dès 2016. Avec quelque 80 collaborateurs seulement, Apstra entend se mesurer à des géants des réseaux comme Cisco, avec comme principal différenciateur le fait qu’elle est totalement indépendante des vendeurs.
Nous sommes au coeur du réseau et donc, si une anomalie apparaît, nous sommes les premiers à la constater.
” Nous sommes différents car nous sommes agnostiques en termes de constructeurs. Les clients ne veulent pas être enfermés par leur choix initial d’un fournisseur de matériel. Beaucoup d’entre eux enferment leur client et fournissent des outils qui servent surtout à optimiser leur propre matériel. Or nous sommes fondamentalement différents. Nous ne proposons jamais de matériel. ”
L”intend-based networking’ est un élément d’un centre de données automatisé. Or le niveau d’automatisation dépend du fournisseur en question. Mais le défi consiste à collecter un maximum de données télémétriques. ” Nous analysons des centaines de paramètres simultanément. Ceux-ci peuvent concerner la santé générale du réseau, les performances d’éléments individuels, la mémoire, les schémas de trafic, la conformité, etc. Tous ces paramètres sont mesurés en temps réel et en continu. Dès qu’un écart est enregistré, une alerte apparaît et notre système corrige automatiquement la situation.
Choisir ses clients
Apstra travaille sans investisseurs extérieurs. En d’autres termes, elle doit trouver très rapidement les bons clients, ce qui impose certains choix. ” Nous aimerions dire oui à tout le monde, mais la stratégie du client doit également être en phase avec notre feuille de route et l’objectif que nous nous sommes fixé pour le centre de données. Nous avons déjà discuté avec des acteurs qui avaient un très ancien environnement réseau, mais nous avons été obligés de leur dire qu’il fallait d’abord mettre leur réseau à niveau et qu’il ne suffisait pas de déployer simplement la solution Apstra. ”
Cela dit, l’entreprise a négocié avec Bloomberg TV et compte désormais la chaîne spécialisée en affaires comme client, son siège de Londres étant opérationnel depuis un an environ. Bloomberg était confrontée à une infrastructure réseau associant plusieurs acteurs. ” Nous étions face à une infrastructure réseau complexe où il fallait pouvoir analyser les performances du réseau, ainsi que prévoir et éliminer toute perturbation détectée. Il fallait donc rendre l’opérationnel le plus simple possible, tout en étant flexible et agile face aux évolutions “, explique Karam.
Au-delà du réseau ?
Comme Apstra doit pouvoir analyser et gérer l’ensemble du réseau, il est nécessaire de surveiller l’ensemble de l’activité d’une organisation. D’où cette question : l’entreprise ne devra-t-elle pas à terme offrir aussi des services de sécurité ? Plusieurs acteurs, dont Oracle, planchent en effet sur des produits de sécurité capables de détecter un problème sur base des anomalies du réseau. Apstra ne prend pas clairement position, mais ne rejette pas forcément l’idée. ” Nous sommes au coeur du réseau et donc, si une anomalie apparaît, nous sommes les premiers à la constater. Nous avons désormais des interfaces pour les charges de travail, les ‘ports’ virtuels et les VPN, et notre intention est d’ouvrir également notre interface à l’infrastructure. Rien ne nous empêche d’y ajouter un jour de la sécurité “, dixit Mike Wood, le CMO.
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