La numérisation pour doper la croissance
La numérisation est en bonne voie, selon Gartner. Les petits projets se transforment en effet en profondes mutations. Reste au niveau de la Belgique le défi des moyens disponibles et de leur affectation.
Dans le cadre de sa grand-messe européenne, Gartner a chiffré la vague de numérisation. Ainsi, 35% des CIO (dans l’EMEA) ont lancé des initiatives numériques, comme à peine 20% l’année dernière. A l’échelle mondiale, ces projets représenteront l’an prochain 3,8 milliards $ de dépenses IT (3,3 milliards ?), en hausse de 3,2% (3,3% en EMEA). Par ailleurs, 47% des CIO précisent que leur modèle métier a changé au sein de leur organisation et que, dans 58% des cas, c’est le CIO qui dirige ce processus de transformation.
Qui réclame cette transformation ? Dans 39% des entreprises qui adaptent leur modèle organisationnel suite à la numérisation, il s’agit du client. En effet, l’expérience client doit être améliorée. Ainsi, 49% estiment que l’interaction avec l’entreprise doit être renforcée, tandis que 46% entend réduire le coût de l’interaction grâce à la numérisation. Tels sont selon Gartner les deux gains de performances principaux.
Deux chiffres ressortent de la présentation d’ Andy Rowsell-Jones, vice-président et analyste de Gartner. D’une part, 29% des CIO en EMEA considèrent les ‘initiatives numériques’ comme la priorité n° 1 et, d’autre part, 18% seulement citent la croissance comme élément principal. ” Cela peut sembler étonnant dans la mesure où tout entreprise souhaite se développer et faire des bénéfices. Mais il s’agit d’une évolution que l’on constate surtout en Europe en réponse à la stagnation de la croissance : comme les entreprises ne peuvent plus grandir, elles choisissent le ‘digital first’ pour trouver à terme d’autres manières de croître. ”
47% des CIO voient le modèle ‘business’ de leur organisation évoluer. En général, c’est le CIO qui dirige la transformation.
Les données et la sécurité restent prioritaires
Comme les initiatives numériques demeurent la première priorité, les dépenses en nouvelles technologies de rupture continueront à augmenter. Selon Gartner, les investissements porteront surtout sur le décisionnel (BI) et l’analytique, suivis de près par la cybersécurité et la sécurité de l’information, puis par le ‘digital business’ (y compris le marketing numérique). Mais figurent également parmi les priorités l’amélioration des systèmes de base, les services cloud, l’IA et l’apprentissage machine, ainsi que l’expérience client. Autant de domaines que Gartner considère comme un prolongement de la transformation numérique (voir graphique).
A l’autre extrémité du spectre, certains domaines voient leurs investissements plutôt se réduire. Tel est le cas des développements ou des mises à niveau de logiciels (licences, support, maintenance), de l’ERP, des communications réseau/voix/données et surtout de l’infrastructure et du centre de données. Même si Rowsell-Jones précise que l’étude donne surtout une vue macro de l’EMEA. ” Ce qui diminue dans notre étude peut certes être un point d’attention pour certaines entreprises, mais nous voulons surtout indiquer une orientation des investissements. ”
Mais il arrive aussi qu’un investissement diminue pour d’autres raisons. Tel est le cas de l’ERP dont 13% des répondants indiquent que leurs dépenses augmenteront, contre 17% qui précisent qu’ils diminueront. ” Le besoin d’un ERP n’a pas subitement disparu. Mais aujourd’hui, il est davantage proposé sous forme ‘as-a-Service’, ce qui réduit les coûts d’investissement. D’autres domaines comme la finance et les RH tournent aujourd’hui déjà en partie dans le cloud, ce qui explique certaines baisses de dépenses. ” En d’autres termes, ce n’est pas parce que certains investissements diminuent qu’ils sont devenus moins importants, mais plutôt qu’une autre structure a été mise en place ou que la maturité de la technologie en a fait baisser le prix.
Belgique
Si Gartner se penche surtout sur la situation en EMEA, force est de constater que la Belgique affiche des priorités parfois différentes. C’est ainsi que Beltug a sondé cet automne 245 décideurs ICT belges pour constater que le cloud restait la priorité principale, plus spécifiquement l’équilibre entre cloud privé, hybride et public. La sensibilisation des collaborateurs à la sécurité, la ‘security by design’ et un tableau de bord pour la sécurité et la gestion des risques figurent aux 2e, 3e et 4e places, ce qui constitue également selon Gartner une priorité majeure dans les investissements des CIO. Enfin, la gestion de la ‘shadow IT’ occupe la 5e position. Précisons que la problématique de la vie privée et du RGPD faisait l’objet d’une enquête spécifique et ne figure donc pas dans cette liste.
En Belgique, le département IT est souvent perçu comme un coût plutôt que comme un facteur d’innovation.
A noter également que les questions relatives aux licences logicielles et aux modalités de sortie du cloud concernent davantage la Belgique et moins Gartner.
Quelles dépenses avec un budget réduit ?
Si les budgets augmenteront de quelques pour cent selon Gartner, des choix s’imposent. Outre Beltug, Insight a également interrogé un millier de professionnels de l’IT en Europe, dont une centaine en Belgique. Globalement, 2 répondants belges sur 3 affirment disposer des budgets insuffisants pour supporter correctement leur organisation. De même, l’absence de rôles bien définis représente un frein pour 1 répondant sur 3, tandis que 55% affirment que sans moyens supplémentaires, les missions attendues du département IT ne pourront être correctement exécutées.
Du coup, estime Insight, une large part du budget IT est investi dans les services gérés, soit 32% pour être précis. Par ailleurs, la moitié des répondants estime que leurs tâches journalières peuvent être mieux harmonisées, ce qui permet à un tiers de dégager des ressources IT pour les affecter à des activités liées au métier, alors qu’un autre tiers envisage ainsi de mieux soutenir le BYOD.
Une autre conclusion intéressante concerne la manière dont le département IT est perçu. Alors que Gartner (et d’autres) affirme depuis des années que l’IT est la force motrice de la numérisation et des nouveaux modèles métier, 44% des professionnels de l’IT interrogés par Insight indiquent que leur département est essentiellement perçu comme un centre de coûts. Seuls 12% se considèrent comme un facteur d’innovation et 42% évoquent un mélange des deux. En dépit donc de l’ambition du département IT d’être un initiateur du changement, ce rôle ne semble pas pleinement reconnu par nombre d’entreprises.
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