La force tranquille du stockage
Nous avons testé 5 NAS à usage professionnel pour petites entreprises, acceptant 4 disques au moins.
Les NAS modernes sont évidemment bien autre chose que des centrales de données. Ce sont des serveurs permettant de centraliser toutes sortes de tâches de réseau et dont il est possible d’étendre de manière quasiment illimitée la fonctionnalité au moyen d’applis. Ils hébergent blogs ou sites Web, téléchargent automatiquement des fichiers, effectuent des backups centralisés et virtualisent ordinateurs et applications. Grâce à des mécanismes RAID toujours plus intelligents, il n’y a aucune perte de données en cas de défectuosité d’un disque : il est remplacé sans avoir besoin de désactiver le NAS, et c’est reparti ! Si on combine deux de ces NAS, on crée même à relativement moindre coût un système fail-over automatique. La restauration automatique après sinistre est aussi permise aux travailleurs à domicile et aux petites entreprises, sans que cela exige un gros investissement.
Pour ce test, nous avons demandé aux fabricants de nous fournir des NAS desktop quadri-coeur acceptant quatre à six disques, équipés de ports réseau de deux gigabits au minimum, d’un ou de plusieurs connecteurs USB 3.0 et d’1 Go au moins. Ces NAS conviennent au minimum pour un à vingt-cinq utilisateurs simultanés et sont suffisamment silencieux pour être utilisés dans un espace de travail normal.
Méthode de test
Nous avons eu recours à l’Intel NAS Performance Test (NASPT), qui exécute différents benchmarks orientés applications sur base de plus de 32 Go de données de test réalistes. NASPT comprend douze de ce type de benchmarks d’applications : reproduction HD-Vidéo, reproduction 2x HD, reproduction 4x HD, enregistrement HD-Vidéo, reproduction et enregistrement HD, création de contenu, productivité bureautique, copiage de fichiers sur le NAS, copiage de fichiers du NAS, copiage de dossiers sur le NAS, copiage de dossiers du NAS, et album photos. Là où c’était possible, nous avons combiné deux ports gigabit-ethernet via LACP pour obtenir la vitesse de transfert la plus élevée possible (2 Gbit/s maximum). Le benchmark tournait sur un puissant PC Windows 10 64 bits avec CPU Intel Core i7 et 16 Go de Ram dans un réseau de test autonome intégrant un commutateur gigabit-ethernet ‘géré’ rapide de Lancom. Les NAS vierges, nous les avons testés avec des SSD d’1 To identiques. Avec des HDD, les performances seront quelque peu inférieures. Nous avons converti les résultats NASPT en un score de vitesse pondéré sur 100. De plus, nous avons calculé un score de fonctionnalité sur 100 sur la base de plus de nonante critères différents. Le score de performances final intègre les scores de vitesse et de fonctionnalité comptant chacun pour moitié. Les scores de chaque NAS sont relatifs par rapport aux autres NAS testés. Tous les détails sont repris dans un tableau sur notre site Web. Par manque d’espace, nous n’abordons ici que les points positifs les plus singuliers et éventuellement les points négatifs de chaque appareil. Veuillez consulter le tableur pour connaître tous les détails
Netgear RN424
Ce NAS basé Intel Atom bi-coeur compact noir acceptant quatre disques peut être acheté vide ou plein. Les capacités disponibles sont alors de 12, 16 et 24 To avec, au choix, des pilotes desktop ou enterprise, mais 48 To représentent le maximum possible, si vous le complétez de HDD de 12 To. Nous avons testé le modèle vierge RN42400. Selon Netgear, ce NAS convient pour un maximum de quarante utilisateurs. Comme toujours chez Netgear, la qualité de construction est au top : jusqu’à et y compris les chariots, tout est réalisé en métal robuste. Le couvercle dispose d’un écran LED bilinéaire affichant les informations de statut (notamment l’adresse IP), et de 5 grandes touches-poussoirs de type curseur. Attribuer une adresse IP au NAS dans le réseau peut désormais se faire également via ReadyCLOUD et un navigateur Web. Le programme RAIDAR peut évidemment aussi encore être utilisé, mais uniquement sur un Mac ou un PC.
L’installation des disques s’effectue sans vis, sauf s’il s’agit de modèles de 2,5”. Les nouveaux disques sont formatés par défaut, et sans que vous le pré-choisissiez, en X-RAID2 de Netgear avec expansion automatique et augmentation de volumes au fur et à mesure que vous ajoutez des disques ou que vous remplacez des petits par des grands. Comme système de fichiers, c’est BTRFS qui est utilisé par défaut avec ses mécanismes de sécurités améliorés, tels une fonction antibitrot et des enregistrements momentanés automatiques (snapshots).
Avec ses NAS, Netgear cible surtout le marché professionnel. Le système d’exploitation ReadyNAS basé Linux semble ainsi quelque peu plus classique que celui de certains autres fabricants. Ses possibilités sont cependant tout aussi étendues, si pas plus étoffées. Cette remarque vaut aussi pour l’offre d’applis à installer séparément. ReadyNAS offre non seulement les fonctions utiles pour les travailleurs à domicile, comme le streaming, les backups automatisés, la synchronisation dans les deux sens des données avec des services ‘cloud’ externes, et un nuage personnel convivial (ReadyCLOUD), mais aussi des fonctions professionnelles très étendues. A noter l’excellent support de la virtualisation et d’ISCSI. Ce NAS est par ailleurs certifié Vmware vSphere ESXi 6.0. Ce qui est nouveau, c’est que le firmware se décline désormais en trois variantes : ‘long-term support’, ‘stable’ et ‘bêta’. L’utilisateur choisit lui-même la variante à installer, ce qui s’avère également un plus intéressant dans un environnement d’entreprise.
– Score de performances : 90/100
– Score prix/performances : 89/100
– Prix du modèle testé (HTVA) : 579 ?
Netgear RN626X
Ce NAS basé Intel Xeon quadri-coeur pouvant accueillir 6 disques est le deuxième modèle le plus élevé dans la gamme de NAS desktop de Netgear. Le modèle supérieur, le RN628X, offre de l’espace pour huit disques. Qui plus est, il y a aussi la série rackmount de Netgear offrant jusqu’à soixante emplacements de disque (132 disques à module d’expansion pour 1 Po de capacité de stockage). Mais tous ces modèles font tourner le même système d’exploitation ReadyNAS.
Le RN626X est nettement plus grand que le RN424, mais leur design et leur qualité de fabrication sont identiques. Les chariots métalliques pour un montage simple de HDD de 3,5 pouces sont eux aussi pareils et interchangeables. A l’arrière, le RN626X offre un port USB 3.0 supplémentaire et 2 ports ethernet gigabit en plus. Chez ce modèle plus grand, l’alimentation est simplement intégrée. Le RN626X n’est pour le reste pas plus bruyant que son petit frère et peut parfaitement être utilisé dans un espace de travail normal. Tout cela dépend évidemment aussi du bruit généré par les disques utilisés. Ce NAS peut être acquis vierge ou complété par un maximum de 36 To de disques professionnels. Selon Netgear, il supporte entre quarante et cent-vingt utilisateurs.
Le fonctionnement de machines virtuelles, bases de données et de certains programmes de sauvegarde peut être accéléré via ReadyTIER, un nouveau dispositif dans ReadyNAS 6.9. Les métadonnées du système de fichiers sont ainsi mises en cache sur un SSD-RAID. Cela permet de lire et d’écrire plus rapidement de petits fichiers. Dans le cas d’un NAS pouvant accueillir quatre disques, tel le RN424, cela signifie qu’il faut opter pour RAID0/1 : un RAID à deux HDD et un RAID pour métadonnées à deux SSD. Mais si le NAS est surtout utilisé pour la virtualisation, la possibilité existe en tout cas aussi sur les plus petits modèles de ce fabricant. Selon Netgear, en data tiering, une amélioration IOPS d’un facteur vingt a été observé dans des tests en laboratoire avec des opérations d’écriture séquentielles aléatoires.
– Score de performances : 98/100
– Score prix/performances : 91/100
– Prix du modèle testé (HTVA) : 1.368 ?
Synology DiskStation DS918+
Le DS918+ est un NAS compact à 4 logements, fabriqué en plastique léger, dont l’intérieur est en métal. Selon Synology, il est conçu pour les petites et moyennes entreprises et pour les ‘férus d’IT’. Il est vendu sans aucun ajout. On n’y trouve même pas d’écran LCD, mais uniquement des LED. C’est l’un des NAS les plus silencieux du test et ce, bien qu’il dispose à l’arrière de deux ventilateurs à trois vitesses. En interne, ce NAS est équipé d’un processeur quadri-coeur Intel Celeron capable de transcoder deux flux vidéo de 4K simultanément. Mais si vous voulez utiliser cette possibilité, mieux vaut étendre la mémoire par défaut de 4 Go par un SO-DIMM supplémentaire pour atteindre un total de 8 Go. A la base se trouvent deux petits volets faciles à ouvrir, dissimulant deux logements pour SSD M. 2 NVME 2280. Ceux-ci peuvent être utilisés pour de la mise en cache d’applications de virtualisation ou de base de données par exemple. Le DS918+ est certifié pour diverses solutions de virtualisation, y compris OpenStack.
Le système d’exploitation DSM (DiskStation Manager) basé Linux dispose d’une interface à fenêtres de type desktop. Le fonctionnement se règle selon les besoins. L’interface Web s’avère impeccable avec les navigateurs mobiles, même si Synology possède aussi des dizaines d’applis mobiles pour toutes sortes de fonctions. Outre l’antivirus, on y trouve d’autres options de sécurité, telles AppArmor, qui bloque automatiquement les applis malfaisantes, ou la possibilité de bloquer automatiquement les applis de sources non fiables. De plus, le NAS supporte l’authentification à deux facteurs.
Les disques se configurent par eux-mêmes au moyen du système de gestion Hybrid RAID (SHR) flexible de Synology. BTRFS est le système de fichiers par défaut. Les fonctions ‘cloud’ sont très étendues. Grâce à la Cloud Station Suite, le NAS est accessible à distance de manière sûre. Les informations peuvent être sauvegardées et synchronisées entièrement à l’aide de la gestion des versions intelligente, afin que vous puissiez restaurer un fichier à un moment spécifique. Toutes les informations sont solidement cryptées et compressées. Si l’Internet fait défaut, vous pourrez travailler hors ligne. Tous les changements apportés seront synchronisés, dès que le NAS sera reconnecté à Internet.
Toutes les applis ne sont du reste pas gratuites. La solution e-mail étoffée MailPlus est fournie avec 5 comptes gratuits. Les licences supplémentaires sont valables en permanence, mais après activation, elles ne fonctionnent que sur ce NAS : elles ne peuvent donc pas être migrées. Si vous configurez un ‘high-availability cluster’ à plusieurs NAS Synology, chaque grappe (cluster) sera accompagnée de dix comptes e-mail gratuits. Vous devrez également payer un petit montant pour l’accès exFAT. Et si vous voulez passer de l’antivirus basic de Synology vers la variante McAfee plus étendue, cela vous coûtera aussi de l’argent.
Une nouveauté : Synology C2 Backup, un service de sauvegarde dans le nuage crypté AES-256 conçu spécialement pour les NAS de ce fabricant, qui fonctionne avec l’appli Hyper Backup. Les centres de données se trouvent à Francfort et respectent donc les règles de confidentialité de l’UE. Les prix HTVA démarrent à 9,99 ?/an pour 100 Go et vont jusqu’à 69,99 ?/an pour 1 To, avec déduplication des données. Un seul compte Synology peut utiliser C2 Backup avec plusieurs NAS, pour autant qu’ils exploitent le même compte. Les prix nous paraissent corrects en comparaison avec beaucoup d’autres services de sauvegarde dans le nuage que vous pourrez également utiliser via Hyper Backup.
– Score de performances : 94/100
– Score performances/prix : 93/100
– Prix du modèle testé (HTVA) : 454 ?
Thecus N5810Pro
Le Thecus N5810Pro noir et robuste est de fabrication entièrement métallique. Il offre de l’espace pour 5 disques SATA3, que vous fixerez dans les chariots métalliques à fermeture à clé. Il est entraîné par un processeur Intel Celeron J1900 CPU quadri-coeur et possède 4 Go de RAM extensibles à 8 Go. Il ne manque pas de ports. On y trouve en effet pas moins de 5 ports gigabit-ethernet, mais aussi des ports HDMI, S/PDIF, USB 2.0 et USB 3.0 (dont un en façade). Autre particularité : le miniUPS incorporé qui veille à ce que le NAS s’arrête correctement en cas de panne de courant. Les UPS réseau et USB sont aussi supportés. La batterie compacte pour la fonction UPS est fournie séparément. Vous l’installerez vous-même dans un logement conçu à cet effet à l’arrière. En cas de panne de courant, un bip se fera entendre, et un avertissement s’affichera. En fonction de la fréquence d’utilisation de la batterie, vous devrez la remplacer chaque année ou plus. Le NAS fonctionne par ailleurs aussi sans ce miniUPS.
Le ThecusOS basé Linux en est à sa version 7 et conserve son interface classique pilotée par menu. Il semble quelque peu plus désuet, mais aussi plus sérieux que la plupart de ses concurrents. Sa fonctionnalité est très étendue. Empilage de serveurs NAS, sécurité, intégration de répertoires, accès au nuage et virtualisation : tout cela est possible. Le N5810Pro dispose d’origine d’une adresse IP fixe. Elle est visible, en même temps que d’autres informations de statut, sur l’affichage LCD bilinéaire. Pour l’utiliser, il convient de placer le PC d’installation dans le même réseau que celui du NAS, ou d’utiliser le Thecus Setup Wizard pour Windows. Une version OEM d’Acronis True Image est disponible en téléchargement. Il s’agit du NAS le plus silencieux du test et ce, tant au démarrage qu’en fonctionnement. La gamme d’applis est très étoffée.
– Score de performances : 94/100
– Score prix/performances : 98/100
– Prix du modèle testé (HTVA) : 676 ?
WD My Cloud Pro PR4100
Ce NAS compact acceptant 4 disques dispose d’un châssis en métal. Il est vendu vierge ou avec une capacité de 8 à 40 To pré-complétée par des disques durs WD Red NAS. Nous l’avons testé à vide avec des SSD, afin d’établir une comparaison correcte avec les autres NAS, mais en principe, le PR4100 n’accepte que des disques SATA de 3,5”. Les tiroirs à disque sont en effet montés d’origine : il suffit d’ouvrir le clapet de chaque logement pour y glisser le disque dur de 3,5” jusqu’à ce qu’il se clique en place. Un mécanisme à ressort permet de le retirer. En chipotant un peu, nous avons réussi à y introduire néanmoins nos SSD de test de 2,5”, mais tel n’est clairement pas le but. Le PR4100 utilise un processeur Intel Pentium N3710 quadri-coeur et 4 Go de RAM que vous ne pourrez officiellement pas étendre. Selon le manuel, vous pourrez cependant remplacer le SO-DIMM par un exemplaire doté d’une capacité de mémoire supérieure. Les messages de statut apparaissent sur l’écran LED bilinéaire. Vous y trouverez par exemple rapidement l’adresse IP allouée. Ce NAS dispose de deux connecteurs pour alimentations externes, mais une seule d’entre elles est fournie d’origine.
Le WD My Cloud OS 3 basé Linux se distingue par sa simplicité et sa convivialité. Pour les débutants, il s’agit du NAS le plus facile à utiliser, tout en offrant néanmoins l’ensemble des possibilités sophistiquées qu’on peut attendre d’un NAS, comme l’accès Internet sécurisé via WD My Cloud, la synchronisation de fichiers via WD Sync, les sauvegardes via WD SmartWare Pro, Apple Time Machine et Acronis Trueimage, le streaming à transcodage vidéo via le serveur de médias Plex, la surveillance par caméras via Milestone Arcus, la répartition des charges des deux ports gigabit-ethernet, le verrouillage matériel de volumes RAID, et la possibilité d’étendre ou de modifier le volume RAID en ligne (donc sans devoir désactiver l’appareil).
La gamme d’applis est plus étoffée qu’à l’époque où nous avions testé ce NAS pour la première fois, mais elle reste limitée par rapport à celles des autres fabricants. Ce NAS est cependant officiellement certifié pour l’Adobe Creative Cloud. Avec l’appli mobile My Cloud, vous transférerez rapidement des médias à partir du PR4100 vers le Creative Cloud, afin de traiter et stocker des fichiers au départ de n’importe quel emplacement voulu.
– Score de performances : 85/100
– Score prix/performances : 91/100
– Prix du modèle testé (HTVA) : 425 ?
Conclusion
Les NAS testés s’avèrent bons à très bons au niveau de leurs performances. Si on les complète par des disques durs WD Red NAS de 3 To et qu’on calcule ensuite le prix de stockage par logement et par téraoctet effectivement disponible en RAID5, ils diffèrent à peine sur le plan financier. Sur cette base, c’est le Thecus N5810Pro qui se révèle le plus économique (29 ?) et ce sont les deux NAS Netgear qui sont les plus coûteux (34 à 35 ?). Les divergences résident en fait surtout dans la qualité de fabrication et dans le système d’exploitation. Le Netgear ReadyNAS RN626X est le NAS le plus puissant et le plus étendu du test, mais il n’est pas par hasard le plus onéreux. Le Thecus N5810Pro en offre le plus pour son prix, mais son avance sur les autres n’est pas très grande.
Sur notre site Web, vous trouverez un tableur reprenant les informations détaillées sur les produits et les scores du test.
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