Filip Michiels: “Rien ne sera plus jamais comme avant”

Filip Michiels. © Leyla Hesna
Filip Michiels Filip Michiels est CIO de TUI et lauréat du CIO of the Year 2019.

Au moment où vous lirez ces lignes, j’aurai remis le flambeau du ‘CIO of the year’ à Guido Lemeire. Toutes mes félicitations donc à Guido en lui souhaitant le meilleur pour l’année à venir.

Au moment où vous lirez ces lignes, j’aurai remis le flambeau du ‘CIO of the year’ à Guido Lemeire. Toutes mes félicitations donc à Guido en lui souhaitant le meilleur pour l’année à venir.

Lorsque le jury m’a remis le prix l’an dernier, il a notamment motivé son choix en expliquant que le secteur du voyage dans lequel je suis actif est ” plus que jamais en mouvement et où la numérisation représente d’une part une menace importante, tout en présentant d’autre part une opportunité majeure. ”

Durant cette soirée à l’Event Lounge de Bruxelles, nous n’avions aucune idée des défis auxquels nous allions devoir faire face dans les mois à venir. Au cours des 7 années durant lesquelles j’ai été actif dans le monde du voyage, j’ai appris une chose: chaque année connaît sa crise. Ce secteur est extrêmement volatil et soumis à la grande majorité des événements que subit le monde, qu’il s’agisse de catastrophes naturelles, de terrorisme, de crises économiques, de changements climatiques ou de championnats de football. Presque tout impacte le comportement de voyage.

C’est pour cette raison que nous étions raisonnablement optimistes au début du premier confinement en mars. Non seulement notre entreprise était préparée au télétravail, mais nous pensions que la Covid-19 aurait disparu en quelques semaines. Notre métier a réduit assez rapidement la voilure pour limiter les dépenses dans l’attente d’une reprise. J’ai vu bon nombre de mes présentations sur le ‘CIO of the year’ être annulées ou remplacées par des sessions en ligne. J’ai fait preuve d’empathie pour mes collègues travaillant dans des entreprises qui étaient moins bien préparées tout en constatant que des efforts importants ont rapidement été faits. De même, j’ai senti la maturité grandir, de même que l’utilité de réunions en ligne souvent mises sur pied à la hâte. Mon épouse, dont l’activité secondaire consiste à bâtir des sites Web et des boutiques en-ligne, a saisi l’occasion d’aider plusieurs commerçants locaux amis afin de leur permettre de lancer rapidement leur activité sur Internet. Mais encore, je n’avais jamais vu sur son appli de sport favorite autant de messages signalant que quelqu’un parmi ses contacts s’était enregistré. Preuve donc du coup d’accélération manifeste donné à la numérisation dans la vie de tout un chacun.

Le numérique est la nouvelle normalité et l’expérience physique deviendra un luxe.

Pour quelqu’un habitué à voyager chaque semaine des centaines de kilomètres en Europe, la vie a soudainement pris une tournure totalement différente. Fini de courir d’une ville à l’autre – pourquoi d’ailleurs ne faisons-nous? Depuis mars, je me suis rendu 5 fois au bureau. Mais peu à peu, le monde numérique a montré ses limites. Se retrouver chaque jour à la même place derrière le même écran et sur la même chaise crée un certain isolement. Durant l’été, j’ai même dû prendre rendez-vous chez mon ophtalmologue car ma vue avait rapidement baissé en raison du travail sur écran – à moins que l’approche de mon 50e anniversaire n’en soit la cause?

Alors que le monde du voyage et d’autres secteurs encore encaissaient le coup, d’autres branches ont lancé de nouveaux modèles commerciaux. Comme quoi une crise peut avoir du bon… Voici un an, je n’aurais guère apprécié en tant que mélomane de suivre un concert en direct par diffusion vidéo, je suis désormais moins catégorique, certes faute de mieux. Mais d’autres secteurs ont également déployé de nouveaux modèles supportés par le numérique et je suis convaincu que ceux-ci subsisteront après la crise, qu’ils remplacent ou complémentent les activités qui existaient auparavant.

Le numérique est la nouvelle normalité et l’expérience physique deviendra un luxe. Je suis convaincu que l’accélération numérique à laquelle nous assistons, tant dans la vie privée que le milieu professionnel, aura à ce point bouleversé les choses qu’un retour en arrière est impossible. Rien ne sera plus jamais comme avant.

Le nouveau CIO of the year sera lui aussi confronté à des défis intéressants. La mobilité était déjà un thème prioritaire avant la crise du coronavirus, mais connaîtra encore plusieurs changements profonds et durables. Tu as du pain sur la planche, Guido, et je te souhaite beaucoup de succès, en n’oubliant pas de profiter de cette belle récompense.

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