Facebook est-elle vraiment ‘too big to fail’?
L’image a fait le tour du monde: le grand patron de Facebook, Mark Zuckerberg, assis face à la Commission du Sénat, entouré d’une nuée de photographes qui laissaient peu de place aux 44 sénateurs américains qui souhaitaient l’entendre sur l’utilisation par Facebook de données privées et sur le scandale Cambridge Analytica.
L’image a fait le tour du monde : le grand patron de Facebook, Mark Zuckerberg, assis face à la Commission du Sénat, entouré d’une nuée de photographes qui laissaient peu de place aux 44 sénateurs américains qui souhaitaient l’entendre sur l’utilisation par Facebook de données privées et sur le scandale Cambridge Analytica. Le contraste était flagrant par rapport à l’autre image iconique, celle de Zuckerberg pénétrant voici 2 ans dans une salle du Mobile World Congress, accueilli par des centaines de personnes surprises, arborant un casque de réalité virtuelle de Samsung. Le héros omniscient venu saluer une foule connectée, telle était l’image de l’époque.
Mais désormais, ce héros est contraint d’expliquer à Washington pourquoi et comment il a floué ses troupes. Il promet de remettre de l’ordre dans la bergerie et de ne plus tondre ses moutons que lui-même, tout en faisant de son mieux pour convaincre chacun qu’il est encore le meilleur guide du troupeau.
Les investisseurs ont réagi positivement et l’action Facebook a repris son ascension. Si un coup fatal est porté à Facebook, ce ne sera provisoirement pas de la part des investisseurs. Du législateur alors ? Il semble rien moins que logique de voir le législateur américain voter (enfin) une loi sur la protection des données personnelles et sur la vie privée, à l’instar du RGPD européen qui entrera en vigueur le 25 mai – et qui, précisons-le, s’applique aussi aux prestataires de services comme Facebook. Reste qu’il est très peu probable que la législation américaine se montre extrêmement contraignante. Car en dépit du scandale des données, les Etats-Unis restent fiers de ‘leur’ réseau social qui étend ses tentacules à l’Europe. Non, les pouvoirs publics ne vont pas miner Facebook.
L’utilisateur moyen préfère continuer à liker et à partager. Pourtant, si Facebook devait succomber, le coup fatal viendrait de la base.
Si Facebook devait succomber, le coup fatal viendrait de la base. Facebook a connu le succès grâce à ses utilisateurs. Ce qui a intéressé directement les annonceurs. La stratégie de croissance de Facebook a toujours été guidée par ce seul objectif : veiller à ce que les utilisateurs n’abandonnent pas le réseau en leur offrant toujours de nouvelles possibilités, voire en les imposant. Et s’efforcer que les annonceurs se voient proposer toujours davantage de fonctions pour lancer des campagnes ciblées. Honnêtement, Zuck a bien fait les choses : déployer une nouvelle plate-forme, faciliter le login sur des sites externes, prévoir des trackers et des cookies, lancer le fameux pixel invisible et, si nécessaire, simplement racheter la concurrence – songez à WhatsApp ou Instagram. Zuckerberg est tout bonnement parvenu à faire de Facebook un incontournable de la vie sociale des citoyens.
Certes, pour chaque fonction qu’offre Facebook, il existe des alternatives plus sécurisées et plus performantes. Mais l’utilisateur moyen n’en a cure : tant que ce scandale des données ne le touche pas personnellement, il n’envisage pas de remise en cause, préférant continuer à liker et à partager à tout va. A moins que vous ne connaissiez des proches qui vont fermer leur compte Facebook ? Tant que tout le monde va encore au café Facebook, pourquoi aller seul boire des verres au Telegram ?
Pourtant, si le mouton de Panurge n’était plus l’exemple à suivre ? D’où cette question : Facebook est-elle vraiment ‘too big to fail’ ?
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