Commandé en Belgique, fabriqué en Turquie
Une entreprise belge d’externalisation entend offrir le meilleur des deux mondes: la conception d’un projet dans notre pays et le travail de développement en Turquie. De quoi rendre l’outsourcing financièrement abordable pour les start-up et les PME.
TeamingUp est issue de la galaxie Cronos et est désormais dirigée par Alperen Ünlü. Celui-ci est pour l’instant le seul Belge de l’équipe, mais il est assisté par quelque 200 développeurs situés à quelques milliers de km. Alperen Ünlü : ” C’est en septembre de l’an dernier que nous avons rencontré pour la première fois notre partenaire turc. Celui-ci est présent depuis 10 ans sur le marché local et veut désormais aussi attaquer le marché belge. Entre-temps, nous sommes aussi en négociations avec un partenaire potentiel au Portugal, sans que les discussions soient très avancées. On constate une évolution sur le marché : du fait de la crise bancaire, de nombreuses personnes se sont recyclées, ce qui rend les pays d’Europe du sud plus attractifs au niveau des développements IT. ”
Je comprends qu’une start-up ou une PME sans expérience puisse difficilement dire : ‘voici l’argent, développez notre idée.’
L’idée sous-jacente de TeamingUp est que, si les grandes entreprises peuvent facilement contacter un outsourceur de taille, les plus petits acteurs n’en ont pas les moyens. ” Il est toujours dommage qu’une société ayant un projet potentiellement intéressant ne puisse le réaliser pour des questions budgétaires. Je connais personnellement les sensibilités liées au nearshore et à l’offshore et je comprends qu’une start-up ou une PME sans expérience puisse difficilement dire : ‘voici l’argent, développez notre idée.’ J’ai notamment mis en place pour une grande banque un centre de développement Java en Roumanie, je connais les pièges et je peux mettre cette expérience au service de TeamUp et de ses clients. ”
Cette expérience de l’externalisation ne doit pas être sous-estimée. En effet, une enquête menée en 2017 par Whitelane Research sur l’outsourcing indique que le succès d’un projet dépend souvent du degré d’expérience de l’entreprise en matière d’externalisation. ” En outre, les compétences IT belges ne sont pas bon marché, tandis qu’il y a une forte pénurie de talents. Le volume des développements actuels en Europe de l’Est et en Inde pour le marché belge est incroyable. De nombreuses banques choisissent cette option faute de possibilités en Belgique. ”
Bodyshopping local
Au-delà des développements à distance, l’entreprise d’Ünlü entend également proposer du détachement de personnel IT turc. ” Actuellement, nous sommes en train d’interviewer deux devops à Istanbul dans le cadre d’un futur projet, après un premier contact par Skype. Si tout va bien, nous entamerons alors les démarches administratives pour régler les permis de travail. ” Dans le cadre du nearshore, la Belgique songe souvent à des pays comme la Roumanie. Mais il ne faudrait pas négliger la Turquie, selon Ünlü. ” La Roumanie compte près de 20 millions d’habitants, la Turquie quelque 80 millions. Le potentiel est donc nettement supérieur. D’ailleurs, les entreprises européennes ont découvert le marché turc depuis longtemps déjà, avec des entreprises comme Atos ou des banques telles qu’ING, BNP Paribas Fortis ou Axa. ”
Le volume des développements actuels en Europe de l’Est et en Inde pour le marché belge est incroyable. De nombreuses banques choisissent cette option faute de possibilités en Belgique.
Et Alperen Ünlü de poursuivre : ” Nous voulons offrir le meilleur des deux mondes, nearshore et onshore, grâce à un contact étroit avec le client dans sa propre langue sur des sujets comme l’expérience utilisateur, l’interface, l’analyse fonctionnelle et technique, etc. Sachant que l’essentiel du travail de développement est du codage pur où le client n’est que peu concerné. Nous avons choisi une région où il est facile de trouver du personnel, lequel est en outre financièrement intéressant. ”
Cela étant, Ünlü se refuse à évoquer la taille des projets sur lesquels travaille TeamingUp. ” En principe, il n’y a pas de limite “, même si des entreprises comme Tata Consultancy Services ou Infosys ne sont pas considérées comme des concurrents. ” Elles sont dans une autre catégorie que nous ne concurrençons pas. Nous regardons plutôt les sociétés qui veulent franchir le pas de l’outsourcing. Nous entendons leur permettre de réussir dans cette approche en assumant les risques. ”
Culture turque vs indienne
Mais Ünlü considère que les développements en Turquie présentent d’autres avantages par rapport à l’Inde. ” Le décalage horaire est nettement plus important avec l’Inde, ce qui complique la communication. De même, la différence de culture est nettement plus grande avec l’Inde. Les grands outsourceurs l’ont d’ailleurs bien compris et envoient souvent des Indiens chez nous pour améliorer la collaboration. ”
Est-ce nécessaire lorsqu’il est question de codage pur et dur ? Ünlü : ” Vous savez, il ne faut pas laisser trop de place à l’interprétation. Tout est souvent une question de nuances. Si vous parlez en Belgique à un développeur de ‘bonnes pratiques’ ou de ‘conventions de codage’, ces notions sont connues ou tout au moins seront approfondies au besoin. Mais mon expérience de la culture indienne me dit que les personnes ne sont pas vite disposées à admettre qu’elles ne connaissent pas le sujet. Ici, le développeur reconnaîtra vite qu’il ne comprend pas ou qu’il n’y arrive pas. Mais en Inde, le développeur s’obstinera, au risque d’échouer. A ce niveau, l’Europe de l’Est et la Turquie sont plus proches de notre culture que l’Inde, la Chine ou l’Indonésie. ”
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