Chouchouté, mais toujours plus sous pression au travail
L’informaticien moyen est satisfait à juste titre de son enveloppe salariale totale au vu des nombreux avantages extralégaux offerts. Mais le revers de la médaille est plus sombre: la pression au travail est un problème toujours plus inquiétant.
Comme de tradition chaque année, nous vous avons aussi interrogé dans notre enquête Salaires sur votre salaire mensuel brut, ou plutôt d’indiquer la fourchette précise. Nous ne publierons pas une répartition détaillée par catégorie de fonction dans la mesure où notre analyse a montré que la diversité des métiers parmi les répondants était trop forte pour permettre d’obtenir des chiffres statistiquement fiables et avec suffisamment d’écart pour chaque fonction. Le tableau des salaires et des pourcentages indique par ailleurs que les écarts entre salaires sont importants. Si l’on prend un peu de hauteur, on constate que 39% gagnent moins de 5.000 a par mois. Par ailleurs, 36% des répondants gagnent entre 5.000 et 7.000 a par mois, alors que 23% de ‘happy few’ ont une rémunération située entre 7.000 et plus de 10.000 a par mois. Impossible de tirer ici de grandes conclusions, sinon que les rémunérations dans le secteur ICT sont globalement bonnes. Il suffit d’ailleurs de regarder le taux de satisfaction des répondants à propos de leur salaire.
Enveloppe salariale modulaire
L’enveloppe salariale de 55% des informaticiens de l’enquête est constitué de manière modulaire, mais avec cette nuance importante que 9% seulement ont pu déterminer eux-mêmes le contenu de cette enveloppe. 24% n’ont absolument aucune prise sur cette composition, alors que 21% précisent avoir pu ‘contribuer de manière limitée à la composition de l’enveloppe’. Les entreprises qui n’offrent pas encore d’enveloppe salariale modulaire auraient en outre intérêt à réfléchir à cette réponse: ‘non, mais cela me paraît intéressant’, répondent plus de 31%.
La liste des avantages extralégaux proposés à l’informaticien apparaît comme particulièrement longue. Certains de ces avantages sont presque proposés de manière standard, comme une assurance hospitalisation (80%), des chèques-repas (74%), un ordinateur portable (73%) et une assurance groupe (73%). De même, une voiture de société (64%) et une carte carburant (62%) font souvent partie des avantages offerts, tout comme un smartphone (64%).
Moins omniprésents, mais néanmoins souvent proposés: un bonus (38%) ou pour certains une prime ponctuelle (22%). Cela dit, un avantage que nous aurions pensé être davantage proposé est un vélo électrique: seuls 5% des employeurs le mettent à disposition. Même si cet avantage peut certes est présent dans un plan cafétéria par l’employeur: dans ce cas, le pécule de vacances et le 13e mois peuvent être (partiellement) échangés pour financer l’achat d’un vélo électrique. Plus de 25% de l’ensemble des répondants précisent que leur entreprise propose un plan cafétéria.
Le paiement en droits d’auteur reste limité
En bas de tableau, on remarquera que 6% seulement sont rémunérés en partie sous forme de droits d’auteur, un régime fiscal avantageux pour une partie du salaire, par exemple si l’employé est programmeur et ‘écrit’ du code. Mais ce régime est interprété de manière plus large par certaines entreprises. Dès lors, le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) a intégré ce régime des droits d’auteur dans son plan contre la fraude. Le ministre a précisé qu’il entendait s’attaquer aux abus, notamment dans le secteur IT.
La pression au travail en forte hausse
L’analyse de l’enveloppe salariale attractive et ses nombreux avantages laisse néanmoins apparaître un volet nettement plus sombre, à savoir l’augmentation de la pression au travail. Ainsi, 51% affirment avoir parfois connu des problèmes de pression, tandis que 28% – soit donc près de 1 sur 3 – sont régulièrement confrontés à cette pression au travail. Et pour 9%, il s’agit même d’un problème permanent. A peine 12% disent n’avoir aucune difficulté de pression au travail.
Ce qui est plus inquiétant encore, c’est que la situation empire d’année en année. Et augmente même de manière dramatique en cette année de coronavirus. Pour 31% des répondants en effet, la pression au travail est aujourd’hui plus forte qu’avant la crise du Covid-19. Par ailleurs, 60% ne constate aucune différence à ce niveau, tandis que les 9% restants constatent désormais une pression moins forte qu’avant le coronavirus.
Bref, des chiffres dramatiques pour un secteur qui est florissant et est sorti financièrement renforcé de la crise. Le risque de burn out par exemple consécutif à cette pression accrue est donc grand. Ainsi, 61% déclarent que le burn out est régulièrement présent dans leur entreprise. On pourrait donc s’attendre à ce que ce thème soit pris au sérieux dans les organisations et que la prévention ainsi qu’une politique de bien-être soient mis en place. Si notre enquête Salaires devait mettre en lu- mière un seul élément, ce serait que ces questions ne sont abordées que de manière très timide. Sur la base des réponses des participants, on constate que 39% seulement des entreprises ont une politique spécifique en matière de burn out. Et une politique de bien-être pour éviter et réduire le stress au bureau? Seuls 39% des employeurs précisent avoir une telle politique. Les résultats de notre enquête prouvent pourtant qu’il y a urgence.
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