Best of: voici à quoi ressemble la 5G en Belgique
Les licences 5G ont finalement été distribuées avec un peu de retard en 2022. Les acteurs en place peuvent déployer leur réseau, et Citymesh Mobile devient le tout nouvel opérateur national, avec le soutien d’un acteur roumain. Retour sur ce que nous avons appris cette année.
Juste avant l’été, la fumée blanche s’est échappée des fenêtres du bâtiment de l’IBPT. La mise aux enchères de la 5G belge était clôturée et 5 opérateurs ont acheté du spectre radio pour offrir la 5G au cours des prochaines années. Les 3 premiers sont bien connus: Proximus, Orange et Telenet. Le 4e acteur, pas vraiment une surprise, est Citymesh Mobile qui, à l’étonnement général, s’est associée à la roumaine Digi Communications. Enfin, NRB a également acquis du spectre, mais sans réel projet de déploiement d’un réseau national générique. Comment les cartes se répartissent-elles vraiment?
Projets industriels chez NRB
NRB a acheté un bloc de 20 MHz dans la bande de 3.600 MHz et est dès lors le plus petit acquéreur de ces enchères de spectre. Elle a versé pour ce faire un peu moins de 11 millions ?. Le groupe ICT entend exploiter ce spectre surtout pour des applications industrielles. Ne vous attendez donc pas à voir un opérateur ou un réseau NRB, mais l’entreprise pourra déployer des réseaux 5G privés auprès de clients avec son propre spectre.
Citymesh Mobile
Mais tous les regards sont surtout tournés vers Citymesh. Durant de nombreuses années, l’entreprise de Mitch De Geest était la seule à disposer d’une fréquence 5G pour applications professionnelles. Cette expérience en appelait d’autres et s’est muée en une volonté de devenir le 4e opérateur national. Elle s’est alors associée au grand groupe Cegeka qui nourrissait les mêmes ambitions. Au départ, ces ambitions étaient surtout cantonnées au marché professionnel, mais l’an dernier, les deux partenaires ont annoncé clairement leur volonté de se positionner comme un 4e opérateur à part entière, et donc aussi sur le marché grand public.
Et à la mi-2022, une construction relativement créative faisait son apparition sur le marché: Citymesh, désormais filiale de Cegeka, s’associait pour la 4e licence à Digi Communications, une entreprise roumaine d’ores et déjà active en Hongrie, en Espagne et en Italie, tout en ayant également acheté du spectre au Portugal l’année dernière. Ensemble, elles ont acheté du spectre sous la co-entreprise Citymesh Mobile, tandis que Digi – sous son propre nom ou pas – deviendra l’opérateur pour le marché grand public. Pour sa part, Citymesh assumera l’exploitation B2B.
Quant à savoir quand Digi présentera une offre belge, la réponse reste vague. L’entreprise ne communique d’ailleurs que très peu. Pourtant, le quotidien De Tijd a appris à l’occasion d’une conférence téléphonique de la maison-mère que le CEO ne prévoyait pas de générer du chiffre d’affaires dès 2023 dans notre pays. Ce qui semble indiquer que le véritable lancement n’interviendra qu’en 2024.
Cela fait pas mal de temps déjà que l’on évoque les enchères 5G, mais ce sont surtout les fréquences de 700 MHz et 3.600 MHz qui sont idéales pour la 5G. Actuellement, les bandes de 900, 1.800 et 2.100 MHz sont surtout utilisées pour la 2G, la 3G et la 4G. Reste que c’est très relatif en fonction de l’application. C’est ainsi que ces dernières années, les opérateurs utilisaient déjà le spectre 3G pour offrir de la 5G, même si ce n’était pas au débit réellement possible pour la 5G. Globalement, on peut s’attendre à voir cette situation perdurer, certainement à mesure que le nombre d’appareils sur la 5G augmentera et que les appareils 3G et 4G-only encombreront moins ces fréquences.
Telenet en appel
Les 3 autres propriétaires de spectre 5G sont connus de longue date. En effet, Telenet, Proximus et Orange couvriront le territoire mobile au cours des prochaines décennies et ont pour ce faire largement mis la main au portefeuille.
Telenet n’est d’ailleurs pas vraiment satisfaite de la manière dont les enchères se sont déroulées et ont entre-temps entamé une procédure devant le Conseil d’Etat et la Cour d’appel de Bruxelles. L’entreprise estime que le fait que le spectre ait été libéré pour un 4e opérateur viole les règles du jeu européennes. Il n’empêche que la même approche a été adoptée pour les acteurs existants, dont Telenet, ce qui leur a permis de continuer à assumer le service actuel.
Les enchères du spectre ont rapporté dans un premier temps quelque 1,2 milliard ?, soit nettement plus que les premières estimations. Peu de temps après, la bande de 1.400 MHz a également été mise aux enchères, pour laquelle seuls les 3 opérateurs actuels ont pu obtenir un bloc de spectre, ce qui a porté les enchères totales à 1.418.732.400 ?. Cette dernière fréquence est surtout considérée comme une sorte de bande de réserve pour de la capacité de téléchargement supplémentaire.
Proximus paie le plus
Ce qui frappe particulièrement dans ce dossier, c’est le montant investi par Proximus. C’est ainsi que dans la bande 1.800 MHz, l’entreprise a acheté le spectre 25 MHz (contre 20 MHz pour Telenet et 15 MHz pour les 2 autres acteurs) et a payé en proportion nettement plus. De même, dans d’autres bandes, il est surprenant que Proximus ait acquis la plupart du spectre. Au total, l’entreprise a dépensé 599,96 millions ?, soit plus de 40% de l’ensemble des enchères.
Inversement, Citymesh Mobile est dans la situation contraire. Ce qui n’est pas illogique dans la mesure où le plus grand opérateur a besoin du spectre le plus large pour proposer une offre qualitative à ses clients, alors que le plus petit opérateur doit encore prendre pied sur le marché et qu’il lui faudra quelques années encore avant de disposer d’un véritable portefeuille de clients (et d’une consommation).
Il est intéressant de noter que Citymesh avait conclu en 2020, donc bien avant les enchères, un accord de MVNO sur le réseau de Proximus. Ce nouveau acteur ne doit donc pas offrir d’emblée un réseau à couverture nationale puisqu’il peut s’appuyer encore un certain temps sur le réseau de l’un de ses concurrents. Cette réalité vaut également au plan législatif puisque Citymesh Mobile dispose de quelques années pour construire un réseau capable de couvrir 20% de la population (en pratique, cette couverture est possible en étant présent dans quelques grandes villes). Pour le reste de la couverture, elle peut s’en remettre à l’itinérance, en l’occurrence le recours à un réseau concurrent.
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